Les jambes en compote, le souffle court, Flavien Tait, à la 70′, attend le coup-franc de Benjamin Bourigeaud à l’entrée de la surface, les mains sur les hanches. Il sait déjà qu’il n’ira pas au duel. Plus la force, cramé, épuisé par un match où il aura pris la chance offerte par Bruno Genesio mais surtout, donné de sa personne, comme un symbole, pour permettre au Stade Rennais, près de deux mois plus tard, de regoûter enfin à la victoire ! Quelques minutes plus tard, l’ancien angevin, régulièrement pris pour cible sur les réseaux sociaux mais aussi en tribunes la saison passée, sort. Pas de standing ovation mais sans doute, des applaudissements derrière les écrans, cette envie de dire « Allez, tu nous en refais une ou deux comme cela et on oublie tout ! ». Un peu à l’image d’une équipe qui est loin d’avoir abdiqué dans la lutte à l’Europe.
Ce n’est assurément pas le match de l’année qu’on livré les Rennais ce dimanche, loin de là. Pour cela, il faut déjà être deux et les Strasbourgeois de Thierry Laurey ont livré un « football choucroute », avec l’unique ambition du 0-0, voire du 0-1 sur un malentendu. La tristitude, c’est d’avoir Sanjin Pric sur le banc et d’aligner Aholou-Sissoko-Bellegarde au milieu… Mais laissons le Racing avec ses problèmes, et voyons la petite éclaircie poindre dans le ciel rennais, sous les yeux d’un Jean Prouff sans doute pas tant que ça de marbre devant le sursaut rennais. Pour sa première pour l’éternité en tribune, c’était les 3 points ou rien ! Pour le président Nicolas Holveck, également, pour qui nous avons une grosse pensée et à qui nous apportons tout notre soutien pour gagner un tout autre match !
Des signes encourageants !
Au-delà de la victoire, il reste beaucoup de travail pour retrouver l’assurance, la sérénité et le spectacle qui étaient au rendez-vous en début de saison. Mais attention, si notre titre à la une du JRS de mars « cap sur l’Europe » a pu faire sourire, ou donner l’impression que nous voyons peut-être un peu trop la vie en rose, nous ne faisions qu’écho aux propos tenus en conférence de presse lors de l’intronisation de Bruno Genesio, confirmés dans les intentions ce dimanche. Pour autant, nous partageons cette idée ambitieuse. Le Stade Rennais n’a pas abdiqué et garde ce cap pour avoir la motivation et l’envie de gagner la majorité des matchs d’un sprint final lancé. Son calendrier est plutôt très intéressant et on le sait, l’équipe fonctionne par cycle. Si l’on imagine que le pire est passé et qu’une belle série vient de démarrer, comment peut-on s’interdire de croire à une cinquième place qui n’est qu’à 4 points, occupée par un OM loin d’être impérial ?
Lens, Metz, Montpellier, Angers et même l’OM, donc, ne sont pas à des années lumières des Bretons, loin de là, que ce soit sur le plan comptable, donc mais aussi du jeu. Dire qu’Angers, incapable de cadrer un tir face à Saint-Etienne samedi, était devant Rennes révèle l’ineptie de voir les « Rouge et Noir » tombés à la dixième place. Le nul entre Lens et Metz n’est pas pour nous déplaire et une victoire à Metz, même sur un pointu tout moisi à la 89′, ferait presque déjà oublier le début 2021 chaotique des Rennais.
Il reste du travail, oui, certains ont besoin du déclic, à l’image d’un Doku capable de gestes exceptionnels pour éliminer mais toujours figé au moment de conclure mais beaucoup de signaux encourageants ont été envoyés ce dimanche : un clean-sheet, le deuxième seulement, pour Alfred Gomis, décisif en première période à 0-0 devant Waris, la solidité retrouvée de Damien Da Silva, déterminé mais sorti en toute fin de partie, ayant tout donné ou encore les projections vers l’avant enfin au rendez-vous. Sous l’impulsion d’un Flavien Tait très intéressant en meneur de jeu, présent à la récupération et au moment de donner les orientations, ce Stade Rennais a rassuré. Les belles combinaisons étaient là et en point d’orgue, le but, symbolisant l’envie de presser haut de Jérémy Doku, la vitesse et la qualité de passe de Martin Terrier, intéressant en pointe et la hargne et la précision de Benjamin Bourigeaud au moment de conclure.
Bien sûr ce Stade Rennais est encore un peu fiévreux, en témoigne une fin de match fébrile mais la convalescence a démarré et la chute libre est interrompue. Lors des deux déplacements à venir, à Metz puis à Reims, Rennes peut reprendre ses quartiers, entre la 5ème et la 7ème place, avant de recevoir Nantes et Dijon, avec un déplacement à Angers entre les deux. Imaginer cinq victoires sur ces matchs là serait très présomptueux mais pas totalement dingue non plus… Dix à douze points changerait considérablement la donne et remettrait l’Europe, pour la quatrième saison de rang, au centre des ambitions et objectifs de chacun.
Effet Genesio ou non, cette respiration avec ce « Saussico » dans la poche fait en tous cas le plus grand bien !