Comme toujours, le champion du monde juniors 2015 se confie avec la franchise qui le caractérise. L’arrière droit des Irréductibles le sait : le mois à venir sera décisif pour le maintien des Cessonnais, en proie au doute depuis la reprise en février.
Avec quatre défaites de rang en février, le CRMHB a loupé sa reprise en Lidl Starligue. Comment vont les têtes, alors qu’un nouveau bloc de matches se profile ?
Sincèrement, ces défaites ont fait mal. On ne peut pas le nier. Mais le groupe continue de vivre assez bien, l’ambiance entre nous est bonne et nous restons soudés. On manque de confiance en nous. Dans ce genre de situation, c’est palpable. Il va falloir gagner rapidement pour inverser la tendance. Tout le monde travaille d’arrache-pied. Il est temps de réagir !
Le souvenir de l’année 2018 et de la descente après une phase retour catastrophique, pour ceux qui l’ont vécue, est-il encore présent ?
Certains étaient déjà là, en effet, mais on ne peut pas comparer. C’est un autre championnat, une autre équipe, un autre staff. Nous comptons stopper très rapidement cette spirale.
Après Ivry, le coach, Sébastien Leriche, n’a pas mâché ses mots, notamment vis-à-vis des cadres. As-tu pris ces propos pour toi ?
Faisant partie des cadres, avec toutes mes années en Lidl Starligue, je me suis bien sûr senti concerné. Et bien évidemment, cela ne fait pas plaisir… Mais c’est tout à fait normal. Heureusement que ça pique, c’était le but. Et surtout, c’était mérité après la prestation de l’équipe qui, ce soir-là, n’avait pas su répondre aux exigences d’un match de cette importance. Ivry nous a donné une leçon de détermination, dont nous devrons nous rappeler.
Ce fut beaucoup plus serré et cohérent face à Aix, Istres et Saint-Raphaël, sans que l’équipe réussisse à prendre de points…
C’est le problème ! Sincèrement, je commence à en avoir ras-le-bol de perdre et d’entendre « Bien joué, vous n’étiez pas loin »… Nous manquons encore aujourd’hui de sang-froid dans le money-time, cette capacité de bien terminer pour s’imposer. Oui, le contenu était intéressant dans les matches évoqués. Nous sommes même devant à Saint-Raphaël au cours de la seconde période. Mais au final, sur ces trois rencontres, on prend zéro point. Mentalement, c’est dur car nous voyons bien qu’il y a pas mal de bonnes choses. Ce n’est pas encore suffisant dans un championnat de plus en plus dense.
Comment expliquer que vous réussissiez de belles performances contre les gros bras du championnat et que vous lâchiez des points contre Tremblay, Ivry et Istres ?
Je le répète, le championnat est très dense. Récemment, Montpellier a failli perdre contre Créteil, Tremblay a battu Limoges et Chartres s’est imposé à Aix. Tout le monde peut bousculer tout le monde. En ce qui nous concerne, je pense que nous sommes plus libérés dans les matches où nous ne sommes clairement pas favoris. C’est un souci sur le plan de la gestion mentale de la rencontre, des émotions. Nous apprenons, en payant le prix cher, mais je suis convaincu que le vent finira par tourner. Il y a du talent dans ce groupe.
« Moins je cogiterai, plus je serai efficace »
Pour changer la courbe des résultats, il y a des rendez-vous face à des équipes de seconde partie de tableau, Toulouse, Tremblay et Chartres, ainsi qu’un derby. Les semaines à venir seront-elles décisives ?
Nous ne devons pas cocher tel ou tel match mais nous mettre en mode « guerriers », prêts à gagner n’importe quelle rencontre. On n’est pas là pour choisir tel ou tel match mais pour s’arracher jusqu’à la 60e minute, à chaque sortie. Cette saison disputée sans nos supporters est difficile car ils apportaient un supplément d’âme. Les matches à huis clos donnent l’impression qu’on fait des entraînements, de simples oppositions. Mais l’avenir du club est en jeu. Alors oui, clairement, les matches à venir sont capitaux.
L’équipe est-elle à sa place ?
Oui, nous sommes à notre place. Il ne faut pas se cacher mais assumer. Maintenant, nous pouvons faire mieux. Face aux équipes qui viennent nous chercher, qui montent sur nos arrières, qui aiment arriver lancées pour frapper, ce n’est pas simple. Mais c’est à nous de travailler pour contourner ou résoudre ce problème. Youenn (Cardinal) a été identifié comme un gros danger à l’aile. Tout le monde travaille avec la vidéo. Il va falloir être aussi réactifs que nos adversaires, nous adapter à chaque stratégie. Je suis convaincu que le staff saura nous proposer des solutions. A nous de les appliquer sur le terrain.
Sur le plan individuel, comment juges-tu ta saison ?
J’ai connu un démarrage moyen, j’ai eu du mal à me mettre dedans et ma passe ratée contre Tremblay a bien illustré cela. Cela a été dur à digérer, j’ai mal dormi à cause de ça mais il a fallu avancer. En novembre, je me suis remis en question. Je jouais mal, je n’étais pas au niveau attendu. J’ai travaillé et je me suis mis en tête que quel que soit le joueur qui se trouvait en face, je devais le « bouffer », lui rentrer dedans. Ce travail personnel, sur le mental, dure encore. J’aime que tout soit bien fait et j’ai tendance à gamberger pendant un match si je me loupe d’entrée. Peu à peu, je gomme ce défaut. Quand je rate, j’essaie de vite passer à autre chose. Moins je cogiterai, plus je serai efficace.
Dans ces moments-là, la confiance du coach et du club reste primordiale. Ils te la témoignent en te demandant de prendre plus de responsabilités. Réussis-tu à répondre à cette attente ?
Sébastien Leriche me demande aujourd’hui de prendre plus souvent la parole, d’être un leader au sein du vestiaire, de me faire violence. Je n’ai pas ce tempérament mais je force ma nature, car il le faut. L’expérience que j’ai acquise toutes ces années, notamment à Nantes, doit servir le groupe. À moi de m’imposer sur ce terrain-là. Je veux aider le club à se maintenir. Tout le monde a bataillé pour être là et personne ne sait de quoi sera faite la saison prochaine. Ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est la disputer dans l’élite. Je reste persuadé que nous avons la qualité et les armes pour cela. À nous d’engranger les points, maintenant !