Un derby, cela reste unique, différent. L’enjeu d’une part, la crispation, souvent, d’autre part. D’habitude, c’est aussi la rencontre, « l’affrontement » et le chambrage entre deux peuples voulant à tout prix prendre le dessus sur l’autre. Ce dimanche, le meilleur acteur de ces matchs à part, le public, était absent, comme depuis de trop longs mois. L’an passé, il fut si précieux au moment d’arracher un derby d’anthologie dans les arrêts de jeu (3-2). Cette année, seule la pluie froide et glaciale ajoutait un paramètre inconnu au décorum fixé par les deux coaches : un jeu vers l’avant vite endigué côté rennais, un bus, jaune et vert, clairement installé devant Alban Lafont côté nantais pour seul plan de jeu alors que la situation dramatique du FCN obligerait à quelques risques…
Fade, la première période disputée sous un véritable déluge de pluie, est faite de contrôles approximatifs, de frappes non cadrées hormis celle de Ludovic Blas repoussée par Alfred Gomis et de cartons jaunes distribués dans l’allégresse par M. Delerue, visiblement bien décidé à voir de l’intensité là où il en manqua beaucoup… 0-0 à la pause, pas de buts, pas de bruit et de l’ennui… Non, ça ne ressemble ni à un derby, ni même à ce foot que l’on aime tant.
L’éclair de Martin Terrier
Heureusement, en seconde période, on revît un peu. Déjà, cette horrible pluie cesse et Rennes trouve enfin des intervalles dans le jeu. Sur une longue possession aux abords de la surface, Flavien Tait, pressé, réussit une géniale talonnade pour décaler Martin Terrier, à l’angle gauche de la surface de réparation. Ni une, ni deux, l’attaquant en forme de 2021 côté rennais ne se pose aucune question et enroule spontanément l’offrande de son coéquipier pour aller nettoyer la lucarne d’Alban Lafont, magistralement lobé sur ce coup-là ! L’affaire est lancée, Martin Terrier se bouche les oreilles, « en clin d’œil à Memphis Depay, avec qui il converse encore régulièrement » confiera-t-il en conférence de presse, et le match semble lancé. Ou pas… Nantes, toujours aussi pauvre dans le jeu, essaie bien de trouver Randal Kolo Muani en attaque mais la friture sur la ligne semble insurmontable. Alfred Gomis n’a guère d’occasion de trembler et de l’autre côté, Rennes se créé quelques situations pour tuer le match. Eduardo Camavinga frappe mais butte sur le gardien visiteur. Adrien Hunou, à son entrée notamment, est un peu trop court pour devancer Alban Lafont puis ne trouve pas Benjamin Bourigeaud quelques minutes plus tard. Une autre frappe de Faitout Maouassa fait briller le gardien nantais mais le dernier frisson sera tout de même de l’autre côté. La seule grosse occasion du match aurait pu rapporter un point aux Canaris quand Kolo Muani, seul aux neuf mètres légèrement décalé, frappait devant le but sans trouver preneur mais en faisant surtout le mauvais choix…
Un derby, c’est aussi cela, un destin qui ne tient qu’à un fil…Un fil, c’est aussi ce à quoi tient l’avenir du FC Nantes en Ligue 1, 19ème avec 28 points et terriblement empêtré dans ses doutes et une inconsistance certaine, malgré de vrais bons joueurs sur le terrain. Antoine Kombouaré pourra bien stigmatiser le manque de prise de risques de ses joueurs autant qu’il le voudra, SA tactique à 5 défenseurs reste de sa responsabilité et le résultat allant avec aussi.
Côté rennais, la mission Europe, même si le coach Bruno Genesio refuse de parler Europe pour le moment, reste engagée et d’actualité. La feuille de route, pour retrouver la cinquième place, exigeait au moins dix points face à Strasbourg, Metz, Reims et Nantes, les voici dans l’escarcelle. Mission accomplie alors que se présente un nouveau triptyque à boucler victorieusement, avec les forces restantes, à Angers, contre Dijon (sans Damien Da Silva, Nayef Aguerd et Serhou Guirassy avertis hier, qui seront suspendus) puis à Bordeaux, trois équipes largement à portée des « Rouge et Noir ». Le Stade Rennais serait alors à 58 points avant d’attaquer la dernière ligne droite, avec Paris au Roazhon Park, Monaco à Louis II, où l’exploit reste possible et autorisé, puis Nîmes pour terminer le 23 mai. Le droit à l’erreur et la marge sont faibles, peut-être inexistants, mais l l’Europa Ligue est toujours envisageable l’an prochain. Il faudra pour cela que Paris, Monaco ou Lyon aille au bout en coupe de France et espérer une baisse de régime lensoise, l’OM semblant tout à fait à portée. Beaucoup de si, rendus plausibles par ce derby remporté qui pèse au final bien plus que trois points et permet de garder la « remontada vers l’Europe » plus possible que jamais !