Aux 70000 kilomètres qu’il parcourt chaque année au gré de ses impératifs professionnels, il en ajoute près de 20 000 pour son plaisir. Lui, c’est Stéphane Cambarrat, « Camby » pour les intimes, fidèle parmi les fidèles du Cercle Paul Bert aujourd’hui adjoint de Pierre Le Meur. Un de ceux qui offrent sans compter et dont la passion reste intacte années après années.
Discret et présent à chaque sortie du Cercle Paul Bert, Stéphane Cambarrat, 53 ans, fait partie « des meubles » du côté de la salle Géniaux. De ceux solides et indispensables depuis près de 30 ans : « J’ai commencé à jouer ici en 1977, j’étais ado et je suis toujours là, s’amuse-t-il. C’est mon club et un bout de ma vie, incontestablement. ». La passion de l’entraînement, de la tactique mais aussi de l’accompagnement des joueurs, Stéphane la cultive depuis longtemps déjà, lui qui commence à entraîner à l’âge de 16 ans sur la section CPB du Blosne. Demi-centre, il ne s’estime pas comme « un grand joueur » et préfère rapidement donner les consignes que de les appliquer. « Jacques Blanchard, qui entraînait les filles, m’a donné le goût du coaching et j’ai rapidement eu l’envie de le suivre. J’ai entraîné les U18 à l’époque en régionale avec Denis Calo. Nous étions sur la section féminine. Côté jeu, j’ai arrêté vers mes 17 ans. C’était amusant car mes joueuses étaient pour la plupart plus âgées que moi ! Le coaching, pour moi, a vite été une évidence. J’aime la mise en place, comprendre un système, trouver les points forts et faibles de l’adversaire ». Le CPB réunit ensuite l’ensemble de ses pôles pour se regrouper au nord-ouest de Rennes et constituer le CPB Handball tel qu’on le connait aujourd’hui. Place à Géniaux, puis à une équipe pour soi. Denis Calo prend la N2 à sa charge tandis que « Camby », lui, gère l’équipe d’honneur régional. L’histoire est lancée mais connaît un vrai coup d’arrêt. Commercial dans le domaine du papier peint, il quitte Rennes et sa Bretagne pour la région parisienne en 1994 avant de rejoindre le Nord en 1998. Une première rupture totale avec le handball : « Je n’ai pas cherché de club là-bas et je me suis mis au tennis de table. J’y accompagnais mon fils et plutôt que de passer une heure dans la voiture à l’attendre, je me suis dit qu’il serait plus sympa de jouer moi aussi et j’y ai pris goût. Je suis même devenu accro mais c’est un peu moi, ça. Quand je me mets à quelque chose, c’est toujours à fond ! ». La vie parisienne et de famille éloigne le handball mais pour autant, Stéphane continue de se rendre régulièrement aux matchs du PSG à Coubertin et de dévorer les nombreux sports à disposition dans la capitale : « J’adore cela, que ce soit le foot, le basket… ». En toute logique, lorsque le travail lui propose de revenir dans l’ouest, du côté de Chateaubourg en 2008, le premier réflexe est une évidence : retour à Géniaux !
D’abord en tant que supporter puis petit à petit, avec un rôle au sein d’un club qui n’oublie jamais les siens : « J’ai retrouvé toute la belle équipe, les copains et copines, comme si nous ne nous étions jamais quitté. Il suffit de voir nos anciens joueurs aujourd’hui, à l’image de Dragan Pechmalbec, pourtant au très haut niveau avec le HBC Nantes aujourd’hui. Géniaux, on y revient toujours dès que l’on peut, ça ne peut pas s’oublier. ». Très vite, il reprend du service dans un club qui a beaucoup évolué à l’orée des années 2010. Manquant d’un officiel représentant le CPB à la table de marque en championnat, le rôle est proposé et accepté à l’ancien coach adjoint des filles, qui le tient avec plaisir à domicile comme à l’extérieur aux côtés du binôme Franck Prouff-Pascal Fourreau. Commencent alors de nombreux déplacement avec l’équipe, les amitiés et les souvenirs pas toujours racontables se forgent. Manu Marty devient « mon pote, celui chez qui je reste quand je dors à Rennes », Olivier Laz et sa folie marque son esprit, « un gardien capable de monter et de tirer mais surtout, un mec fou dans un vestiaire, cette folie qui fait rire tout le monde, qui fédère un groupe, en plus d’un talent certain ! Et comment oublier la classe et le niveau d’un Nicolas Lemonne capable de rentrer dans la tête des attaquants même à l’entraînement… ». Evoluant en Nationale Une après être parti de la N3, la Greenteam version Franck Prouff s’installe dans un championnat de très bonne facture. Quand Pascal Fourreau quitte le banc, Stéphane Cambarrat est alors naturellement invité à secondé le technicien rennais : « J’ai été très heureux de m’investir dans ce rôle. Ma mission était de m’occuper de toute la partie administrative, en déplacement comme à la maison. Remplir les feuilles de match, noter les numéros sur les petites bouteilles d’eau, gérer la table de marque à l’extérieur, être disponible. Avec lui, j’ai découvert et appris le haut niveau et l’exigence allant avec. ». En revanche, hors de question d’intervenir ou de se mêler de tactique ou de terrain : « Ce n’était pas et n’est pas mon rôle. Je ne mélange pas et ne cherche pas à être un entraîneur. ».
« Certains ne comprennent pas mon plaisir à être là…mais je m’en fous ! »
Le rôle de Stéphane va au-delà, cependant, de l’administratif ou du « porteur de ballon ». Grand frère, oreille attentive, il est très précieux dans la vie du groupe cercliste : « Camby, c’est un mec extra, généreux, qui n’a jamais compté quoi que ce soit pour le club, explique le président Franck Roussel. Son rôle est primordial, il est aussi en quelque sorte un tampon entre les joueurs et le coach, que ce soit à l’époque de Franck Prouff ou aujourd’hui avec Pierre. Il est souvent invité aux anniversaires des gars quand les coachs ne le sont pas forcément. Il y a une vraie amitié avec eux, et il est toujours attentif à eux. C’est un garçon qui est à l’image de notre club, tourné vers l’autre. ». L’hommage est saisissant…et réciproque : « Franck, c’est un président extraordinaire, qui sait vous rendre important alors que vous n’estimez pas forcément l’être ! J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi dévoué n’attendant rien en retour et étant même gêné quand on lui offre quelque chose. Quand j’ai dû déménager, ou été au cœur des aléas de la vie, il a toujours été là… Pour le club, avec Marco Fédrix, son travail est colossal. Les réunions, les recherches de partenaires, il se met en quatre ! Le terme famille au CPB, ce n’est pas qu’un mot, c’est une réalité ! ». De l’amitié et de l’amour en barre, on vous le dit, autour d’une équipe aux résultats ultra-positifs et en progrès année après année. Cette montée en puissance, l’adjoint, présent sur le banc depuis 7 ans, la savoure et la « kiffe », humblement, sans modération : « J’ai en moi le rêve secret de vivre un jour la Proligue avec le CPB mais j’avoue que cette saison, même si ça n’en a pas le nom, il y a le goût. Le niveau est très élevé et on se régale, même si on perd des matchs. Avec Pierre, que j’ai aussi connu joueur chez nous, notre fonctionnement est déjà rodé. On parle de tout ensemble, de nos vies, de hand mais sur le terrain, c’est lui qui décide de tout évidemment. Il m’implique, me demande parfois mon avis. J’aime le coach qu’il devient, guerrier, gagneur avec cette haine de la défaite, du match jusqu’au tarot dans le bus ! ». Adjoint incontournable au fil des années, Stéphane Cambarrat continue ainsi de vivre sa passion, bien que résidant aujourd’hui à Laval. Non, définitivement, les kilomètres et les sacrifices ne sont pas faits pour lui faire peur : « Certains ne comprennent pas mon plaisir à être là…mais je m’en fous ! J’ai la passion, l’envie et tant qu’ils seront là, peu m’importe. J’ai pleuré sur le banc quand nous avons remonté trois buts à Lanester en moins de deux minutes, j’étais à Bercy avec les filles où ma filleul, Charline Mons, fille de ma pote Chantal, ont gagné la coupe de France et comment oublier ce match au palais des Sports face au HBC Nantes en décembre 2016. C’est ma Starligue à moi, ma coupe d’Europe. A terme, mon objectif est de me rapprocher de Rennes, une fois la carte de commercial raccrochée. » Avec inévitablement, le CPB Handball au cœur d’une vie en vert.