Laura Villeger : « Mettre l’état d’esprit et la hargne au-dessus de tout »

Sur le poste d’ailière droite, derrière Eden Dumoulin, sévit depuis bientôt trois années Laura Villeger, 20 ans. Dans un style tout en explosivité et en vivacité, la joueuse arrivée du pôle d’Angoulême continue de grandir et de tenir son rôle au sein du groupe D2. Pour la première fois, elle se prête au jeu des questions-réponses. Avec punch et efficacité, comme sur le terrain !


Depuis le 23 janvier, vous revoici en compétition, après une longue bataille pour vous octroyer ce droit auprès des instances. On imagine un vrai soulagement pour vous, les joueuses ?
Déjà, nous sommes très heureuses d’avoir repris la compétition. Nous nous sommes bougés, joueuses, dirigeants et clubs, pour cela. Ce que nous demandions, au travers des différentes lettres adressées à la Fédération pour faire reconnaître la D2F comme professionnelle, ce n’était pas des salaires, de l’argent ou quelque chose de ce genre mais le droit, tout simplement, d’être reconnues comme pros, ce que nous sommes, même si c’est à mi-temps, ici, sur les doubles projets. Il s’agissait uniquement de pouvoir jouer. Retrouver la compétition fait beaucoup de bien à tout le monde. Nous pouvions nous entraîner, oui, mais sans un match à disputer le week-end, ce n’était pas facile.

Ce ne fut pas simple non plus face au Havre, avant une belle réaction à Aunis. Comment juges-tu cette reprise (NDLR : entretien réalisé avant la victoire contre la Stella) ?
Nous travaillons dur et bien aux entraînements. Le groupe est réceptif, très jeune, il progresse. Physiquement, nous étions prêtes mais contre Le Havre, nous n’avons pas su reproduire tout cela. Notre production était insuffisante et contre une équipe de ce calibre, qui n’a pas besoin d’« aide » pour s’imposer, ça n’a pas pardonné. La défense est notre point fort et là, elle a été défaillante. À Aunis, c’était mal parti également mais Olivier (Mantès) nous a remis la tête à l’endroit au premier temps mort.

Quels ont été ses mots ?
C’est simple, il nous a dit d’oublier un instant le geste technique, d’arrêter de cogiter et de montrer du caractère, de mettre l’état d’esprit et la hargne au-dessus de tout. Nous nous sommes libérées dans la foulée et remises à l’endroit. Ces points pris à Aunis sont très importants, tant pour le classement que pour les têtes. Nous sommes concentrées sur un unique objectif, le maintien. Il faudra montrer des valeurs mentales à chaque match pour réussir dans une poule ultra-homogène.

« Je ne regarde ni le score, ni les attitudes des autres »

Au-delà des points ou du classement, le plaisir est-il lui aussi de retour avec ces matches, même sans public ?
Bien sûr. Mais le public nous manque, surtout ici, où il joue un rôle énorme. L’ambiance, les encouragements, la relation que nous avons avec lui nous manquent énormément. Après, une fois admis le fait de devoir jouer sans lui, il y a bien sûr le plaisir d’être sur le terrain. Le handball, c’est un sport passion. Nous donnons beaucoup pour lui et c’est la base de tout. Sans cela, impossible de jouer ou d’appliquer un schéma tactique. Les objectifs ne seront atteints que si nous sommes heureuses et solidaires sur le terrain, avec l’envie de jouer et de gagner.

Sur le plan personnel, comment juges-tu ton évolution cette saison ? As-tu franchi un palier ?


Je ne sais pas si j’ai franchi un palier mais j’essaie de me poser le moins de questions possible et de travailler sur les axes de progression identifiés. Je me sens de plus en plus à l’aise dans ce groupe. Je rentre régulièrement lors des matches et je suis concentrée à fond sur mes objectifs. Dans ma tête, je suis « focus » sur mon jeu, ce que je dois faire et les buts à atteindre. Je ne regarde ni le score, ni les attitudes des autres. On m’a reproché, sans doute à juste titre, de ne pas dégager assez d’agressivité ou de hargne sur le terrain et je travaille dur pour changer cela. C’est important de recevoir des critiques constructives pour avancer et aujourd’hui, je pense avancer sur ce plan-là. Que ce soit à l’entraînement ou en match, je suis plus agressive. Juliette (Guerrier) peut malheureusement en témoigner après un gros taquet reçu à l’entraînement, involontaire bien sûr ! (Rires) Olivier m’a regardé, un peu surpris. L’objectif n’est pas de blesser mes copines ou les adversaires, évidemment, mais d’y aller franchement. Je suis encore jeune, j’apprends pas mal de choses. J’ai tendance à ne pas avoir assez confiance en moi mais le travail commence à payer et j’avance aussi sur ce terrain-là.

Sur le plan du projet professionnel, hors handball, vers quoi te diriges-tu ?
Aujourd’hui, je termine mon cursus STAPS et je continue de réfléchir à la suite à donner à cela. J’aimerais m’orienter vers les métiers de la préparation mentale, voire physique. C’est un domaine qui me passionne, avec de nombreuses diversifications possibles. Maintenant, c’est sûr, j’aimerais continuer le hand à ce niveau-là. Jouer en pro, c’est quelque chose que toute passionnée rêve de vivre. Pour le moment, je suis concentrée sur notre saison et la fin de ma licence. On verra pour la suite en temps voulu.



Comment as-tu rejoint les Roses en 2018 ?
J’ai démarré le hand pour faire comme mon grand frère. J’ai vite accroché et j’ai passé les étapes. Ma coach, Diana Stoïan, qui opérait dans un club près de Poitiers, m’a poussée à aller plus loin, à insister. J’ai passé les tests pour le pôle d’Angoulême et j’ai été prise. Ensuite, je n’ai pas été retenue pour rejoindre celui de Talence, alors que j’étais en Terminale. J’ai évolué en N3 avec Migné, qui était dans la même poule que la réserve du SGRMH à l’époque. C’est Valentin Boulaire qui est venu vers moi, après que nous nous sommes affrontés, pour me proposer d’intégrer le centre de formation, avant de pouvoir rejoindre la D2.

Après trois ans passés en Bretagne, te sens-tu bien dans tes baskets, surtout après les douze mois qui viennent de s’écouler ?
Franchement, la Bretagne, c’est chouette, même s’il pleut quand même pas mal…

Attention, alerte cliché ! Tu viens de Poitiers, ce n’est pas non plus 30° toute l’année sous les palmiers…
Sans doute est-ce le cœur qui parle et trahit mes origines poitevines ! (Rires) Mais quand même, il pleut pas mal dans le coin. Heureusement, les gens sont adorables, chaleureux. Je me sens très bien ici. Concernant l’année Covid, j’ai passé le premier confinement avec mes parents, en suivant à distance les décisions qui tombaient. Ensuite, nous avons eu la chance de pouvoir toujours nous entraîner, d’avoir une vie sociale avec les autres joueuses. Avec la reprise de la compétition, c’est un vrai bonheur d’avoir un match à disputer à l’issue de la semaine de boulot. On travaille toutes pour cela. Maintenant, nous allons tout faire pour aller chercher le maintien au plus vite. Ce groupe bosse bien et le mérite.