Comme l’an passé (une similitude de plus), c’est en Rhône-Alpes que le Stade Rennais devait aller chercher son sésame pour défier le PSG à Saint-Denis. Cette fois-ci, le plan concocté par Julien Stéphan a connu des accrocs pour la première défaite en coupe de France du technicien breton, après dix victoires de rang. Au-delà du résultat sec, plusieurs enseignements sont à retirer de cette grosse désillusion.
L’ivresse de l’exploit au Groupama Stadium un an plus tôt, ajoutée aux effluves éternelles d’un soir de 27 avril au Stade de France étaient encore là, perceptibles, dans le microcosme rennais qui se rêvait déjà preux chevalier à l’assaut de l’imprenable citadelle PSG. Il fallait pour cela briser en mille éclats de « verts » une armada stéphanoise, soldat de papier déconfit et
à la rue en championnat. La vérité stéphanoise d’un soir, celle d’un derby totalement raté le dimanche précédent, n’était pas celle d’un jeudi soir manqué pour des Rennais qui, au-delà des apparences, ont peut-être appris beaucoup de choses à Geoffroy-Guichard.
D’abord, et ce n’est pas rien, sur leurs propres limites du moment. Si l’euphorie a gagné depuis un bon moment déjà les travées du Roazhon Park, la lucidité elle, n’a jamais perdu le chemin de l’esprit de Julien Stéphan. Rappelant à l’envie depuis des mois que son groupe n’a « pas de marge en Ligue 1 », le technicien breton voit ses propos trouver écho à l’issue d’un match couperet où ses protégés furent dépassés dans l’envie et la hargne par une équipe sans doute moins solide mais plus déterminée.
PAS DE “STEPHAN TIME”…
Le « Stephan Time » évoqué ici et là depuis quelques semaines s’est habillé de vert et montre qu’un résultat sanctionne souvent un combat sans toujours prendre en compte les coups portés et reçus pendant 90 minutes. En difficulté sur le plan offensif, les « Rouge et Noir » n’ont pas su forcer
une décision pourtant à leur portée avec plus de justesse et de tranchant sur le plan offensif et une concentration supérieure défensivement. Ensuite, ce groupe a changé depuis l’année dernière, bien que beaucoup aiment
à comparer voire confondre les deux équipes. Julien Stéphan le rappelait après la demi-finale à Saint-Etienne, « seuls quatre jours étaient présents lors de la finale au Stade de France un an plus tôt ». Un groupe est né cette année avec un parcours fait de réussite, de talent et de détermination
avant de chuter dans le Chaudron. La jeunesse s’émancipe à l’image des Camavinga, Maouassa ou encore Ghboho et Da Cunha, arrivés en cours de saison dans le groupe pro, mais doit encore s’enrichir des contextes hostiles. Encore en progression et dotée d’une grosse marge de progression, cette équipe évolue au fil des victoires mais aussi des revers, constructifs pour avancer et ne pas reproduire les erreurs. Le manque de pressing, d’appels vers la profondeur, des joueurs fatigués de l’accumulation des matchs depuis août et les lacunes dans le réalisme offensif constatées à Saint-Etienne corroborent le fameux « manque de marge » tant évoqué depuis des mois. Parfois limite dans ses contenus depuis quelques semaines, malgré les points enquillés et les victoires à l’arrachée, le SRFC semble tout à fait apte à réagir sur la durée. Une troisième qualification européenne reste plus que d’actualité, fait unique dans l’Histoire du club qui ne se
réjouit plus de participer ou d’exister mais ne se rassasie désormais que de victoires…
Enfin la «coupe » n’est pas terminée, si l’on en croit les joueurs rennais, qui parlent désormais de véritables « finales à venir » en championnat. La saveur ne sera pas celle d’un défi face au PSG au Stade de France mais le programme s’avère tout aussi passionnant et relevé : déplacement à Bordeaux, réception de Lyon puis deux nouveaux voyages à Amiens puis Saint-Etienne. Mi-avril, on en saura beaucoup plus sur la possibilité rennaise de jouer le podium et/ou l’Europe. Celle-ci demeure fragile au vu du retour en force des retardataires lillois et lyonnais, de nouveau sur le bon chemin. Passé ce cap resteront Metz, Strasbourg Angers, Dijon puis deux nouvelles « finales » à Paris puis contre Monaco… Désireux de progresser dans les matchs couperets, le Stade Rennais va encore
grandir, d’ici au 23 mai prochain.
Julien Bouguerra, envoyé spécial à St-Etienne