Ils étaient faits pour se rencontrer et mettre en commun un destin pas comme les autres : Jean-Yves Pierre et Pascal Enault, co-dirigeants de la Galette de Broöns d’un côté et Maxime Derbier, ancien irréductible et désormais joueur du CPB Rennes, de l’autre. Zoom sur un coup de cœur réciproque valant le détour dans le monde pas toujours aussi impitoyable qu’il n’y parait de l’entreprise !
Sa trajectoire, début 2019, ressemblait à s’y méprendre à cette si chère action qu’il exécuta des milliers de fois tout au long de sa carrière. L’attente d’un ballon, d’une opportunité, s’offrant à lui, sur son côté droit, une impulsion, un saut, un regard, pour valider un choix puis un tir armé qui fait mouche puis un rebond pour retomber sur ses pieds. Aujourd’hui commercial pour la Galette de Broöns, Maxime Derbier, 33 ans, a bondit vers un nouvel horizon, observé attentivement ce qui se présentait à lui puis transformé l’essai proposé avec efficacité, prenant un rebond que lui-même juge inattendu : « Aujourd’hui, c’est une joie mais surtout une immense chance que m’ont offert Jean-Yves et Pascal en m’accueillant dans leur entreprise. Franck Roussel m’avait dit, au moment de nous mettre en contact, que j’étais un vrai commercial mais que je ne le savais pas encore… Il avait raison. ». Le président du Cercle Paul Bert, à l’initiative de la rencontre entre les deux parties, ne dit pas mieux : « Maxime a la détermination et le contact facile, et j’ai tout de suite senti qu’il était fait pour ça. Au Cercle Paul Bert, nous n’offrons pas de contrat pour jouer au handball, les mecs s’entraînent quatre fois par semaine avant tout pour le plaisir et la passion de leur sport. En revanche, nous faisons tout pour les aider dans leurs projets de vie, en essayant d’activer nos réseaux et de les impliquer dans des doubles projets correspondants à leurs aspirations. ». Une fois de plus, à l’instar de nombreux autres joueurs avant lui, l’ancien ailier droit passé par Chambéry, Ivry, Montpellier, Nîmes, Istres et Cesson illustre à merveille l’ADN du Cercle Paul Bert et de ses partenaires, désireux d’offrir un projet sportif de haut niveau mais aussi, de permettre à chacun de s’émanciper professionnellement.
Direction Broöns, donc, pour Maxime Derbier désormais membre d’une maison à l’histoire authentique, forte de valeurs humaines et d’histoires fortes. L’amitié, avant tout, est la pierre angulaire d’un projet mis en route en 2013 : « Nous avons repris l’entreprise en septembre 2013… une petite fabrique de crêpes et galettes fondée en 1977, restée dans son jus » introduit Jean-Yves Pierre, codirigeant actionnaire avec Pascal Enault. « Nous avions déjà travaillé ensemble antérieurement » (ex directeur commercial et marketing et ex directeur administratif et financier chez Stalaven) « et nous souhaitions vraiment mener un projet entrepreneurial, qui fasse du sens. C’est avant tout une histoire de copains et nous avions déjà en tête l’histoire que nous souhaitions écrire, avec des partis stratégiques forts et avec nos convictions en terme de valeurs et de partage ». Rapidement, les résultats de la politique mise en place donnent écho aux idées et efforts des deux gérants avec des principes clairement énoncés : l’ultra-fraicheur, avec des dates courtes qui garantissent la meilleure saveur aux consommateurs, la qualité avec les meilleures recettes et ingrédients, la proximité avec les clients et les fournisseurs et la notion d’ancrage territorial, avec une action sociale et économique contribuant au développement autour des lieux d’implantation. La Galette de Broons réussit sa mue et voit ses « petites soeurs » éclore, avec La Galette d’Alençon (2015) et La Galette du Val de Loire (2016). Les deux associés sont ensuite rejoints par Jean-Marc Larhant : « Avec Jean-Marc, c’est une longue et belle histoire. Je l’ai recruté en 2003 en tant que directeur régional Sud France chez Stalaven. Il est devenu un pilier de mon équipe, créant sans cesse de la convivialité et de la simplicité dans les relations, et un grand professionnel. Nous sommes devenus de grands amis. Peu près le rachat par un groupe coopératif, il quitte l’entreprise et revient en Bretagne chez un industriel de la charcuterie. Là, ça ne se passe pas très bien et se retrouve sur le carreau. Nous sommes en 2015. Je lui propose de nous rencontrer. Avec Pascal, nous lui expliquons notre projet autour des crêpes et des galettes. Rapidement, après avoir expliqué notre projet dans toutes ses dimensions, comme une évidence, il allait nous rejoindre dans l’aventure en tant que directeur commercial associé. … Il a tout de suite dit banco pour nous rejoindre mais à la condition d’être actionnaire, ressentant le devoir moral de prendre également des risques à nos côtés. » raconte Jean-Yves Pierre. « Une passion commune nous anime également : le handball. Nos gamins respectifs y jouent et ont été ou sont licenciés au CPB Rennes. Chaque lundi matin, nous avions un petit rituel ; celui de refaire les matches du week-end, du CPB Rennes, de Cesson Rennes Métropole et de Plérin-Saint-Brieuc. Nous avons toujours travaillé dans cette ambiance détendue, avec sérieux et compétences mais aussi dans l’amitié et l’humour. En novembre 2018, malheureusement, la maladie s’est déclarée… On attendait son retour, on était persuadés qu’il allait gagner ce match, qu’il allait nous revenir. Pas une seconde, il a été question de le remplacer. Nous avons joué en infériorité numérique pendant 10 mois. Au sein de l’entreprise, tout le monde s’est serré les coudes et a essayé de l’accompagner dans son combat. En vain… Sa disparition en août dernier nous a laissé orphelin d’un homme exceptionnel, généreux, unique, de notre ami, de mon meilleur ami».
Depuis cet été, l’entreprise continue son chemin en serrant les coudes et en gardant en mémoire un homme également aimé du handball breton. Ce handball, véritable « terrain » d’accomplissement de la Galette de Broons, fait partie du quotidien de l’entreprise. Celle-ci est ainsi présente aux côtés des Irréductibles Cessonnais depuis 2010 et du CPB Handball depuis 2016, à l’initiative de Jean-Marc Larhant : « C’est lui qui m’a présenté Franck Roussel, qui est aussi devenu un ami. Nous avons tout de suite accroché et avons foncé vers un partenariat avec le club, notamment au travers du Sandball. Le handball, c’est une passion personnelle de longue date » explique Jean-Yves Pierre, qui entretient aussi avec Cesson une relation privilégiée : « Avec David Christmann et Stéphane Clémenceau, c’est encore une belle histoire, de dix ans. Au départ, nous avions peu de moyens mais nous voulions être de l’aventure cessonnaise dans l’élite. Nous avons proposé d’être placés sur les polos du staff. Nous étions très visibles, puisqu’au palais des Sports, le staff était dos au public ! Depuis, l’histoire continue, avec beaucoup d’affect et de passion, quels que soient les résultats ». Anciennement vice-président du club costarmoricain du Baie d’Armor Handball Plérin-Saint-Brieuc, Jean-Yves Pierre, ancien joueur lui-même, offre crêpes et galettes (environ 5000) à tous les enfants se présentant sur l’événement du Sandball, ainsi que des tee-shirts lors de la Youth Summer Cup.
Au-delà des partenariats, c’est aussi de par ses ressources humaines que se distingue la structure : « Ici, nous accompagnons la croissance de l’entreprise par un recrutement à dimension humaine. Nous privilégions la constitution de binômes « inter-générationnels » : un collaborateur de moins de 26 ans et un de plus de 50 ans. Chacun apprend de l’autre. Pour recruter, je préfèrerai toujours une belle personne à un beau CV. Nous regardons d’abord leurs passions et regardons ensuite où tout le monde peut se retrouver. Philippe, un ancien boulanger à son compte de 55 ans nous avait rejoints alors qu’il déposait timidement un CV à l’accueil. Passionné de cyclisme (en championnat de France vétéran), il a dû stopper son activité à la boulangerie suite aux problèmes de santé de sa femme. Il avait besoin de travail. Il a fait un bout de chemin avec nous comme livreur. A Angers, Sabri, un jeune originaire du Kossovo en qui l’école ne croyait pas vraiment qui s’est parfaitement intégré chez nous comme conducteur de ligne parallèlement à sa passion de la boxe. Il va d’ailleurs disputer son premier match pro très bientôt… Ici, l’humain et l’histoire de chacun est au centre de tout. ». Et la rencontre avec Maxime Derbier ? « Franck Roussel nous a calé un rendez-vous et ça a rapidement collé entre nous, comme si nous nous connaissions de longue date. J’ai eu envie de bosser avec lui tout de suite, c’est quelqu’un de structuré, déterminé et ouvert aux autres. J’ai été séduit par sa curiosité, sa soif d’apprendre et au bout d’un mois, nous lui avons proposé un CDI, bien avant la fin de son stage pro réalisé avec le CLPS.». L’ex Irréductible abonde : « Le feeling est tout de suite passé. J’ai découvert un métier, une structure, des équipes pour lesquelles on a envie de tout donner. Il y a évidemment de grandes similitudes avec le sport de haut niveau, notamment sur la notion de challenge. Je dois aujourd’hui gérer le portefeuille client, la présence et mise en valeur de nos produits et optimiser les déplacements des livreurs. C’est un travail de proximité et j’aime cela. Je ne remercierai jamais assez le CPB de m’avoir permis d’abord de poursuivre encore un peu le hand et de m’avoir mis en contact avec La Galette de Broons, l’une des plus belles rencontres de ma vie. Franck est quelqu’un d’exceptionnel et trouve son bonheur et sa satisfaction dans l’épanouissement et la réussite des autres. C’est rare ! Quand je suis arrivé ici, j’ai été voir les salariés, les gars dans les labos, les livreurs et tout le monde m’a dit : tu as de la chance d’être là. Je suis d’accord avec eux et je profite d’avoir la parole pour remercier tout le monde, ainsi que ma femme, mes enfants et ma mère et mon beau père. On oublie trop souvent de le faire quand l’occasion est offerte de le faire ».
Le bonjour est passé, mais le hand dans tout ça ? « Aujourd’hui, je n’ai plus beaucoup de temps libre entre le travail et les entraînements, je réfléchis encore quant à la suite. Initialement, je pensais arrêter, terminer sur cette superbe note qu’est le CPB avec un club unique, me rappelant mes débuts quand j’allais voir les gars de mon village à Bellay. Ils étaient des truffes mais surtout mes idoles ! Nous verrons bien en juin… » Ce goût de l’enfance retrouvé sur les parquets l’est aussi là aujourd’hui dans un quotidien remplis de crêpes, partagées avec bonheur et gourmandise, avec l’appétit de croquer dans une nouvelle vie aux côtés de nouveaux coéquipiers tout aussi précieux. Une vraie belle histoire d’hommes, on vous dit !
Julien Bouguerra