Aujourd’hui, suite et fin de l’interview de Jérôme Thomas, avec les détails d’une belle histoire d’amour le liant à vie au Stade Rennais !
Breton et supporter invétéré des « Rouge et noir » dans une émission comme l’After où Paris, l’OM et Lyon sont les sujets les plus réguliers, ta passion est-elle simple à assumer ?
Oui, ces 3 clubs enflamment systématiquement les débats. Et c’est mécanique, parler de Paris, Marseille et Lyon intéressent tout le monde et fait de l’audience. Ce n’est pas le cas pour les autres clubs français. Mais, à une moindre fréquence certes, on a toujours parlé du Stade Rennais dans l’émission! En bien ou en mal! C’est toujours plus agréable, en tant que supporter rennais, de traiter une actu positive du club dans l’émission. Mais jamais je ne dirai à quelqu’un de modérer ses critiques s’il en a à formuler. Ça n’est pas mon rôle!
Il n’empêche. En dehors de ces deux dernières saisons, tu as quand même du souffrir un peu depuis douze ans…
On s’en est beaucoup moqué à une période, avec la fameuse musique « lounge » qu’on lui associait, un club pépère et une ambiance au stade beaucoup plus feutrée que maintenant, le but de Fauvergue, 3 finales de Coupe perdues. Il faut appeler un chat un chat: c’était la loose! Cette image, c’était celle d’un club qui possède un actionnaire puissant et riche, des structures, un beau stade, du public, des bons joueurs mais qui n’y arrivait pas, même contre Guingamp… Aujourd’hui, c’est différent! J’ai été chambré comme il le fallait mais c’était normal, et on s’y fait. Je pense que le supporter rennais classique a développé inconsciemment une forme prononcée d’autodérision. Aujourd’hui, le regard des gens a changé car le Stade Rennais a changé.
C’est ton avis au regard des deux dernières saisons ?
Oui. L’ambiance au stade, déjà, est incroyable. Les tifos sont parmi les plus beaux en Europe, le bruit n’est plus du tout le même et le rajeunissement du public créé une superbe ambiance, sans animosité, ce qui est à souligner. Le fait de ne pouvoir venir que 4 à 5 fois par an au Roazhon Park me le confirme à chaque fois. Sur le plan sportif, l’année dernière fut exceptionnelle, avec le très beau parcours européen et la victoire en Coupe de France. Néanmoins, je suis encore plus impressionné par la saison en cours.
Pourquoi ?
Confirmer, c’est toujours le plus difficile. Surtout lorsque l’équipe est profondément remaniée à l’intersaison. Même s’ils n’ont pas réussi en Coupe d’Europe, les joueurs de Stéphan démontrent une grande force de caractère. Le jeu n’est pas toujours emballant – mais qui a un jeu emballant en L1 à part le PSG ? – mais à vrai dire, je ne m’ennuie presque jamais devant un match de Rennes. Il se passe toujours quelques chose. Cette saison, cela n’a pas tenu à grand-chose, avec des buts marqués au fin fond des arrêts de jeu quand l’équipe n’allait pas très bien. Julien Stéphan fait du très bon boulot.
Tout le monde, au sein de l’After, n’est pas aussi fan du coach rennais…
Quand Daniel Riolo évoque le « génie breton », ce n’est pas méchant ou insultant, c’est de l’ironie. Je connais Daniel. Là où il a beaucoup insisté, c’était dans le fait de souligner qu’au-delà des bons résultats, qu’il a aussi signalés, le jeu proposé n’amenait rien de nouveau. Dans l’After, c’est vrai, Daniel peut avoir des fixettes. Et alors? Je ne suis pas l’avocat de Stéphan.
Finalement, préfères-tu le plaisir des victoires et ses exigences ou les sympathiques années « maudites » où l’espoir était malgré tout toujours au rendez-vous ?
Je préfère l’époque actuelle, et de très loin! On gagne enfin! Ce qui ne m’empêche pas de garder d’excellents souvenirs de mes années rennaises au stade. Quand on est farouchement attaché à un club, on peut tout suppporter, même 2 finales perdues contre Guingamp. Au début des années 90, je n’oublie pas non plus les supporters Old School, qui étaient souvent âgés et qui nous faisaient bien marrer!
Quel est ton premier souvenir avec le Stade Rennais ?
J’ai été très marqué en 89 ou 90, je ne sais plus exactement, quand l’OM était venu à Rennes, Route de Lorient, avec toutes ses stars. C’était super impressionnant, surtout quand on a 10 ans. Je me souviens qu’il y avait eu 1-1 avec un but de Patrick Delamontagne pour nous contre un de Papin. L’image que je garde, c’est Carlos Mozer, à l’entrée des équipes sur le terrain, qui avait fait une extension de 6 mètres! Il m’avait fait peur!
Et le plus récent ?
Evidemment, comment ne pas parler de la coupe de France l’an passé ? À côté de…Jérôme Rothen. J’étais clairement en mode supporter mais bien refroidi à 2-0. Là, Jérôme me dit : « Vous allez en prendre 5… ». Disons que j’aurais plutôt dit 4. Et puis à la réduction de l’écart, on sent qu’il se passe quelque chose, Paris est en vacances depuis 2 mois et Rennes y croit. Et puis, scénario de fou. A côté de moi, Jérôme Rothen n’est pas chambreur et vire même un peu admiratif au fil du match. Et il change d’avis : « Tu vas voir, vous allez le faire ». Il y a ce poteau de Mbappé en prolongation, tu sens que ça tient à que dalle… Et puis merci Nkunku! Incroyable. Je n’ai rien raté de la course improbable de Koubek! On ne l’avait jamais vu courir, on se dit qu’il va se claquer mais on s’en fout tellement! C’est une sensation très forte, c’était extatique et Jérôme est content pour moi à côté. Pour le PSG et ses supporters, une coupe nationale, c’est la routine… Pour nous, ce fut juste grandiose.