Depuis trois ans, le SRFC s’est habitué aux joutes européennes, goûtant même à la Ligue des Champions cette saison. La régularité, Graal tant convoité de tous, semble enfin de mise pour un club clairement passé du statut d’outsider à celui d’écurie qui compte en Ligue 1. Une dimension à confirmer dans les six mois à venir, au travers de nombreux défis.
Garder sa place dans le top 5.
Cinquième en 2018, dixième en 2019 puis troisième la saison passée, le Stade Rennais a connu deux de ses quatre meilleurs classements des 20 dernières années lors des 24 derniers mois. Cela n’a rien d’anodin et le club, entré dans une nouvelle ère sur le plan des résultats mais aussi de la notoriété et de l’attente suscitée, voit ses exigences à la hausse quant à l’objectif chiffré de fin de saison. Les recettes inhérentes à une participation européenne sont évidemment capitales pour construire un budget tout autant que l’attractivité dégagée par le club pour les joueurs cherchant un club de très bon niveau sur la scène nationale désormais invité régulier sur la scène européenne. Pour réussir ce pari, il faudra faire avec une concurrence accrue cette saison, Lyon et Monaco étant de retour dans la danse, contrairement à la saison passée. Paris, loin d’être irrésistible, reste favori au titre mais sera suivi de très près par les Rhodaniens revanchards. L’OM, bien que très peu séduisant sur le terrain, parvient à tenir sa place dans le top 5 et sera dans le coup, tout comme Lille, véritable challenger pour le podium aux qualités multiples sur le terrain mais aux coulisses très incertaines, avec un probable impact à venir sur le terrain. Monaco, enfin, travaille dur et bien et pourrait réussir une seconde partie de saison canon, Niko Kovac semblant avoir pris le pouls de la Ligue 1. Derrière, une surprise du type Montpellier reste possible et personne ne sera simple à battre, à l’image des étonnants Angers, Lens ou Brest et des potentiels revenants Bordeaux, Nice ou Saint-Etienne. Rennes a cependant appris, depuis trois ans, et doit s’imposer en patron pour conserver son rang.
Retenir Camavinga un an de plus.
Beaucoup le voient déjà régner sur le milieu de terrain de Manchester United, de la Juventus ou du Real Madrid. Pourtant, rien n’est encore fait au sujet d’Eduardo Camavinga, dans le creux de la vague cet hiver où ses performances sont moins convaincantes qu’il y a quelques semaines. Et quoi de plus normal à cela ! N’oublions pas que le « gamin » vient d’avoir 18 ans et le permis et doit faire face à une avalanche médiatique à son sujet. Pépite, prodige, génie, surdoué… Les nombreux qualificatifs affublés parfois démesurément n’ont fait qu’accroître l’attente autour d’un joueur qui doit encore travailler et achever sa formation. A son âge, certains connaissent leur première apparition en Ligue 1. Lui a déjà connu l’Europa Ligue, la Ligue des Champions et même deux sélections en équipe de France, excusez du peu ! Logiquement chamboulé, il paie sans doute aujourd’hui physiquement toute cette agitation autour de lui, y compris dans son entourage direct où John Barnett s’occupe désormais de ses intérêts. A ce sujet, l’agent a récemment refroidi les courtisans du joueur sur la chaîne Téléfoot : « On ne parle jamais de ce genre de choses publiquement. Ce sont des choses privées entre le club, le joueur et nous. Toutes les négociations de contrat, je n’en parle jamais publiquement. Aujourd’hui il est sous contrat avec Rennes. Donc on n’a aucun contact avec d’autres clubs. Mais il a un si grand talent que je pense, et avec mon expérience je me trompe rarement, que beaucoup de clubs le voudront dès qu’il sera disponible. Une arrivée au Real Madrid ? J’ai de bonnes relations avec beaucoup de grands clubs. Mais comme je vous l’ai dit je n’ai encore discuté avec personne ». Simple démarche pour recentrer le joueur sur le jeu ou possibilité réelle pour le Stade Rennais de conserver son joueur un an de plus ? L’idée ne serait en tous cas pas si saugrenue. D’autres avant lui ont choisi de grandir deux ou trois ans dans leur pays avant d’aller chez les plus grands et la période vécue actuellement doit montrer également que le joueur n’est peut-être pas encore tout à fait prêt pour les sommets auxquels il devrait néanmoins accéder rapidement. Bien entouré, le joueur, comme depuis le début de sa carrière, prendra probablement la bonne direction. La communauté « Rouge et Noir », elle, serait heureuse que ce soit celle du Roazhon Park pour une petite année encore…
Limiter la casse financière.
La situation sanitaire combinée au mélodrame Médiapro impacte fortement les clubs français, Stade Rennais y compris. S’il a bénéficié d’une situation antérieure saine et de l’apport de la Ligue des Champions, le club doit aussi réfléchir aux meilleures solutions pour amortir le séisme financier à venir qui ne manquera pas d’ébranler le foot français dans son intégralité. Pour ce faire, le Stade Rennais compte évidemment sur ses fidèles partenaires et son actionnaire mais devra aussi, au-delà de ses stratégies commerciales et marketing, passer par la vente de joueurs. Si les sommes évoquées pour Eduardo Camavinga pourraient à elles-seules résorber une partie du problème, d’autres joueurs ayant une valeur sur le marché seront probablement invités à trouver preneur. Il faudra pour cela probablement mettre en avant les garçons possédant une cote importante sur le marché, à l’image de Mbaye Niang, Hamari Traoré, Faitout Maouassa ou Benjamin Bourigeaud. Les renouvellements de contrat seront également étudiés à deux fois, notamment sur les salaires pour des joueurs qui bien qu’intéressants, n’ont pas dix matchs de Ligue 1 dans les jambes. L’objectif sera aussi, enfin, de préparer au mieux le retour du public au stade mais aussi de préserver les emplois à la Piverdière, où le télé-travail est de mise depuis de longues semaines. A l’inverse de Bordeaux, en très grosses difficultés, qui a déjà licencié trente personnes dans ses bureaux. Une situation que le Stade Rennais veut s’éviter dans les semaines à venir.
La jeunesse, oui mais…
Ils sont jeunes, beaux, talentueux et ont la vie qui s’offre à eux. Pourtant, la route est encore longue pour faire carrière. Le foot, comme tout autre domaine, n’est pas un sprint mais une course de fond et les jeunes pousses rennaises doivent en avoir conscience. Julien Stéphan n’hésite pas à faire confiance à ses jeunes pousses et l’a déjà prouvé. A eux de répondre présent. Sous ses ordres, Eduardo Camavinga, Sacha Boey et Yann Gboho d’abord, puis Adrien Truffert, Lilian Brassier, Brandon Soppy, Lorenz Assignon et Georginio Rutter cette saison ont gagné leurs premières minutes en pro, au point de prétendre pour certains à intégrer régulièrement le groupe pro rennais. Les prochains seront peut-être Warmed Omari, Lesley Ugochukwu, Noah Françoise, Franck Rivollier ou Junior Kadile mais comme pour les heureux élus du groupe, la patience est de mise.
Retrouver du panache.
Gagner, l’obsession mais aussi l’obligation d’un coach, bien au-delà de la manière. Le temps n’est pas une option dans le monde pro, hélas, et souvent, seuls les trois points comptent… Ceci est et demeure, à ce jour, la réalité d’un entraîneur de Ligue 1, à Rennes comme ailleurs. Néanmoins, un vent nouveau souffle sur la Ligue 1. Au centre du débat, la manière et le jeu et donc, le spectacle produit, qui s’il est qualitatif, entraînerait forcément les résultats. Lens, Brest, Montpellier ou Monaco symbolisent aujourd’hui cette envie de jeu, d’explosivité, de projections rapides vers l’avant. L’inconstance des résultats est le revers de la médaille mais le plaisir est souvent au rendez-vous, avec un jeu plus débridé, se rapprochant du fameux « Gegen-pressing », référence actuelle des techniciens européens symbolisée par Jürgen Klopp à Liverpool, fait de pressings haut et de projections verticales rapides et intenses à la récupération. Rennes peut-il pour autant muer vers cette doctrine ? Pas si simple, en l’absence de joueurs ayant le profil idoine pour ce style si prisé mais le style de jeu en place depuis de nombreuses semaines pourrait gagner en intensité et en folie. Pour cela, plus de verticalité, de dribbles dans la surface de réparation et de frappes lointaines seraient les bienvenus, d’autant plus que les bases collectives et tactiques de l’équipe demeurent solides (sixième défense de Ligue 1). Pragmatique et capable de s’adapter à l’effectif mis à sa disposition mais aussi à ses adversaires, Julien Stéphan, grand admirateur notamment de Nigel Nagelsmann, autre apôtre du beau jeu, a sans doute plusieurs plans en tête pour améliorer le jeu de son équipe, tout en prenant les points. Pour cela, il dispose d’une denrée de plus en plus rare, en Ligue 1 et ailleurs, le temps ! Nul ne doute qu’en 2021, le coach saura en faire bon usage !