Intronisé ce vendredi à la tête de l’équipe première et présenté à la presse à 14 heures, Bruno Genesio a laissé une emprunte réelle dans l’univers lyonnais, sportif et médiatique. Anthony Faure, journaliste au Parisien et suiveur de l’OL, nous livre son avis sur le nouvel homme fort du SRFC.
Anthony, vous qui connaissez Bruno Genesio, pensez-vous qu’il est l’homme de la situation pour le Stade Rennais ?
Il peut l’être, oui. C’est un entraîneur qui a de vraies qualités techniques et humaines et qui a souffert sur la fin de son passage à la tête de l’équipe à Lyon, notamment avec les supporters. Ceux-ci lui ont surtout reproché de ne pas être le grand nom qu’ils attendaient après le départ d’Hubert Fournier mais aussi d’avoir fini trop souvent beaucoup trop du Paris SG. Mais voyez un peu le PSG qui jouait alors, tout le monde était loin ! Genesio était numéro 2 après avoir été longtemps à la formation puis à la tête de l’équipe réserve et les Bad Gones, très influents à Lyon, lui ont donné du crédit puis il y a eu une cassure définitive un an avant son départ, avec notamment des banderoles qui ont rompu le lien. Pour le Stade Rennais, c’est à mes yeux une bonne idée, le caractère de l’homme pouvant s’adapter, je pense, au cadre d’un club qui connaît certes régulièrement des remous mais qui semble être un endroit où l’on peut travailler sur la durée avec un peu plus de sérénité qu’à Marseille ou Paris, par exemple.
Quelles sont les qualités de Bruno Genesio ?
C’est un vrai meneur d’hommes, qui est proche de ses joueurs, avec une grande capacité de dialogue, d’écoute. Il me fait penser à Christophe Galtier dans sa personnalité, avec cette capacité à tirer le meilleur des joueurs. Il est dans le consensus et n’est pas obstiné, il sait s’adapter. C’est un homme très intelligent, qui sait parfaitement où il veut aller. Il sait être politique et dans notre football, c’est un atout. Sur le jeu, je n’ai pour juger que sa période lyonnaise. Ce n’était pas toujours du grand football, parfois il peinait quand l’équipe devait faire le jeu et se reposait trop, au goût de certains, sur ses individualités, mais il a su hisser son équipe au niveau des plus forts. Dans les grands chocs, l’équipe, si elle ne gagnait pas toujours, faisait très souvent jeu égal. Il avait peut-être plus de mal face aux supposés petits mais l’équipe a quand même joué une demi-finale d’Europa Ligue, en sortant notamment la Roma et ne buttant que sur l’Ajax, dont on connait la prestigieuse destinée par la suite. Ce n’est quand même pas si mal.
Peut-on dire de lui qu’il est un formateur et quels joueurs a-t-il accompagné vers le plus haut niveau ?
Formateur, il l’a été à la tête de l’équipe réserve où il eut les générations 90, 91 ou 92. Il a eu les Fekir, Tolisso, Grenier, Lacazette, Ferri, Umtiti notamment avec lui et ceux-ci lui faisaient pleine confiance, étaient à fond derrière lui. A Lyon, il lui a été reproché de faire jouer les « Lyonnais » du centre mais il y avait quand même là quelques joueurs plutôt intéressants ! Au-delà de ces garçons-là qu’il eut avec la réserve, il a aussi lancé Aouar, Diakhaby, Ferland Mendy, Tanguy N’Dombélé notamment. Il n’a pas peur de faire confiance aux jeunes.
Le binôme qu’il va reconstituer avec Florian Maurice peut-il fonctionner ailleurs qu’à Lyon ?
Ils sont proches, s’entendent très bien et partagent une vision commune du football, au-delà de l’Olympique Lyonnais. Ce sont deux purs lyonnais, vraiment, mais je suis très curieux de voir leur fonctionnement loin de l’OL. Ils ont un respect l’un envers l’autre et on ne risque pas de voir Bruno Génésio critiquer un choix de joueur de Florian Maurice et inversement, Flo Maurice remettre en cause une tactique. Ce travail main dans la main permet une sérénité pour le club, c’est sûr. Il faut aussi considérer le moyen et le long terme. Certains des paris en recrutement de Florian Maurice payent sur la seconde saison. Bruno Genesio saura en tous cas mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. Rennes est un très beau club, de par la région, l’actionnaire, le stade, la ferveur qui monte depuis quelques années, ils ont un beau défi à relever. Je pense qu’ils sont capables de réussir. Si pour Rennes, ce choix est cohérent et très intéressant, l’inverse est encore plus vrai !