Si l’addiction au buzz avait attiré ceux qui se voyaient déjà achever la « pseudo bête blessée » Stade Rennais, la prestation fournie par les joueurs de Julien Stéphan n’a pas permis la curée apparemment tant désirée de certains. Le contenu mérite de passer devant le résultat, surtout au regard des effectifs présents sur la pelouse du Roazhon Park et des états de forme respectifs des deux équipes, mais pour autant, ne doit pas empêcher de voir les manques du Stade Rennais aujourd’hui pour prétendre à de meilleurs résultats.
Les Rennais l’ont répété à maintes reprises cette saison, la Champion’s League est l’occasion d’un réel apprentissage, un moment où l’on se frotte aux meilleurs, que l’on a regardé tant de fois à la télé ses dernières saisons. Non, Rennes ne boxe pas encore dans la catégorie d’un Chelsea. Pourtant, mercredi, les joueurs de Julien Stéphan ont regardé droit dans les yeux une équipe composée exclusivement ou presque d’internationaux, alignant sans complexe une jeunesse symbolisée par les enfants du club Adrien Truffert, Eduardo Camavinga, Gerzino Nyamsi, James Lea-Siliki. Un mauvais alignement sur le premier but puis une mauvaise transmission et de l’inattention sur le second ont été payés cash. Evidemment, Timo Werner, seul face au but aurait pu d’entrée de jeu tuer tout intérêt à la rencontre mais il n’en fut rien. Il y a eu match et les joueurs ont prouvé leur attachement à leurs couleurs mais aussi au projet porté brillament depuis de longs mois par Julien Stéphan.
Alors oui, les statistiques peuvent être loquaces si on les oblige à donner un sens à ce que l’on veut bien démontrer… Oui, en dix matchs, le Stade Rennais n’a gagné qu’une fois. Oui, le Stade Rennais a chuté à domicile contre Angers et Bordeaux. Eux-aussi, nous semble-t-il, jouent les matchs pour les gagner et personne en L1 ne peut aujourd’hui être certain de prendre trois points hormis peut-être un PSG déterminé et concentré. Oui, le Stade Rennais ne marque plus dans le jeu, ou trop peu mais être efficace sur coups de pieds arrêtés n’est-il pas un véritable atout dans un football de plus en plus verrouillé ? Dans ces fameux dix derniers matchs, il y eut Chelsea, deux fois, le PSG, Séville, excusez du peu. C’est plus lors des nuls contre Reims ou Dijon et lors des revers évoqués contre le SCO ou les Girondins qu’il faut évidemment chercher les motifs d’inquiétude, sans pour autant se mettre en quête de vouloir enfoncer le clou du doute dans la jambe meurtrie de celui qui essaie d’avancer…
Ce vendredi, à Strasbourg, Julien Stéphan sera privé de trois de ses recrues, Martin Terrier, Nayef Aguerd et Daniele Rugani. Clément Grenier est incertain, tandis que Jonas Martin pourrait faire son retour. Pour autant, peu importe la composition d’équipe, peu importe le breuvage, seule l’ivresse des trois points sera belle. Cessons un instant cette exigence de nouveaux enfants gâtés par deux années souriantes, souvenons-nous que l’an passé, le club était à pareille époque en bien moins bonne situation. Rappelons-nous aussi de l’euphorie datant d’à peine deux mois de certains, qui voyaient Rennes défier les yeux dans les yeux le PSG pour le titre. Comme à cette époque, un tel constat était « too much », jeter le bébé avec l’eau du bain aujourd’hui n’a pas vraiment de sens…
Comprenons enfin, que l’absence du public, même celle de ceux qui sont aujourd’hui les plus prompts à insulter directement les joueurs sur leurs réseaux sociaux, critiquer ou faire fit du devoir de mémoire collective, si souvent oubliée dans le football, pèse réellement dans les résultats. Avec du public, Rennes a remporté quatre de ses cinq victoires de la saison. C’est peut-être un détail pour vous mais pour eux, ça veut dire beaucoup, même si cela n’excuse évidemment pas tout, loin de là. Pour autant, un vrai supporter ne tend pas son écharpe uniquement lors des soirs de victoires, il sèche parfois ses larmes avec et cache ce que son amour du jeu ne peut plus voir en la plaçant devant ses yeux.
A la Meineau, il faut gagner et confirmer les bonnes intentions vues face à Chelsea, face à un adversaire bien évidemment inférieur aux Anglais. En plein doute, les hommes de Thierry Laurey ne réussissent plus à gagner non plus, sont enfoncés en bas de tableau mais jouent, vont de l’avant et essaient de s’en sortir. A coup sûr, ce ne sera pas une partie de plaisir mais ce match doit permettre de se remettre la tête à l’endroit, de remettre l’efficacité au cœur du jeu avant d’aller jouer la finale pour l’Europa Ligue à Krasnodar. Que ce soit sur corner, pénalty, ou avec peu de kilomètres parcourus, la victoire et les trois points seront les bienvenus et l’union autour des joueurs également. La saison est et sera encore très longue, réservant encore beaucoup de rebondissements. Et ça, le Stade Rennais connait parfaitement…