Légende du football mondial, Xavi Hernandez rappelait, via un tweet, le rapport complexe entre les statistiques ou chiffres et l’interprétation d’un match réussi pour un joueur au travers de ceux-ci. Nous avons choisi de rebondir ce mois-ci sur cette relation ambiguë aux chiffres dans un sport que certains aimeraient imaginer science implacable. Malgré l’essor des nouvelles technologies et des pressions commerciales allant avec, les témoignages des coachs interrogés prouvent que nous n’en sommes pas encore là !
Ces données sont-elles un « simple plus » pour l’analyse ou bouleversent-elles en profondeur vos analyses et ressentis sur les performances des joueurs(euses) ?
Mehdi Boubakar (Cesson) : Le métier d’entraîneur est avant tout constitué d’un regard sur le jeu, l’adversaire mais aussi les projets proposés aux joueurs. Les outils à notre disposition sont ensuite des témoins offrant le ressenti des joueurs. Grâce à Mycoach, où nous entrons nous-mêmes une série de questions bien précises, les résultats donnent des indications sur le plaisir du joueur à s’entraîner, le rythme qu’il peut mettre ou ne peut aussi parfois pas mettre. Les stats, c’est autre chose. Après un match, on regarde beaucoup d’autres choses et nous sommes surtout dans l’appréciation du joueur, de sa performance défensive ou offensive. Il y a le travail défensif et offensif et nous avons nos analystes pour nous amener des chiffres apportant de l’écho, et parfois non, à ce que nous avons relevé de notre côté dans le déroulé du match.
Pascal Thibaud (URB) : Quand on lit des stats, il faut les comprendre et les mettre en perspective. Chez nous, il a par exemple la stat rendement, soit l’évolution du score en rapport au temps de présence sur le parquet. Il y a des plus et des moins avec celle-ci et on ne peut pas la prendre au pied de la lettre. Si un joueur entre dans un moment où l’équipe est ultra dominante ou dominée, son rendement en sera impacté…ou pas ! Nous sommes avant tout dans un sport collectif où chaque action d’un joueur dépend de celle de son coéquipier. La statistique offre une information mais j’insiste encore, ne vaudra que si elle est bien interprétée.
Quentin Marion (Rec Volley) : Je ne suis pas un grand fan de simplement regarder les stats pour évaluer la performance d’un joueur. Les statistiques, pour moi sont vraiment une information supplémentaire. Bien sûr, elles m’aident, c’est un vrai plus pour analyser la performance des joueurs mais elles ne prennent pas en compte le coté émotionnel, ni l’impact psychologique du joueur dans l’équipe par sa présence, ou son absence, sans même parler de sa performance.
Kévin Courties (REC) : Au début, certains ont beaucoup, peut-être trop, vu certaines vérités au travers des chiffres donnés par le GPS. Je me souviens d’un match de l’Angleterre il y a quelques années. Ben Young, le demi de mêlée, connait une baisse de forme au cours du match selon le GPS et se retrouve sur le banc. L’équipe perd son leader puis le match. C’est un bon exemple de ce que doit être la technologie. Elle indique s’il y a fatigue ou pas, baisse de régime physique mais cela reste à l’entraîneur, au joueur, d’interpréter à quoi celle-ci est due. Et surtout, il y a la performance physique mais aussi tout l’aspect mental et le leadership qui sont aussi « partie intégrante » de la perf individuelle et collective. Les joueurs ne sont pas des poulets sans tête et juger et analyser leurs prestations en ne tenant compte que des données métriques, serait une grosse erreur…
Quentin Marion (Rec Volley) : Je ne suis pas un grand fan de simplement regarder les stats pour évaluer la performance d’un joueur. Les statistiques, pour moi sont vraiment une information supplémentaire, bien sûr elles m’aident, c’est un vrai plus pour analyser la performance des joueurs mais elles ne prennent pas en compte le coté émotionnel, ni l’impact psychologique du joueur dans l’équipe par sa présence, ou son absence, sans même parler de sa performance.
Vincent Bréhonnet (Stade Rennais Rugby) : Je considère ces données comme un plus évidemment, nous aurions tort de ne pas nous servir de ces évolutions techniques. Néanmoins j’aime ressentir les joueuses et joueurs, la relation entraîneur joueur doit rester le cœur de notre métier et à mon sens, c’est de là que la performance doit émerger.
Olivier Mantès (SGRMH) : Ces données que nous récoltons servent d’appui pour faire comprendre aux joueuses leurs points forts mais aussi leurs lacunes. Les images, elles, appuient le discours.
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