De retour dans le groupe et sur les terrains depuis février, Thomas Bolaers, 30 ans, se montre à son avantage et prend une part prépondérante dans la belle série cessonnaise du moment. Après trois ans en Bretagne, il prendra pourtant le train du retour pour la Belgique, en juin prochain. Non sans l’ambition d’un dernier objectif à remplir d’ici à juin…
Six buts contre Selestat, deux face à Nancy et une sensation de plaisir et de force qui se dégage. Le grand « Bols » (ndlr : son surnom) est de retour ? Je suis surtout très heureux de retrouver le terrain, les sensations, le plaisir de jouer, tout simplement. Depuis trois ans et mon arrivée à Cesson, je n’ai pas été épargné, j’ai rarement pu évoluer à 100 %. Cette fois-ci, enfin, je me sens vraiment bien, sans douleur. J’espère pouvoir donner le meilleur jusqu’au bout de la saison, sans être de nouveau contrarié.
Sur le poste d’arrière-gauche, nous t’avons vu très à l’aise, notamment face à Sélestat, avec de l’initiative, des shoots lointains et une vraie rudesse dans le duel…
C’est toujours plus simple quand on se sent bien physiquement. J’ai un jeu où je dois avoir de la caisse, être à 100 %. Là, je me sens bien, en confiance alors je tente. Tant mieux quand ça fonctionne. J’en profite pour avoir une pensée pour Allan Villeminot, blessé pour le reste de la saison, qui était en pleine bourre et contribuait à nos bons résultats ces dernières semaines.
Qu’il ne lâche rien, il va revenir fort, je n’en doute pas !
Quel rôle tient Sébastien Leriche dans ce retour en forme ?
Franchement, un rôle prépondérant ! Sébastien est très important pour le groupe et l’a aussi été à titre personnel. C’est quelqu’un qui ne laisse personne sur le bord de la route, qui emmène tout son groupe avec lui. Même quand je ne jouais pas, il était là, prenait des nouvelles, suivait l’évolution physique mais surtout, morale de la situation. Je te donne deux exemples qui le résument parfaitement. D’abord, en janvier, on ne se connaissait peu ou pas du tout, je revenais juste dans le groupe. Il est venu me voir pour discuter, me demander ce que j’attendais de lui, de ce que j’aimais et voulais faire sur le terrain… Il veut toujours faire avancer les choses, donner confiance au joueur et le rendre acteur du projet, et non simple exécutant. Le soir même, je l’ai appelé pour le remercier. Autre exemple, après la victoire contre Limoges où je n’ai pas joué car j’étais trop
juste pour participer. Geir a aussi peu joué ce soir-là. Le lundi, au débriefe, il s’est d’abord adressé à nous deux en nous encourageant à ne rien lâcher, expliquant que nous aurions à notre tour du temps de jeu, l’occasion de jouer et demandant aux autres joueurs de considérer ceux qui ne jouent pas. C’est fort !
Comment définis-tu cette méthode ?
Il est dans la construction mentale, en permanence. Il s’intéresse à l’homme avant de s’appliquer à offrir ce qu’il y a de mieux au joueur. C’est quelqu’un qui construit plutôt que détruit, même quand nous ne sommes pas bons, comme ce soir face à Sélestat. Il est toujours positif, dans l’échange. Les entraînements, les séances vidéos sont participatives, positives, nous avons envie d’être dans l’action, tout le temps, que l’on soit titulaire ou non. Tactiquement, c’est très intéressant. Il n’a pas un schéma fixé en tête mais plutôt la capacité à s’adapter en permanence aux qualités des joueurs qui sont sur le terrain. J’ai vu pas mal de coachs dans ma carrière mais Sébastien, c’est vraiment très fort et prometteur.
Au-delà du coach, les joueurs ont aussi leur part, tant dans la première
partie de saison mitigée que dans la série actuelle. Comment expliques-tu ce changement ?Nous avons notre part de responsabilités, quand cela va mal et quand ça va bien, forcément. Aujourd’hui, la différence principale réside dans le fait que nous jouons libérés, nous osons, nous n’avons plus peur de mal faire. De ma carrière, je retire un enseignement capital, évident : le hand, c’est à 90 % dans la tronche ! Le mental d’un joueur conditionne toute performance à suivre. Nous sommes aujourd’hui tournés vers demain, n’avons plus envie
de revenir sur telle ou telle mauvaise période. Nous sommes leaders de Proligue, nous cravachons pour le rester et ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin, même si rien ne nous sera donné, à l’image de cette victoire poussive contre Sélestat.
De retour dans l’équipe, comment vois-tu ton avenir à Cesson ?
Je l’ai déjà annoncé au groupe et au club, et je profite de cette interview pour annoncer que je ne serai plus cessonnais l’an prochain.J’arrête le hand professionnel, le moment est venu, tout simplement, après huit ans passés en France. Je suis jeune papa d’un petit Tim et j’ai envie qu’il profite de sa famille. Valentine, ma compagne, a fait beaucoup de sacrifices pour me suivre et il est temps de lui rendre la pareille. Je vais reprendre mon métier initial de kiné et j’espère pouvoir continuer à jouer en Belgique, près des miens. Avec mon frère ? Pourquoi pas, ça serait sympa, mais avant, j’ai quelque chose à finir ici : ramener le CRMHB dans l’élite, là où je l’ai trouvé !
Que retiendras-tu de ton histoire ici en Bretagne ?
Beaucoup d’amitiés, de bons moments. J’ai découvert un club accueillant, où j’ai certes connu pas mal de blessures et une descente, mais aussi un maintien, il ne faut pas l’oublier ! Ici, il y a tous les ingrédients pour rapidement retrouver la Lidl Starligue qui est, à mes yeux, le meilleur championnat du monde, ne l’oublions pas ! J’ai beaucoup de regrets de ne pas avoir été toujours au top mais cela m’a beaucoup appris. Je garderai aussi des amitiés pour la vie avec des garçons comme Hugo Kamtchop-Baril, Sylvain Hochet ou Allan Villeminot.
En Belgique, envisages-tu de retrouver la sélection, avec laquelle l’histoire a un petit goût d’inachevé ?
A force de blessure, je n’ai plus été appelé, logiquement, avec les Red Wolves. J’aimerais, si l’occasion m’en ait donnée, apporter mon expérience, aider, si l’on fait appel à moi. Ce serait aussi l’occasion de retrouver Jef Lettens et Simon Ooms, mes potes, et de boucler l’histoire.
Recueilli par Julien Bouguerra