Les annonces de la LNH étaient très attendues et n’ont pas fait que des heureux. Si le président Stéphane Clémenceau s’est exprimé par un communiqué acceptant l’aspect démocratique de la décision, l’avenir s’assombrit pour des Irréductibles en grand danger, et ce, cette fois-ci, loin des parquets !
Le bruit des chaussures qui crissent… Celui des ballons tapant la barre ou encore les consignes envoyées depuis le banc de touche par les coachs. Il va falloir s’habituer, jusqu’au 31 décembre, à vivre un handball différent, vidé de son essencemême, de sa joie de vivre et de ceux qui en font un spectacle : le public ! Le handball de novembre et décembre n’aura que le silence des tribunes pour l’accompagner… Vers où ? Beaucoup craignent d’ores et déjà le pire, à savoir des dépôts de bilan, purement et simplement ! En novembre et décembre, les handballeurs de Lidl Starligue vont donc « continuer le spectacle sans spectateurs », décision votée par la majorité des seize présidents de l’élite et par la totalité de ceux de Proligue. Seuls Gaël Pelletier pour le HBC Nantes, a voté contre. Les clubs de unkerque, Aix, Chambéry et de CessonRennes se sont abstenus : « Nous étions contre le fait de jouer à huis-clos, du fait de notre modèle économique reposant sur la billetterie, les partenariats privés et les hospitalités, explique Stéphane Clémenceau, mais nous n’avions pas non plus de solution miracle à apporter. Partant de ce postulat, nous ne pouvions pas voter pour le projet, ni pour, ni contre ». Point positif de ce choix de la LNH, les joueurs continuent d’exercer leur métier, à la condition de ne pas être testés positifs (ou d’être cas contact) et à la condition d’être totalement protégés, comme tout autre travailleur d’un autre domaine d’activité. Que faire néanmoins si l’un de ces valeureux guerriers tombait gravement malade, avec la sensation d’avoir été exposé au risque au moment où tout le monde est incité à rester chez soi ? Quelles seraient alors les responsabilités des uns et des autres ? Le débat est large, sensible, et loin d’être tranché. Toujours est-il que la compétition continue donc dans la plus stricte intimité.
« SI RIEN NE BOUGE, LE DÉPÔT DE BILAN SERA INÉLUCTABLE »
La conséquence directe de cette décision aura un coût. Le Cesson RMHB, comme Chambéry et Aix notamment, a construit son projet mais aussi son budget avec l’appui et l’adhésion de partenaires privés, de la billetterie, des buvettes et ensuite, des subventions locales, départementales et régionales, ainsi qu’avec la Métropole. Celles-ci s’élèvent aux alentours des 600 000 € soit le plus faible montant de l’élite, quand la moyenne est à 1,85 M€… « Sans les aides évoquées par l’Etat mais à ce jour non officialisées, ni une mobilisation des collectivités, le club ne pourra pas s’en sortir. Nous, comme beaucoup d’autres… » Pourquoi ? Le calcul est simple. Cesson doit jouer ses matchs contre Aix (22 novembre), Créteil (3 décembre) et Nîmes (16 décembre) dans une salle vide et donc dans l’incapacité de produire une quelconque richesse. S’il est privé de la possibilité de générer des recettes par le contexte sanitaire, avec l’instauration du huis-clos, les compensations doivent exister et être à la hauteur d’un préjudice subi et imposé, n’étant nullement le fruit (pourri) d’une mauvaise gestion ou d’une politique économique douteuse. En construction progressive depuis quinze ans, le club, géré en « bon père de famille », est un modèle de rigueur et de respect des différents critères imposés par la DNACG. Plus petit budget de Lidl Starligue, il fait avec ses moyens et ne mérite pas de terminer ainsi. L’exemplarité attise le respect mais mérite surtout un vrai coup de main face à un tsunami ! Le chômage partiel demandé sur une partie de l’activité des joueurs, une exonération des charges rétroactive et une indemnité billetterie pour l’instant bloquée au niveau européen sont autant de solutions et d’espoirs évoquées par l’Etat qui seront indispensables mais insuffisants si la situation venait à perdurer. Le calcul est simple : dans une salle vide, le manque à gagner est estimé à 80.000 € par match, soit près de 240.000 € pour la période déjà actée dans cette configuration (jusqu’à 320.000 si le match face à Chambéry est reprogrammé d’ici au 21 décembre). Ajoutez-y les pertes évaluées à 600.000 € avec la jauge réduite à 1000 personnes et le constat est là : un exercice à moins 950.000 €, sans possibilité de compenser par une activité faisant entrer de l’argent. Avec un fonctionnement construit autour des partenariats privés, la billetterie aujourd’hui nulle et les buvettes fermées depuis la reprise (au total 80 % du budget pour ces trois posts, contre 20 % de subventions), l’avenir s’annonce incertain et la solidarité sera de mise, à Cesson comme ailleurs, le HBC Nantes étant lui aussi en grand danger avec un delta dépenses-recettes encore plus important. Cesson, comme Aix ou Chambéry, club au fonctionnement similaires, pourraient purement et simplement être ainsi rayés de la carte handball à terme, la faute à une situation inédite totalement subie : « Si rien ne bouge pour nous, nous serons rapidement en cessation de paiement avec un dépôt de bilan inéluctable. Une situation inimaginable au vu des efforts et du travail réalisé depuis plus d’une décennie mais pourtant bien réelle si les clubs ne sont pas accompagnés », souffle Stéphane Clémenceau, qui croit néanmoins encore en des jours meilleurs : « J’ai pleine confiance en nos collectivités qui ne vont pas nous laisser tomber ainsi. Il y aura une prise de conscience collective vis-à-vis de nous mais aussi du sport et de son importance dans le paysage brétillien. Je n’imagine pas non plus que l’Etat qui impose cette situation n’accorde pas des compensations pour tous nous accompagner dans cette crise. Nous sommes nous aussi une entreprise, de spectacle oui, mais une entreprise tout de même. Si les choses vont dans le bon sens, j’ai bon espoir que nous puissions nous en sortir. »
Le gouvernement, très sollicité, devra apporter les réponses adaptées, qui ne peuvent pas être les mêmes pour les clubs professionnels de football et de rugby que pour ceux du handball, basket ou volley. Celles-ci sont très attendues et seront cruciales quant à l’avenir des clubs mais plus largement pour un sport touché de plein fouet par cette seconde vague, tout comme ses homologues du rugby, du basket ou du volleyball. Plus que jamais, les valeurs de solidarité, de combat et de générosité seront indispensables pour imaginer des lendemains meilleurs, à Cesson comme ailleurs.
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