Après des semaines d’attente, le rugby semi-pro et amateur a acté une fin anticipée des championnats. Une sage décision au vu du contexte sanitaire général et des difficultés à pouvoir programmer une reprise. Pour Kévin Courties, entraîneur de l’équipe de Fédérale Une aux côtés de Yann Moison, l’heure est à la mobilisation générale avant de penser au rugby, pour lequel il est désormais tourné vers la saison 2020-2021.
La saison s’est brutalement arrêtée pour le REC Rugby, qui était quasiment assuré de son maintien en Fédérale Une. Comment avez-vous gardé le fil de la saison avant que la décision de l’arrêt définitif ne tombe ?
C’était bien évidemment très compliqué, nous étions dans l’attente des décisions de la Fédération, pour savoir si la saison reprendra ou non. Les joueurs avaient un programme à suivre de maintien en forme mais bon, cela ne remplace évidemment pas les entraînements collectifs. Ils étaient un peu comme des lions en cage et tournaient en rond. Nous voici désormais fixés. La priorité est désormais de bien rester chez soi et de faire tout ce que l’urgence sanitaire exige. Pour le sport, nous verrons tout cela plus tard.
Etait-il imaginable de reprendre la saison ?
Sincèrement, cela me paraissait impossible. Sur notre sport, il y a trop de contraintes physiques, notamment en termes de préparation, pour pouvoir être compétitif et prêt au combat. Nous ne pouvons pas faire deux matchs par semaine, c’est impossible. Je ne vois pas comment nous aurions pu être prêts physiquement et enchaîner quatre journées, puis pour les équipes qualifiées, les play-offs…
Comment se déroule la préparation physique d’une équipe de rugby ?
Il faut déjà 48 à 72 heures pour récupérer des impacts subis lors d’un match. Seul le repos peut réparer tout cela, notamment pour les premières lignes mais aussi pour les avants et les centres. Un match plein, dites-vous bien que c’est entre 30 et 50 impacts. Les gars ne sont pas des machines et même aux entraînements, tout est très dosé dans le but de sécurisé au maximum l’impact des choses. Nos séances compactes dépassent rarement 12 minutes à haute intensité et dix contacts à l’entrainement (ruck, attaque et plaquage). Pour être compétitif sur un match de F1 et reprendre la saison, il aurait fallu au moins sept semaines de préparation physique. Minimum ! Pensez bien qu’il faut, en temps normal, environ 7 heures de rugby et 4 heures de musculation par semaine pour être compétitif le week-end. Il était hors de question de jouer avec la santé des joueurs…
« On retient les histoires d’hommes »
Quelles sont les conséquences de l’arrêt prématuré du championnat pour le REC ?
C’est avant tout sur l’aspect du plaisir, déjà, que les choses se jouent. Ne plus regoûter au plaisir d’être tous ensemble, entre copains sur le terrain, ne pas pouvoir non plus assurer la sortie de ceux qui arrêteront ou partiront en fin de saison. Tout cela fait partie du sport et au-delà des victoires et des défaites, on retient les histoires d’hommes, notamment au rugby. Nous n’aurons pas tout cela mais encore une fois, j’insiste, l’urgence sanitaire passe évidemment au-dessus de tout cela. Notre classement assure notre maintien et la transition vers une troisième année en Fédérale Une. C’est triste de ne pas avoir pu remercier depuis le terrain nos formidables bénévoles, toujours aussi mobilisés et investis, ainsi que nos supporters avec qui il se passe vraiment quelque chose cette année. Tous le méritaient vraiment.
La préparation et le recrutement pour la saison prochaine sont-ils bloqués ?
On ne peut pas dire qu’il y ait un réel avantage dans la terrible situation que nous vivons tous. Pour le recrutement, nous avions déjà commencé à travailler bien avant la crise sanitaire et nous continuons de préparer l’année prochaine en visio-conférence, en faisant beaucoup chauffer les téléphones. Nous avançons et le travail est là pour faire au mieux et construire avec le plus de discernement possible les contours de la future équipe.
L’avenir du club vous paraît-il inquiétant ?
Il n’y a pas forcément de panique car nous avons la chance d’avoir un président et son équipe dirigeante qui sont présents, nous parlent, nous considèrent, travaillent et gèrent tout cela parfaitement. Le REC continue de se structurer et la crise impactera tout le monde, sans doute nous y compris car nous dépendons des partenaires privés qui vont aussi passer par des moments difficiles. Aujourd’hui, personne ne sait ou ne peut mesurer les conséquences. Nous verrons bien mais il y a dans notre club beaucoup de solidarité et nous sortirons plus fort de tout cela. Le travail est très sérieux depuis plusieurs saisons déjà et tout est toujours réfléchi et cadré. J’ai confiance en mon club.
Comment occupes-tu, à titre privé, ton temps en confinement ?
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