Mine de rien, voilà cinq matchs que les « Rouge et Noir » n’avaient plus savouré le goût de la victoire. Peu importe la coupe, seul le breuvage compte en période de sevrage et celui d’hier eut le goût du courage, de l’abnégation et aussi, du soulagement.
Les Rennais sont ainsi soulagés de la perspective d’entrer dans une spirale négative, comme à la même période la saison passée. Les contenus étaient quelque peu décevants depuis trois journées en championnat (Reims, Dijon, Angers, deux points sur neuf) et celui d’hier, notamment en première période, n’emmena personne au septième ciel, loin de là. Pourtant, le Stade Rennais s’en contentera volontiers.
Il convient d’abord de souligner, une nouvelle fois, la capacité de réaction d’un groupe définitivement allergique à la défaite. Mené sur la première frappe cadrée brestoise du match, sur une erreur d’appréciation coupable de Nayef Aguerd, les Rennais ont immédiatement répliqué, certes sur coups de pieds arrêtés, mais avec une réelle détermination, tant sur le coup de tête du Capitaine Flamme Damien Da Silva que sur celui, du rachat, signé Nayef Aguerd. Les buteurs sont des défenseurs en ce début de saison (3 chacun), une inquiétude ? « Non, cela signifie aussi que chez nous, le danger peut venir de partout » explique en conférence de presse James Lea-Siliki. Pas faux, même si on attend forcément un peu plus niveau efficacité pour les attaquants rennais.
Basculer un scénario mal embarqué d’une partie territorialement dominée n’est jamais anodin. Les Rennais l’ont encore fait, en moins d’un quart d’heure. L’adition aurait pu être plus salée sans un grand Larsonneur côté brestois mais l’édifice reste fragile en défense et dû son salut tant à la classe d’Alfred Gomis en fin de match qu’à la maladresse brestoise dans le dernier geste.
La sensation finale donne un cocktail avec un manque d’intensité, une difficulté à accélérer le jeu et à déstabiliser un bloc bas mais aussi du cœur et de l’envie, qui permettent de ressortir de là, malgré, avec le sourire. Pas de quoi enivrer quiconque donc mais gare aux jugements hâtifs et injustes : cette exigence portée sur le contenu des matchs, alors que les résultats sont bons, est elle bien raisonnable et bénéfique ? Si réfléchir au fond sur la durée, au sujet d’un projet sportif, est nécessaire, un peu de recul ne peut pas faire de mal ! Rennes enchaîne les matchs, perd des joueurs importants sur blessure mais fait front et malgré tout, n’a perdu que deux matchs depuis le début de saison, sur onze disputés.
Parler de crise n’aurait aucun sens et Rennes est encore en construction et en progrès vers la dimension de grand club français et européen. Non, le SRFC n’est pas devenu le Bayern Munich ou le PSG. Ce dernier n’est d’ailleurs guère plus clinquant sur la scène européenne même si ses stars sont l’arbre qui masque la forêt. Le match dans la capitale, le week-end prochain, sera d’ailleurs très intéressant et loin d’être inaccessible, le leader du championnat n’étant clairement pas dans son assiette pour le moment.
Enfin terminons avec le contexte, totalement lunaire, d’abord d’un huis-clos qui condamne les joueurs à trouver des leviers de motivation différents même si possibles malgré tout. Vous supporters, manquez à tout le monde, des joueurs aux dirigeants en passant aussi par nous médias, pour qui l’exercice du métier se retrouve totalement bouleversé… Ensuite, impossible d’ignorer les séances d’entraînement tactique inexistantes et impossibles à mettre en place, avec la répétition des matchs et l’ajout à cela du contexte sanitaire, amenant un quotidien lourd et difficile à assumer pour tout le monde, footballeurs y compris, n’en déplaise à certains.
Une fois tout cela posé sur la table, cette victoire dans le derby a finalement largement de quoi ensoleiller ce dimanche de Toussaint plus tristounet que jamais.