Présidente du REC Volley depuis cinq ans, Nathalie Guitton aborde 2021 avec optimisme, malgré la crise sanitaire qui prive la majorité de ses licenciés de matches. Le club réciste garde le cap et nourrit de grosses ambitions pour ses garçons comme pour ses filles.
Le REC Volley voit la saison se poursuivre pour les garçons et les filles en Elite mais l’ensemble des autres équipes est au point mort. Comment jugez-vous la situation du club ?
Il y a deux lectures pour cette saison, l’une du côté des joueurs, l’autre du côté des dirigeants. Si vous demandez aux joueurs, aux joueuses ou aux coaches leur vision des choses, tous vous diront qu’ils sont heureux de jouer même si, hélas, cela se déroule à huis clos. Cela enlève évidemment beaucoup de plaisir mais contrairement à ce qui s’était passé lors du premier confinement, la compétition suit son cours. Côté dirigeants, en revanche, c’est très compliqué ! Trouver des sponsors dans un sport malheureusement peu exposé, avec des matches disputés à huis clos et une visibilité moindre, cela devient une mission hyper délicate. Nous avons aussi beaucoup de soucis pour organiser les déplacements avec les restaurants fermés, les moyens de transport limités… Cette saison est vraiment exceptionnelle. Les péripéties ne manquent pas. Le plus gros problème reste l’absence de matches pour beaucoup de nos licenciés, des plus petits aux Espoirs. Seules nos équipes Elite jouent. Nous avons perdu pas mal de licenciés, malheureusement. Or, le REC, c’est avant tout la formation, les jeunes. L’absence de Coupe de France, la réforme du bac et ses conséquences sur la pratique sportive… Tout cela nous a fait beaucoup de mal.
Faut-il être inquiet pour l’avenir du club ?
Nous sommes inquiets, comme tout le monde, à cause de cette situation mais nous ne sommes pas en danger pour autant. Nous travaillons pour présenter le meilleur bilan possible, en faisant des économies là où nous pouvons en faire. D’ici un mois, nous transmettrons les budgets prévisionnels à nos coaches pour préparer la saison prochaine. Nous faisons au mieux pour répondre aux demandes et aux objectifs. Nous pouvons compter, avec Yann Chubilleau et Quentin Marion, sur deux très bons techniciens, qui construisent leurs projets de jeu respectifs en connaissant les moyens qui sont les nôtres.
« Avec le Rennes Volley 35, ce n’était pas un problème de personnes »
Quels sont les objectifs, sur le plan sportif, pour les mois à venir, tant pour les garçons que pour les filles ?
Je pense que nous sommes dans les temps, avec un regret chez les filles : avoir commis une erreur administrative qui nous a coûté six points. Cela change tout pour l’analyse comptable de la saison. C’est vraiment dommage pour elles car sur le terrain, elles assurent et montrent de très belles choses. L’objectif n’était pas de monter cette année, nous ne sommes pas encore prêtes. Approcher les playoffs de près aurait été une belle réussite. Il faudra se maintenir et préparer au mieux la saison prochaine. Chez les garçons, l’ambition est clairement d’aller chercher la montée en Ligue B. L’équipe est construite pour cela et elle va réussir à aller au bout, je n’en doute pas. L’ensemble est solide avec, comme chez les filles, un groupe qui vit très bien. Nous avons déposé un dossier en amont, comme il est nécessaire de le faire, pour accéder au professionnalisme. Il a reçu un avis favorable. Néanmoins, nous avons pas mal de travail à effectuer en prévision de ce passage chez les professionnels.
Vous devriez donc reprendre le flambeau du volley professionnel à Rennes, six mois après la disparition du Rennes Volley 35. Avec le recul, quel regard portez-vous sur cet événement ?
Il faut bien comprendre que cette issue n’est pas due à un problème de personnes. Beaucoup de gens ont parlé sans savoir, affirmant qu’il s’agissait d’un conflit entre des individus alors que cette situation est avant tout due à un problème financier. Soyons clairs, personne n’est sorti grandi de la disparition du Rennes Volley 35 mais sachez-le, il y avait une volonté de travailler ensemble. Brice Chambourg participait au projet du REC féminin, par exemple. Le problème, je le répète, était d’ordre financier, sur de nombreuses saisons cumulées. Si tout s’était résumé à ce fameux numéro d’affiliation, tout serait rentré dans l’ordre, bien évidemment.
« Il faut s’appuyer sur les jeunes que nous formons »
Toujours est-il que vous avez désormais un sacré défi à relever en cas d’accession à la Pro B. Par quelles actions cela passe-t-il ?
Il va falloir structurer notre club, avant même de parler de notre équipe, avec des compétences mêlant expérience, savoir-faire et connaissance du volley professionnel. Il faudra quelqu’un pour s’occuper des partenariats, que nous souhaitons mutualiser sur les deux sections, masculine et féminine, sans doute à temps plein. Nous avons déjà commencé à le faire cette saison et il est évident que la Ligue B apportera une exposition et un attrait supérieur. Nous allons aussi structurer notre secteur administratif, la communication, et essayer d’apporter un maximum de soutien à nos techniciens. Sur le terrain, l’idée est de ne pas faire de folies et de s’appuyer sur les jeunes que nous formons. Pour nous, c’est une obligation. Il faut privilégier la formation et le double projet, avec l’objectif d’accompagner le mieux possible nos jeunes sur le terrain mais aussi en dehors. La base de cette année est très intéressante. Nous ne pourrons pas faire de grosses dépenses, de toute manière. Chez les filles, l’ambition sera de se mêler à la lutte pour le haut du tableau. Les filles évoluent au second niveau national et il s’agit de la deuxième saison d’affilée en Élite. Il faut pérenniser avant de viser un cran plus haut.
Bientôt arriveront les élections pour un nouveau bureau, un déménagement probable du siège du club et peut-être un statut professionnel. Serez-vous toujours de l’aventure ?
L’élection du bureau a été reportée en raison de la crise sanitaire la saison passée. Elle doit se tenir prochainement, sans doute au printemps. Je ne veux pas laisser le club dans la difficulté et je reste totalement dévouée au projet. Mon cas personnel importe peu. Ce qui compte, c’est de retrouver de l’attractivité, de la lumière et une vie autour du volley à Rennes. Avec le déménagement de notre siège à la salle Colette Besson, aux côtés de l’URB, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Mais nous devons faire attention à ne pas nous couper de Courtemanche et de tout notre secteur jeunes. Le REC essaiera enfin d’être un acteur social dynamique auprès des quartiers de la ville, comme le font très bien nos collègues de l’URB ou du CPB. Il y a de nouveaux projets à définir. Nous essaierons d’apporter notre pierre à l’édifice. Avoir deux équipes au plus haut niveau, une masculine et une féminine, est rare. C’est un objectif élevé mais c’est un défi passionnant et nous comptons bien le relever.