Le taulier du CRMHB présent au club depuis treize ans avait prévenu en pré-saison : lui et son club de cœur n’étaient pas de retour dans l’élite pour y faire de la simple figuration. Dans une année définitivement pas comme les autres, le numéro 11 cessonnais dresse l’état des lieux encourageant sportivement à la mi-saison.
L’interminable année 2020 vient de se terminer, avec ses nombreux événements. Comment vis-tu ce nouveau contexte sanitaire depuis neuf mois désormais ?
Sincèrement, on s’habitue, au fil des semaines. Au début, ce fut compliqué, surtout avec les entraînements reportés, annulés, les changements de dernière minute. C’est l’incertitude qui fut compliquée à vivre. Pour ce qui est des tests et des règles de distanciation, on s’y fait, doucement. J’avoue que ce n’est pas toujours super agréable mais on s’y fait et surtout, nous avons de la chance de pouvoir jouer, continuer à travailler, à vivre notre vie sociale avec les copains. C’est une vraie chance.
Le confinement du printemps a-t-il laissé des traces physiquement ?
Je l’ai vécu sereinement, en travaillant physiquement et en profitant au maximum de ma famille. Après, au moment du retour à l’entraînement, on a pu constater les conséquences. On voit de nombreuses blessures, tous sports confondus et ce n’est pas un hasard. En mars et avril, puis mai, nous les joueurs n’avons pu faire que de l’entretien physique, nous maintenir en forme. La compétition, l’entraînement, les contacts, ça n’a rien à voir. J’ai eu des courbatures comme jamais à la reprise, après les premiers entraînements. Et puis il y a eu des petits pépins physiques qui font que je n’ai pu jouer qu’un seul amical puis manqué les deux premiers matchs de LSL. Désormais, tout cela est derrière, je suis en pleine possession de mes capacités.
Cela tombe bien, le club, qui a choisi de faire monter la jeunesse derrière toi à l’aile gauche, a besoin de toi !
Quand j’ai prolongé pour deux saisons, avec l’envie d’amener mon expérience et toute l’envie que j’ai toujours, à chaque entraînement ou match, pour contribuer à réinstaller Cesson à sa place, en Lidl Starligue. J’essaie d’aider mes « petits » à progresser, à découvrir au mieux l’élite tout en donnant tout dès que je suis sur le terrain. J’aime bagarrer, j’ai encore du jus et l’envie d’y aller et d’offrir tout ce que j’ai à ce groupe, qui vit et travaille très bien depuis le début de la saison, encore plus avec le contexte que l’on sait.
Comment juges-tu jusqu’ici la saison du CRMHB ?
Sincèrement, ce que nous avons produit est intéressant. Je pense, sincèrement, qu’il nous manque trois ou quatre points pour réellement valoriser en points ce qui a été fait sur le terrain. Il y a dans cette équipe de la jeunesse, de l’enthousiasme et du métier, le mélange est bon et l’ambiance excellente. Contre Saint-Raphaël, Tremblay, Montpellier ou même Aix, cela aurait pu basculer de notre côté. A Istres mais aussi à Montpellier, dans une moindre mesure, de l’autre côté. Avec huit points, nous avons été en partie récompensés mais l’idéal serait de gagner dès la reprise contre Ivry, afin de conforter ce petit matelas très précieux en vue du maintien.
Sur le plan tactique, sur quels domaines l’équipe doit-elle encore progresser ?
Nous sommes « chiants » à jouer en défense, sur les attaques placées, je pense que pas mal d’équipes peuvent en témoigner cette saison, mis à part les deux raclées prises à Paris et à Nantes. Nous sommes dans les dernières défenses à cause de ces matchs-là mais sur les huit autres, nos productions défensives sont très convaincantes. En attaque, il y a encore du travail mais nous marquons pas mal tout de même. C’est sur les phases de transition, les contre-attaques et les remontées rapides que nous devons être plus agressifs, plus décisifs, tant défensivement qu’offensivement. Il y a un boulot important là-dessus que nous avons déjà identifié et sur lequel nous redoublons d’effort et d’investissement.
Sur le plan personnel, comment juges-tu ton début de saison ?
J’ai deux sentiments, à l’image des chiffres ! En défense, j’y suis, je donne tout et je prends toujours autant de plaisir à défendre, à rentrer dans l’adversité. En attaque, en revanche, j’ai bien conscience que mes stats ne sont pour le moment pas suffisantes. D’un côté, et j’en ai parlé avec le coach, j’avoue avoir peu de ballons à exploiter mais je reconnais aussi ne pas avoir été assez efficace au shoot. Contre Istres par exemple, j’en ai deux que je dois mettre au fond… A moi de travailler pour être plus décisif et apporter ces buts supplémentaires pouvant faire basculer les choses en notre faveur. Le maintien semble accessible et nous allons essayer de le valider le plus tôt possible.
Un mot sur l’absence du public. As-tu fini par t’y habituer ?
Autant on s’habitue aux protocoles, aux tests, autant l’absence de public, c’est horrible ! La plupart des joueurs, et j’en fais partie, sont animés et transcendés par le public. J’aime être poussé à la maison et sifflé ou chambré à l’extérieur, cela me donne ce supplément d’âme, ce petit plus précieux, notamment dans les money-times. L’absence de notre public est dure à vivre, vraiment, mais nous devons passer outre et jouer, sans nous poser de question. Il faut être pros même si évidemment, cela modifie la donne et peut avoir de l’influence sur les résultats, c’est incontestable.
Tu as forcément un œil attentif sur la campagne participative lancée par le club. Es-tu inquiet pour l’avenir du CRMHB ?
On l’est, forcément, par rapport à ce contexte et ce, pour le handball en général. De notre côté, nous essayons de faire le show sur le terrain, de donner au maximum à nos supporters qui nous regardent à la télé ou continuent de nous suivre comme ils peuvent. Pour ce qui est du club, c’est compliqué, pour tout le monde. Il faut s’accrocher, tous ensemble, nous voulons rester au plus haut niveau et j’espère que tout le monde autour du club au niveau sera avec nous. Hors de question de laisser tomber et ce que nous pourrons apporter sur le terrain, comptez sur nous pour le donner !
Il te restera un an de contrat en juin 2021, envisages-tu de terminer ta carrière ici ou peut-on t’imaginer avec un autre maillot ?
Tu le sais, je ne suis pas du genre à lâcher. Aujourd’hui, je suis encore en pleine possession de mes moyens. J’ai encore un an et demi de contrat et bien envie de m’éclater dans l’élite. Si mes performances sont bonnes et que le club est satisfait, nous verrons bien. Si j’avais dû partir, et j’avoue y avoir pensé à certains moments, je l’aurais sans doute déjà fait mais je suis toujours là et heureux. Cesson, Rennes, c’est chez moi, j’ai ma vie ici, ma famille, mes potes, cela compte, surtout à mon âge ! Le groupe est construit sur de la jeunesse et des anciens pour encadrer le tout, les valeurs des Irréductibles sont de nouveau là et le discours du coach toujours aussi plaisant, tourné vers la performance. Ma seule préoccupation à ce jour est à court terme, surtout dans le contexte actuel, avec l’envie de croquer dans chaque match, de gagner contre Ivry et de maintenir au plus vite l’équipe sportivement. Le reste, nous aurons bien le temps ….