Arrivé en provenance du Rheu la saison dernière, Théo Platon a pris place dans les lignes arrières récistes. Passé par Biarritz, Vannes ou encore Rouen, cet amoureux du ballon ovale trouve aujourd’hui récompense à son abnégation sur les terrains de Fédérale Une.
Nombreux sont les petits qui rêvent de devenir professionnel et de tutoyer les sommets du rugby mondial. Théo Platon en fait partie et n’a pas hésité à partir à la conquête de ses rêves, malgré les conseils de ses entraîneurs : « Gamin, lors de mes stages rugby, les entraîneurs étaient honnêtes sur la réussite dans le rugby professionnel. Ils nous répétaient qu’un quart seulement des inscrits au Pôle Espoir entrevoyaient une carrière professionnelle ». Une mise en garde qui n’effraie pas le jeune homme. Enchainant les bons résultats au Pôle Espoirs de Tours puis en équipe de France B, Théo se révèle et les premiers contacts affluent : « Tout s’est enchaîné très vite. Grâce à mes résultats, plusieurs clubs m’ont contacté pour me permettre de continuer et d’évolué. J’ai choisi Biarritz et La Rochelle par rapport aux projets des clubs, leur notoriété et bien sur le feeling. Lorsque j’ai visité les deux infrastructures, le discours de Biarritz m’a tapé dans l’œil. Les dirigeants assuraient de me garder une place en Espoirs à mes 18 ans. A l’époque, beaucoup de centres de formation respectaient les catégories d’âge. Là, j’avais l’opportunité de me montrer très vite ».
« Je m’entrainais avec Gaël Fickou, Jefferson Poirot, Paul Jedraziak »
Biarritz, grosse écurie de TOP 14, déborde de jeunes talentueux, ceci entraînant une concurrence rude e féroce. Pour autant, Théo se fraye un chemin jusqu’aux sélections nationales U20 : « Quand j’ai appris ma sélection pour l’Équipe de France U20, c‘était un premier rêve réalisé. Je m’entraînais avec Gaël Fickou, Jefferson Poirot, Paul Jedraziak, qui aujourd’hui, enchainent les sélections. Je suis arrivé en plein milieu du tournoi des VI nations, les joueurs m’ont tout de suite accueilli dans une bonne ambiance ». Après avoir disputé les six nations ainsi que deux matchs de Coupe du monde, Théo Platon est prêt à passer chez les professionnels, une autre réalité : « L’année où je suis passé professionnel, Biarritz est descendu en Pro D2, ce qui a chamboulé pas mal de choses. Je n’ai pas été gardé et mon agent n’a rien fait pour m’aider. Je devais retrouver un autre club ». Les contacts se sont établis en Bretagne, à Vannes. Un club situé à l’époque en Fédérale Une : « Quand je suis arrivé à Vannes, le club n’avait pas encore le projet de monter mais voulait plutôt se stabiliser. C’est pourquoi j’ai rejoint les lignes arrières avec beaucoup de plaisir ». Un plaisir de courte durée, puisque Théo après cinq matchs seulement, est victime des ligaments croisés. Une blessure qui l’a tenu hors des terrains plusieurs mois : « Cette blessure a été dure à avaler. Malgré la compassion des dirigeants, j’étais d’aucun apport alors que je venais d’arriver. Malheureusement, quand je suis revenu, c’était l’année de la montée, et je faisais partie du mauvais wagon. Je n’ai pas été gardé, un nouvel échec dur à encaisser ». Optimiste de nature, il part à la recherche d’un nouveau club pour entretenir son rêve du haut niveau : « J’expérimente Rouen, où, là aussi, le sort ne m’a pas épargné. L’entraîneur a mis six mois à me faire jouer mais c’était trop tard pour faire mes preuves. Les absents ont toujours tort, alors malgré le titre de champion de France, je suis à nouveau remercié… ».
Ce nouveau revers encaissé par Théo provoque le déclic : « J’en avais marre. Plus j’avançais dans la vie, plus ma situation devenait précaire. Rouen a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai pris à ce moment-là, la décision d’entrer en double-projet, de stabiliser ma carrière professionnelle tout en jouant au rugby » Grâce aux contacts noués à Vannes, il débarque au Rheu, club aux liens alors installés avec le RCV. Il y prend un nouveau départ : « J’ai commencé par m’occuper de mon double-projet et d’un secteur qui me passionne, l’immobilier. J’ai trouvé une agence indépendante dans laquelle je commençais mon CDD. Côté sportif, néanmoins, la situation du Rheu et son projet ne correspondaient pas à ma vision du rugby. J’ai donc choisi de migrer vers le REC ». Un brin perfectionniste, le néo-Réciste continue sa progression dans l’immobilier, sans délaisser le REC, un club où il se sent bien : « Je suis investi et heureux au REC. Le groupe s’entend bien, et nous avons tous la même vision du rugby et sommes motivés par le projet collectif ».
« Rennes est une ville qui me correspond, je vais tout faire pour y reste »
Sur le terrain, le REC connaît une saison difficile, celle de la confirmation, dans un championnat très relevé. Une situation loin de déprimer Théo et ses coéquipiers, bien décidés à y remédier le plus rapidement possible : « Nous avons raté le coche en début de saison. C’est dommage car dans ce club tout le monde bosse, et se donne à fond. Chacun a un rôle à jouer, ça faisait longtemps que je m’étais pas senti aussi utile dans un groupe. Il y a une énergie positive autour du club, à nous de la saisir pour inverser la tendance ». Heureux sur tous les plans, l’arrière se projette : « Aujourd’hui je m’épanouis sur le terrain et dans mon travail. J’ai trouvé le compromis que je souhaitais à force de travail, car être pris chez Lamotte c’est gratifiant. C’est une bonne entreprise, avec de belles valeurs. Je termine mon contrat fin juin, nous ferons le point avec tout le monde pour la suite. Je souhaite m’installer avec ma compagne durablement quelque part. Rennes est une ville qui nous correspond, je vais tout faire pour y rester ». Le message est passé.
Recueilli par Matthieu Giboire