Meilleur marqueur de l’URB cette saison, Youri Morose symbolise la bonne forme affichée par l’équipe de Pascal Thibaud. Après deux années difficiles à Denain, en Pro B, le Guyanais a retrouvé du temps de jeu. Cette marque de confiance lui a permis de s’imposer comme un élément incontournable de l’effectif rennais.
« Quand on sort de deux années sans beaucoup jouer, ça devient compliqué. Le plaisir finit par partir au bout d’un moment. Mais aujourd’hui, je suis complètement épanoui dans ma nouvelle équipe. » Sous ses nouvelles couleurs, celles de l’URB, Youri Morose peut enfin exprimer tout son potentiel. Et il a logiquement retrouvé le plaisir de jouer. Ancien pensionnaire de Pro B, comme Bryan Pamba et Maël Lebrun, l’ailier de 23 ans a réussi à trouver sa place en Bretagne. Jusqu’à devenir un joueur clé du cinq majeur rennais.
Ce goût du basket, Youri l’a développé en Guyane. Plutôt habitué à jouer au foot avec ses amis, il choisit, à 9 ans, de suivre les pas de son grand frère et file s’éclater sous les paniers. « J’ai découvert le basket parce qu’il y jouait. Quand j’étais petit, je voulais copier tout ce qu’il faisait. C’est de cette façon que l’aventure a commencé. » Ce ballon orange, il ne le lâchera plus. Le jeune Morose rejoint rapidement l’USL Montjoly, club par lequel est passé Kevin Séraphin, notamment. Le lien avec l’ancien intérieur de l’équipe de France, vu chez les Wizards, les Knicks et les Pacers, ne s’arrête pas là : grâce à un camp organisé par ce dernier, en Guyane, Youri est repéré par Cholet.
Le difficile apprentissage du haut niveau
Changement de décor et de climat : direction le Maine-et-Loire. Si ses aptitudes balle en main lui permettent d’entrevoir un bel avenir, l’adolescent de 15 ans doit pour la première fois vivre loin de sa famille. « Les premiers mois, ça a été assez difficile. Il a fallu que je m’adapte à la vie en métropole et au cadre du centre de formation. Mais après, ça s’est plutôt bien passé. » Entouré de ses nouveaux partenaires, le Guyanais progresse rapidement. Il gravit les catégories de jeunes jusqu’aux Espoirs, avec lesquels il signe le doublé championnat de France-Trophée du futur en 2018. Il parvient même à gratter quelques minutes de temps de jeu dans l’équipe première de Cholet.
En quête d’une véritable expérience chez les pros, Youri rejoint Denain en Pro B. Et dans la banlieue de Valenciennes, il se heurte aux exigences du haut niveau. « J’y ai connu deux années compliquées mais nécessaires car elles m’ont permis d’apprendre. J’ai pris conscience de ce qu’était le monde du basket professionnel. J’ai réalisé ce qu’il fallait faire pour y rester. La deuxième année, j’avais ma place dans le cinq majeur mais je n’ai pas su saisir l’opportunité de m’imposer comme un joueur confirmé. Aujourd’hui, je prends cela comme un enseignement. »
Un artisan de la réussite rennaise
En manque de temps de jeu dans le nord de la France, Morose est contacté par l’URB qui veut bâtir un effectif solide en vue de son retour en Nationale 1. « J’étais à la recherche d’un club qui me permettrait de m’épanouir. Je voulais retrouver du plaisir et mettre en pratique ce que j’avais appris en Pro B. » Durant les premiers échanges avec Pascal Thibaud, coach de l’URB, il réalise que le projet rennais correspond à ses attentes. Sa nouvelle maison est toute trouvée. Reste à découvrir un championnat qu’il ne connaît pas.
« Quand nous avons commencé à disputer les matches de préparation, j’ai été agréablement surpris. Nous avons joué la majorité de nos rencontres face à des équipes qui visaient la montée cette saison, de bonnes formations de Nationale 1, et nous avons réussi à en battre certaines. Même si la prépa n’annonce pas forcément ce qui va se passer pendant la saison régulière, j’avais un bon pressentiment. J’ai aussi perçu cela à l’entraînement. Notre manière de jouer était séduisante et il y avait de la bonne humeur dans le groupe. »
Motivé comme jamais, Youri n’a pas perdu de temps pour trouver sa place et se montrer décisif. Capable de perforer la défense adverse, d’être efficace aux tirs et de jouer dos au panier, l’ailier de 2 mètres n’en finit plus d’impressionner. Avec une moyenne de 14.5 points par match, il est tout simplement le meilleur marqueur du club cette saison. Sa présence aux rebonds (5.5 prises en moyenne) est également appréciable. Lucide, il sait qu’il doit encore travailler pour poursuivre son développement. « J’essaie d’avoir un jeu polyvalent. Je peux encore progresser sur l’adresse et sur la capacité de créer du jeu, pour moi et pour mes coéquipiers. Je dois aussi continuer d’améliorer mon shoot extérieur, ainsi que ma défense. »
Son développement en tant que basketteur ne s’arrête pas à la dimension technique. Cela doit également passer par un travail mental, afin d’effacer ses sautes de concentration. « Il m’arrive parfois de regarder ailleurs, d’avoir un petit moment d’inattention, admet-il. C’est peut-être ce genre de détail qui m’empêche de passer un palier, de devenir plus efficace et plus régulier. »
« Je veux pouvoir rejouer en Pro B »
En attendant de franchir ce cap, Youri profite de son nouveau cadre de vie. Attaché à sa Guyane natale, où il retourne tous les étés, il se familiarise peu à peu avec son environnement à Rennes. « C’est une très belle ville mais avec la Covid-19, je n’ai pas vraiment pu la découvrir pleinement. J’ai quand même profité du centre-ville et des parcs, comme le Thabor. On m’a aussi conseillé Saint-Malo. Je suppose qu’il y a plein de petits coins sympas à voir dans la région. »
Une chose est certaine, Pascal Thibaud compte sur lui pour la suite du championnat. La mission initiale, le maintien, semble bien engagée. Ce que Youri souhaite, à présent, c’est jouer. Pour le plaisir, comme le chantait Herbert Léonard, mais aussi et surtout pour rebondir. « Je veux pouvoir rejouer en Pro B d’ici un an ou deux et être capable de m’y imposer. » Dans un autre club ou en restant à Rennes. Le jeune ailier ne s’interdit rien. « L’URB peut servir de tremplin pour ma carrière. Mais en fonction des ambitions du club, je peux être amené à continuer ici et à grandir avec l’équipe. » Ne rien s’interdire pour viser plus haut. Et pourquoi pas, un jour, briller en Jeep Elite, son rêve ultime. Telles sont les envies de Youri Morose.