Ambition du maintien, situation économique, difficultés sur le terrain et avenir du CRMHB, les sujets ne manquent pas pour le président Stéphane Clémenceau pour débuter ce printemps 2021. Si l’avenir reste incertain et difficile à dessiner avec précision, l’optimisme semble néanmoins quelque peu revenu. Il en faudra pour des lendemains incertains, tant à Cesson que pour le hand français !
Au lendemain de la première victoire en 2021 obtenue à Tremblay, êtes-vous un président soulagé ?
Soulagé oui, en partie, car j’ai retrouvé certaines valeurs sur ce match, un état d’esprit et surtout, un groupe qui n’a pas lâché et qui a su, cette fois-ci, surmonter ses lacunes des matchs précédents en surmontant son temps faible. Cela fait du bien, évidemment, car nous étions sur une terrible série en 2021 et la confiance était mise à mal mais il reste du boulot pour valider notre maintien sur le terrain. En cas d’égalité, nous serions désormais devant Tremblay, ce n’est pas négligeable mais il reste du travail pour s’assurer une fin de saison respirable.
Les équipes classées derrière vous remontent et prennent des points, l’urgence de point était là. Etes-vous optimiste pour la suite ?
Je pense que deux à trois victoires supplémentaires devraient suffirent pour un maintien que j’imagine à 14 points. Après, évidemment, si nous pouvons terminer avec plus de points, nous n’allons surtout pas nous en priver. Il reste douze matchs, nous allons les aborder comme des finales, sans arrière-pensées, avec la volonté de regarder droit dans les yeux tous nos adversaires. Je veux que l’on arrête de se considérer comme les petits de Lidl Starligue. Même si c’est vrai en termes de budget, nous possédons une salle magnifique, des installations de premier plan et une histoire à ce niveau. Soyons-en fiers et continuons de grandir, sans complexe !
Nous avons parfois l’impression que le club, dans son ensemble, « coche » trop ses matchs, part parfois vaincu contre des adversaires finalement jouables. Est-ce aussi votre sensation ?
C’est un peu vrai et c’est un axe important du travail que nous entreprenons actuellement sur le plan mental. A commencer par nous, les dirigeants. désormais, il ne faut plus se satisfaire de ne perdre que d’un but d’écart à Saint-raphaël ou contre Aix car ces matchs, nous pouvions les gagner ! Il n’y a pas que contre les équipes du bas de tableau qu’il faut s’autoriser à prendre des points, nous devons croquer dedans et cela passe par le message que nous envoyons pour commencer d’en haut. Toulouse, dunkerque, Chambéry ou nîmes sont des formations que l’on doit affronter avec la conviction de gagner. nous le pouvons ! Tout le monde peut bouger tout le monde.Cette année, nous avons su ramener un point de Montpellier alors qu’il nous manquait romaric Guillo, romain briffe et Youenn Cardinal. Les qualités, nous les avons, je n’ai aucun doute là-dessus. La condition physique, elle aussi, est là. notre boulot le plus important à abattre est mental, il faut insuffler de la confiance et de l’estime à ce groupe, qui a les qualités pour bien faire.
Quels sont les actions possibles pour améliorer ce mental que vous évoquez ?
nous avons beaucoup discuté, échangé avec le groupe, le staff. Après concertation, et dans le souhait commun de sortir ensemble de notre spirale négative, nous sommes arrivés à la conclusion d’un mal dans les têtes. A chaque match, après un quart d’heure en seconde période, nous perdions pied, tout en perdant notre avance ou le contact au score. une fois ce postulat acté, nous avons choisi de faire appel à un préparateur mental extérieur, qui vient nous apporter ses compétences et son travail pour nous faire avancer. dans le même optique, toujours de concert avec le staff, j’ai proposé d’intégrer Nicolas Lemonne sur le banc les jours de matchs et en semaine aux entraînements.
Pourquoi ce choix ? Le coach était-il trop esseulé à votre goût ?
Sébastien Leriche garde l’intégralité de notre confiance, il est l’homme de la situation et progresse, apprend et découvre aussi, pour la première fois de sa carrière, la Lidl Starligue et aussi, des difficultés. Il va en sortir plus fort ! Il est de mon rôle de président, de notre rôle de dirigeants, de le mettre dans les meilleures dispositions pour réussir. C’est en ce sens que nous avons proposé d’intégrer nicolas. « nico », pour ceux qui l’ont connu joueur, c’est un compétiteur hors-pair, un caractère énorme, quelqu’un qui vous dit les choses quand il doit vous les dire, ce toujours pour le bien de l’équipe. Si un gars marche sur le terrain, il saura le bouger… Sébastien ne peut pas être partout, a un rôle de coach qui doit parfois être dans le consensus. Nicolas va le libérer d’une partie de la gestion humaine qui vous prend le temps et la tête. hors de question pour lui de donner son avis sur les choix de joueurs ou tactiques. Son rôle sera celui du grand frère, celui qui réconforte comme celui du « gueulard ». de plus, son passage ici comme gardien puis son retour ici permet un lien entre le club et ses composantes. Il a les codes et les valeurs du CRMHB, et sera aussi un vrai relais entre l’administratif, les dirigeants et le sportif.
Côté terrain, êtes-vous satisfait de la saison réalisée par vos joueurs ? Etes-vous aujourd’hui à votre place ou avez-vous beaucoup de regrets ?
Il ne faut pas raconter n’importe quoi, nous sommes à notre place. Celle d’une équipe moyenne, capable de jolis coups, mais aussi de gros loupés, qui doit continuer d’apprendre et de progresser dans la constance. Par contre, en aucun cas, nous ne sommes une formation dépassée ou pas au niveau de la LSL. Avec un effectif au complet et sans des coups du sort sur certains matchs, nous serions un peu plus haut au classement. En vrac, je pense à ce premier match contre Saint-raphaël que nous dominons avant que romaric ne se blesse. Au retour, ce sont rudy et romain qui sortent alors que nous sommes devant. Il y eut Tremblay à l’aller, Aix à la maison, les matchs à « regrets » n’ont pas manqué mais si nous ne les avons pas gagnés, il y a des raisons. Je ne parle pas de regrets mais plutôt d’occasions manquées, qui laissent à penser que nous pouvons vraiment mieux faire. A nous de le prouver lors des prochaines rencontres. Le recrutement opéré l’été dernier vous a-t-il globalement donné satisfaction ? Il y a des cas différents mais très majoritairement positifs. dans l’état d’esprit, Jozé baznik, Jordan Camarero, Marco Mengon et rudy Séri sont de supers mecs, ont donné pleine satisfaction. niveau performance, Jozé est un compétiteur hors-pair, une vraie machine au comportement exemplaire, sur qui l’on peut compter. Jordan, lui, n’a pas de chance, ayant une véritable machine devant lui sur le poste à l’aile droite avec Youenn Cardinal Marco est un jeune joueur, pétri de qualités, qui doit encore épurer son jeu et la folie qu’il propose. Rudy, enfin, était désiré par cinq autres clubs de l’élite mais nous a rejoint et, après avoir beaucoup bossé physiquement, revient très bien et va finir fort j’en suis certain. Pour les arrivées de Romaric Guillo et Romain Briffe, nous connaissions déjà parfaitement les deux et ils sont fidèles à nos attentes, même s’ils n’ont pas été épargnés, hélas, par les pépins.
Vous n’avez pas évoqué Rok Zaponsek…
Il a réalisé plusieurs performances très remarquées mais depuis qu’il a signé ailleurs pour la saison prochaine, il ne semble plus vraiment dans le projet…
L’heure est aux prolongations ou nouveaux contrats. n’est-il pas finalement plus compliqué de gérer une saison au printemps, quand les intérêts personnels peuvent prévaloir sur le collectif ?
Nous sommes le quinzième budget de l’élite et cela ne nous permet pas de folies. Les joueurs le savent parfaitement et nous avons choisi de présenter pour l’an prochain un budget plus que raisonnable. un joueur, en prolongeant, a même proposé de baisser son salaire de 15 %. C’est l’état d’esprit que nous aimons. Pour ce qui est de ceux qui penseraient actuellement plus à eux ou leur carrière qu’au club, ils vont s’exclure d’euxmêmes du projet et des rotations. Le staff a notre aval pour réduire le groupe si certains ne se sentent pas concernés. nous avons besoin de tout le monde mais surtout, de détermination, de caractère. Les contours de la saison prochaine sont-ils déjà validés ? nous avons déjà annoncés l’arrivée de deux joueurs au profil polyvalent, Ludwig Apollinaire et Junior Tuzolana, tous deux venus de PontaultCombault. d’autres joueurs ont déjà signé et seront annoncés en temps et en heure. Le recrutement à cette heure, est quasiment bouclé, hormis sur le poste de gardien pour remplacer rok Zaponsek.
Un mot sur la santé financière. Quatre mois après votre cri d’alarme et le lancement de la campagne de Crowfunding, où en est-on ?
Nous avons avancé sur pas mal de choses et j’imagine un avenir un peu moins sombre que l’hiver dernier. Les partenaires et abonnés ont, tout d’abord, maintenu leur soutien et leur accompagnement et nous ne pouvons que les en remercier, encore et encore. Ensuite, sur notre campagne, celle-ci va bientôt redémarrer, avec notamment une collaboration à venir avec le Stade rennais. nous espérons atteindre les 100 000 € et ne sommes plus très loin de cet objectif. Le dernier item, concernant nos attentes visà-vis des collectivités, est en bonne voie. Les discussions avec la ville, la Métropole, le département ou la région ont été très enrichissants, encourageants et devraient aboutir sur un lien renforcé. J’espère que le mot résilience va prendre tout son sens dans la situation actuelle, que la relation entre les collectivités et le sport, audelà de notre cas, en sortira plus fort. Le monde du handball dans son ensemble en a besoin et les sports de salle, en général, ne peuvent pas perdurer ou progresser correctement sans un appui marqué des collectivités. nous n’avons pas les mêmes droits TV, les mêmes recettes billetteries que les sports extérieurs et cela doit être pris en compte.
A ceux qui vous qualifieraient d’opportuniste quant à votre position de vouloir un championnat sans descentes cette année, que répondez-vous ?
Ma position n’est pas dictée par notre situation puisque je maintiens cet avis depuis fin octobre. La réalité, c’est que cette saison est totalement tronquée, l’équité bafouée et le classement illisible. Aujourd’hui, certains clubs, aux fortes subventions des villes, gagnent même de l’argent. Même chose en Pro Ligue. Avoir fait le choix de continuer le championnat a creusé un peu plus le trou financier auquel tout le monde devra faire face. demandez aux équipes classées 13e et 14 e en Pro Ligue si elles sont contre une réforme (passage à 18 l’an prochain en LSL, pas de descente et montées des deux premiers de d2, ndlr), je n’en suis pas convaincu. Il y a beaucoup de chantiers en cours, à tous les niveaux, pros comme amateurs, avec des maux similaires. Il faudra dans les semaines à venir faire de vrais choix, et si possible les bons, pour permettre à tous de se relever et de reconstruire dès la saison prochaine, avec je l’espère au plus vite, le retour de nos supporters. A nous de faire tout ce qu’il faut pour être toujours là, en Lidl Starligue, à leur retour !