Il y a quelques années encore, le basket n’était qu’une passion, un sport pratiqué avec les copains à Saint-Malo le week-end. Désormais, à raison de deux entraînements par jour, la Nationale Une est devenue le quotidien de Clément Poncet-Leberre, 25 ans, poste deux dans l’effectif pro rennais. Rencontre avec un parcours atypique symbole de ce qu’est aussi l’Union Rennes Basket !
« Finalement, quand on regarde les résultats et les contenus des matchs que nous avons disputé, on peut presque nourrir des regrets, se dire que l’on pourrait compter plus de points… ». L’appétit vient en mangeant et ce n’est pas Clément Poncet-Leberre qui vous dire le contraire ! Arrivé sur la pointe des pieds à l’Union Rennes Basket il y a quatre ans, ce meneur de jeu ou arrière de formation savoure aujourd’hui d’arpenter les salles de Nationale Une avec ses coéquipiers : « Il y a quatre ans, j’étais en Pré-Nationale, loin d’imaginer de pouvoir évoluer avec des pros. Je suis monté de quatre divisions et il faut digérer et assimiler tout cela, mais surtout profiter, jouer chaque match ou chaque entraînement à fond. C’est un vrai bonheur pour lequel j’ai énormément travaillé et je compte bien continuer ! ». Magnéto, Serge !
« Je me suis présenté à Colette Besson avec mon sac »
Gamin, le numéro 10 qui porte fièrement le nom de sa maman et celui de son père, suit ce dernier sur les terrains de basket rennais, notamment au CPB. Le coup de cœur est direct et frappera aussi les deux petits frères, devenus également basketteurs. Les prédispositions sont là, la dextérité aussi et le ballon orange, une évidence, même si pas l’unique passion du garçon : « J’ai aussi poussé assez loin le judo, jusqu’à la ceinture noire. J’aimais les deux mais à un moment donné, il a fallu trancher et ce fut sans hésitation le basket. C’était une évidence ! ». Passionné de NBA et notamment des Spurs de Tony Parker, il est aussi fasciné par la personnalité et le parcours de Lebron James : « Ce qu’il dégage est énorme. Sa polyvalence, ce qu’il dégage, j’adore ! ». « CPL » s’éclate sur les parquets et grimpe les catégories avec son club de Saint-Malo à l’adolescence. Son talent sautant aux yeux, il intègre l’équipe senior Une à 16 ans seulement, à l’époque en R1. Bon manieur de ballon, joueur vif et rapide, Clément Poncet-Leberre aime les changements de rythme et mettre de la percussion. Au fil des années, il diversifie son jeu et commence à shooter de loin, exercice dans lequel son habileté fait peu à peu ses preuves. Non passé par un sport-études, le meneur de jeu malouin mène ses études tranquillement quand une rencontre va tout changer : « Un ami me met en contact avec Bastien Demeuré, qui recherche des joueurs « sparring-partners » pour les entraînements, motivés et investis. L’URB, forcément, ça me parle et je connais déjà Joffrey Sclear, avec qui j’ai déjà joué, ou Philippe Gautier et Lucas Fontaine, que j’ai affronté en sélections départementales. Je me dis pourquoi pas et je me suis donc présenté à Colette Besson avec mon sac pour tenter le coup… » La suite, c’est une belle histoire qui démarre, pas toujours simple pour un garçon qui doit à la fois montrer ses capacités, son envie et sa détermination tout en ne blessant personne ni sur le terrain de jeu, ni sur celui de l’égo : « C’est une position qui n’est pas simple car on a l’envie de montrer, de prouver. J’ai été super bien accueilli par les gars, avec la chance de pouvoir évoluer avec des gars comme Nikola Djurasovic ou Kabir Pene, qui partait en fin de saison et jouaient détendu, avec ce plaisir de transmettre. D’autres jouaient leur place dans le groupe, me rentrait forcément plus dedans. C’est très formateur, j’ai beaucoup appris ». Dans le même temps, Clément joue toujours avec Saint-Malo le week-end et enquille donc quatre entraînements par semaine, dont deux à Rennes où il fait ses études. Au terme de la première saison disputée ainsi entre Saint-Malo et Rennes, Bastien Demeuré et Pascal Thibaud propose de prolonger l’expérience. Le challenge prend forme au fil des mois et la marche, au départ si haute, est de plus en plus accessible : « Je venais du monde amateur, je n’aurais jamais imaginé être là, avec des gars de ce niveau-là même si j’ambitionnais d’aller le plus haut possible. Ce challenge, je suis allé le chercher, je n’ai rien volé et j’ai donné beaucoup pour faire ma place ». Celle-ci se dégage plus clairement lorsque l’URB propose à son joker d’intégrer le Rennes PA en Nationale 3 à l’issue d’une très grosse saison réussie avec Saint-Malo, où Clément termine meilleur marqueur de toute la division à l’échelle nationale : « J’avais quelques opportunités pour jouer ailleurs en N3 , ou rester à Saint-Malo avec les copains mais j’ai eu envie de relever le défi. Etre joker pour la N2 avec l’URB quand il y aurait des absents et continuer à faire mes gammes avec le RPA… ». Saint-Malo, très heureux de voir son joueur percer plus haut, comprend le choix de son joueur et l’encourage à poursuivre sa progression sans aucune complication : « Là-bas, j’étais arrivé au maximum de ce que je pouvais trouver en terme d’ambition sportive avec eux. La N3, c’était déjà génial mais moi, je voulais me « challenger » encore plus haut. Ils l’ont toujours parfaitement compris et m’ont poussé à y aller, à m’imposer. Humainement, je n’oublierais jamais rien. C’est un club familial, ce sont mes potes, ce que j’y ai vécu restera gravé en moi, toujours… ». Le choix est gagnant puisque très vite, Pascal Thibaud fait appel à son joueur dès le début de saison, la faute aux blessures : « Pascal est un coach qui n’hésite pas à faire confiance, quel que soit le parcours antérieur. C’est rare et c’est vraiment fort. Peu lui importe que vous ayez fait un pôle ou centre de formation, il sait qu’il y a de bons joueurs de basket à tous les niveaux. Aucun à priori et c’est certain, cela libère. Bastien, lui, est proche de nous en âge, met en confiance, donne les conseils aux entraînements. C’est un binôme vraiment complémentaire avec lequel on ne peut que progresser. »
« L’ambiance permet d’ambitionner plus qu’un maintien pur et simple »
Mieux qu’une recrue, à qui il faudrait du temps d’adaptation et dont l’avenir est incertain quand il s’agit d’être joker médical, Clément Poncet-Leberre apporte son envie, son plaisir de jouer mais aussi de vraies qualités, peaufinées et améliorées au contact d’un groupe dans lequel sa place devient légitime et incontestable au fil des semaines. L’URB, ambitieuse, réussit une saison pleine et celui qui n’était que « sparring-partner » devient membre d’une rotation régulière. L’an passé, il participe activement à la belle saison rennaise, interrompue par la Covid-19 alors que l’équipe fonçait vers les finales pour monter en Nationale Une. La suite est connue, avec une accession au Ranking et l’arrivée à destination dans l’antichambre des pros. La pré-nationale est loin et Clément passe néanmoins un début d’été dans le doute : « Il y a eu quelques péripéties l’été dernier au club, on ne savait pas trop de quoi allait être fait l’avenir, qui arrivait, qui partait. Finalement, Denys Sarazin et Pascal Thibaud m’ont réaffirmé leur confiance. J’étais très heureux de poursuivre avec eux, tout en étant sur mon double projet en études, où je passe mon concours pour devenir professeur des écoles. Sur le terrain, tout va bien, avec un groupe vraiment sain et solidaire. C’est d’ailleurs l’ambiance et la bonne entente que l’on vit tous ensemble qui nous permet d’ambitionner un peu plus qu’un maintien pur et simple. Il y a beaucoup de talent et d’expérience dans l’équipe, avec notamment l’arrivée de gars comme Maël Lebrun et Bryan Pamba, qui ont vécu énormément de choses dans leur carrière au plus haut niveau et qui partagent cela en toute simplicité ! Cette année, vraiment, je le répète, la force de l’URB, c’est son groupe où tout le monde existe, tient son rôle et donne tout pour le coéquipier. Avec ça, on peut voir loin ! ».
Loin, jusqu’à une carrière professionnelle ? Si la question est encore prématurée, notamment avec le contexte actuel, le numéro 10 rennaise ne se refuse aucune ambition : « Je suis très bien à Rennes, et je vais passer mon concours dans les semaines qui viennent. Beaucoup de choses se décideront au printemps et à ce jour, je ne ferme aucune porte. Pour le moment, seul le présent compte et je savoure chaque minute passée sur les parquets. Vivre une année comme basketteur professionnel, évidemment, ça fait envie, surtout avec mon parcours mais je sais aussi que c’est sur le terrain que je gagnerai le droit d’avoir ce choix.» Un défi loin d’être insurmontable pour un garçon passé d’un amateurisme qu’il a tant aimé aux portes du basket pro en sans emprunter les chemins traditionnels. Un exemple à suivre également pour ceux qui hésitent encore à faire de leurs rêves les plus fous une possibilité réelle.