Après une première partie de saison contrariée par les pépins physiques, Alfred Gomis, 27 ans, semble avoir enfin pris sa place dans le but rennais et gagne en temps de jeu et en confiance au fil des semaines. Arrivé de Reims fin septembre, celui qui a la lourde tâche de succéder à Edouard Mendy sait où il veut aller et comment y parvenir.
Alors que le sprint final va démarrer, comment juges-tu jusqu’ici ta première saison au Stade Rennais ?
Pour le moment, ce n’est pas simple de donner une appréciation à la saison. Tant que tout n’est pas terminé, on ne peut pas avoir un vrai regard d’ensemble des résultats et des performances. Il y a eu des hauts et des bas pour le moment mais il reste encore trop de matchs à disputer pour pouvoir répondre à cette question.
Ton arrivée tardive en fin de mercato a-t-elle eu une incidence directe sur tes performances ou pu être à l’origine de tes différentes blessures ?
Je ne pense pas que la date de mon arrivée à Rennes et mes blessures soient liées. Mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas facile d’arriver dans un club après la préparation estivale. Il a forcément manqué les premières semaines de préparation, celles où l’on fait connaissance avec ses nouveaux coéquipiers, où l’on fortifie les liens.
Etait-il simple d’arriver en Bretagne après une saison compliquée vécue à Dijon, à la lutte pour le maintien ?
Je pense que chaque expérience tient son lot de conclusions. A Dijon, nous étions difficiles à bouger à domicile et souvent vaincus à l’extérieur. Quand Rennes s’est présenté, évidemment, nous avons discuté rapidement avec le club, tout le monde a été satisfait du discours et des conditions fixées et les choses se sont faites. C’était une véritable progression pour moi. Ce que je savais de Rennes indiquait que le club s’améliore d’année en année, visant toujours plus haut.
Le discours du coach, Julien Stéphan, a-t-il pesé dans ton choix ? As-tu échangé également avec Edouard Mendy, ton prédécesseur ?
Les dirigeants m’ont tenu un discours qui m’a convaincu, comme mon entourage. Pour ce qui est d’Edouard, nous avons échangé sur nos choix respectifs, sur le plan personnel aussi. Il a été très correct avec moi, m’a dit tout ce qu’il pouvait me dire. Je suis très heureux pour lui, notamment de la saison qu’il réalise à Chelsea, en Premier League.
Toi qui a évolué à la Spal, en Série A, comment juges-tu le Calcio et la Ligue 1 ? Quelles sont les différences entre les deux championnats ?
C’est très différent. En Italie, sans être dans le cliché, tout est beaucoup plus tactique, un peu rigide. On attaque à 11, on défend à 11 avec des rôles parfaitement établis. Chaque joueur sait ce qu’il a à faire avant de recevoir le ballon. En tant que gardien, les situations ne sont pas les mêmes, il faut avoir des approches différentes, une lecture du jeu autre. En France, il y a une dimension athlétique peut-être supérieure mais surtout, une place bien plus grande à l’improvisation, à l’instinct. Ça calcule moins et le jeu est forcément un peu plus libéré.
Question public, les différences sont également sensibles ?
Oui, il y a une vraie différence, forcément. En Italie, le football est partout, tout le temps. On mange football, on boit football, il est présent dans toutes les discussions, partout dans le pays. Cela est même parfois intrusif, c’est presqu’une religion là-bas. En France, la passion est aussi bien présente mais pas dans les mêmes excès. Ici, c’est quand même plus cool, plus raisonnable. Mon gros regret, d’ailleurs, c’est de vivre cette première année rennaise sans le public. Pour mon premier, contre Krasnodar, franchement, ce fut énorme, même avec seulement 5000 spectateurs, j’ai beaucoup apprécié et j’ai vraiment hâte de découvrir le stade plein. Je pense que l’absence de nos supporters a forcément pesé dans nos résultats !
Quelles sont les qualités et les axes de progression d’Alfred Gomis. Avons-nous déjà vu le meilleur de ce que tu peux nous proposer ?
Sincèrement, ce n’est pas à moi de juger mes qualités ou mes défauts, pour cela, il vaut mieux appeler mon entraîneur. Ce que je sais, ce que l’on peut toujours progresser, que j’essaie d’apprendre un peu plus de chacun, que ce soit au quotidien à l’entraînement, avec les autres gardiens, ou en regardant des matchs. Il y a des trucs à prendre de tous, même un jeune qui débute peut nous montrer des petites choses, des détails, qui permettront de s’améliorer. Vous savez, en Italie, mon entraîneur disait que nous étions, nous les gardiens, une république dans l’Etat. On passe énormément de temps ensemble. Ici, je bosse beaucoup avec Olivier, avec les autres gardiens, pour être meilleur, de match en match. Après, le reste, je le laisse à l’appréciation de chacun.
Qui sont tes références au poste ?
Comme je viens de le dire, je m’inspire de tous mais bien sûr, certains gardiens m’ont fortement marqué. Je pense à Edwin Van Der Saar, Peter Schmmeichel ou Nelson Dida. La longévité et le talent de Manuel Neuer et Gigi Buffon ne peuvent évidemment aussi que laisser admiratif !
Comment as-tu vécu le départ du coach Stéphan, fin février ?
Nous sommes des joueurs professionnels et l’on doit s’adapter à tout, y compris ce genre d’événement. Ce qui est sûr, c’est qu’il laisse une véritable empreinte ici. Son passage a été très apprécié, ses résultats marquants et il a fait beaucoup pour le club. Il a fait son choix et cela doit être respecté, chacun est libre de les faire. A nous de continuer de bosser avec le nouveau coach.
Quelles sont les différences entre Bruno Genesio et Julien Stéphan ?
Chacun se fera son opinion sur la question au regard des matchs et des analyses qui en découleront. Ce n’est pas à moi de juger cela…
Quelles sont vos ambitions pour cette fin de saison. L’Europe est-elle encore dans toutes les têtes ?
Il ne nous reste que des finales à disputer et nous nous sommes fixés comme objectif de les remporter. Nous donnerons tout ! Si nous devons perdre parce que l’adversaire est plus fort, ou plus réaliste, ok mais nous allons tout donner pour finir le plus haut possible. Nous regarderons le classement, ou la qualification européenne, à la fin, sans en parler sans arrêt. Place au jeu et surtout, à la gagne !
Une qualification serait un beau cadeau pour votre président, Nicolas Holveck, engagé dans le combat contre la maladie ?
Bien sûr. Il passe un moment très difficile et se bat avec force et courage. Il est venu nous parler, ce fut un moment très fort. Malgré la situation, il a réussi à nous encourager, nous transmettre du positif. C’est un battant, nous croyons en lui et nous allons tout faire pour le soutenir, lui apporter tout ce que l’on peut de positif grâce au terrain. Toute l’équipe est avec lui et cela montre aussi qu’il y a bien plus important que le football dans la vie. Un club, un esprit d’esprit, cela va audelà du terrain. Chaque victoire à venir, ce sera aussi pour lui !