Il dispute sa troisième saison au club mais fait déjà figure d’ancien chez les « Rouge et Noir », où il a déjà connu trois entraîneurs sans pour autant perdre en temps de jeu. Moins décisif que l’an passé, Benjamin Bourigeaud demeure indispensable et aimé de la communauté « Rouge et Noir ». Pleinement épanoui en Bretagne, l’ancien lensois, fraîchement prolongé, analyse sans fioritures une saison déjà riche en événements.
Un début de saison canon, deux mois dans le dur puis une fin d’année 2019 quasi-parfaite. Comment expliques-tu le parcours en courant alternatif de l’équipe cette saison ?
La première partie de notre saison a été contrastée, c’est vrai mais reste satisfaisante, notamment sur le plan comptable. Nous avions démarré fort avec trois victoires de rang puis c’est vrai, ce fut plus difficile ensuite. Le groupe n’a cependant pas lâché et nous nous sommes réfugiés dans le travail, nous n’avons rien lâché même quand les résultats n’étaient pas là…Quand c’est plus difficile, je pense qu’il est important de faire front, d’être encore plus solidaire plutôt que de rechercher des solutions individuelles. Le coach nous a aussi soutenus pour sortir de cette passe, ses mots ont été importants et nous ont permis de ne pas perdre confiance, et de retrouver la victoire.
Il y a eu, parfois, peu d’écart dans les contenus entre une victoire et une défaite. Est-ce aussi ton avis ?
C’est bateau à dire, mais en Ligue 1, les matchs se jouent souvent à des détails. Parfois, on gagne sans être convaincants ou bons et à l’inverse, nous avons perdu des matchs où nous aurions mérité mieux. Ce qui est certain, c’est que nous n’aimons pas perdre et ne prenons aucun plaisir lorsque nous passons au travers d’un match, comme à Monaco. Nous en sommes les premiers dégoutés !
« Je vois ma prolongation comme une récompense à mes deux premières saisons »
Sur le plan personnel, tes statistiques sont en retard sur tes standards des deux premières saisons rennaises. Comment l’expliques-tu ?
Je marque moins cette année et délivre moins de passes décisives, les chiffres le disent. Je ne me prends pas la tête pour autant avec cela car je sais que dans l’investissement quotidien, le travail, l’implication, je suis au même niveau d’intensité et de volonté qu’avant. Je donne tout, je ne suis pas un tricheur et dès que je suis un terrain, je ne calcule pas. Après, ce serait mentir que de dire que ça ne me pèse pas mais ça va tourner, j’en suis certain. C’est frustrant de ne pas marquer ou de ne pas faire de passes décisives mais je fais tout pour. J’ai la confiance du coach, qui m’offre beaucoup de temps de jeu. Cela compte et j’ai l’envie de lui rendre au cette confiance au maximum.
Jusque-là, tous les coaches t’ont fait confiance, que ce soit sur le côté ou dans l’axe. Cela donne forcément quelques certitudes ?
Ne parlons pas de certitudes mais oui, c’est valorisant d’avoir eu la confiance des différents entraîneurs passés ici. J’ai surtout évolué sur le côté lors des deux premières saisons. Cette année, le staff souhaitait me fixer plutôt dans l’axe au milieu mais j’ai finalement pas mal varié sur les deux postes. Ce qui m’importe, c’est d’être sur le terrain et de tout donner, quel que soit mon rôle.
Comment définis-tu le coaching de Julien Stéphan, qui semble bénéficier de l’adhésion totale du groupe ?
Tout se passe bien avec lui, il a l’habitude de gérer les jeunes joueurs et cela tombe bien car nous avons un groupe avec quelques cadres et beaucoup de jeunesse. Il a prouvé qu’on peut lui faire confiance, nous a aidés à redresser la barre. Il a parfois des prédictions qui se vérifie dans la foulée et surtout, a confiance en ses idées, sait où il va et où il veut nous emmener. Son état d’esprit compétiteur se ressent même lors des petits matchs aux entraînements, où il prend parfois part et déteste perdre. Le refus de la défaite que nous affichons depuis plusieurs semaines, c’est aussi le sien.
Tu as récemment prolongé ton contrat. Cela peut-il contribuer à te libérer pour la seconde partie de saison et vois-tu ton avenir à long terme à Rennes ?
Je ne me suis jamais pris la tête avec tout cela et j’ai laissé mes agents s’occuper de cela. De mon côté, je prends cette prolongation comme une récompense des deux premières années réalisées ici et cela m’encourage à toujours donner plus, à encore progresser.
Rennes joue l’Europe depuis deux saisons, tu y as forcément pris goût. L’absence éventuelle de compétition européenne l’an prochain pourrait-elle changer la donne ?
En arrivant à Rennes en 2017, très sincèrement, je n’aurais jamais imaginé vivre de telles émotions ou éliminer le Bétis Séville, battre Arsenal et remporter la coupe de France. J’ai appris à aimer ce club, à m’y sentir chez moi et tout cela, avec de vraies perspectives sur le terrain, une ambition et une exigence qui progressent semaines après semaines. Je suis très heureux au club, je me plais à Rennes et je ne suis pas du genre à changer d’avis ou à aller au bras de fer pour partir ici ou là. Après, dans le football, il ne faut jamais dire jamais mais si j’ai prolongé, c’est pour durer. L’été passé, j’ai eu des contacts mais à partir du moment où le club m’a affirmé son souhait de me conserver, les choses ont été simples pour moi.
« A 26 ans, je suis presque déjà un vieux »
Ce but contre Arsenal, qui a fait exploser le Roazhon Park un soir de mars, reste un souvenir incroyable pour tous ceux qui étaient présents. Toi, comment l’as-tu vécu ?
J’ai du mal à trouver les mots… Sincèrement, quand ce ballon part, tout se bouscule… Arsenal, c’est une équipe que j’ai toujours aimé, que je regardais gamin, à l’époque des Henry, Viera, Pirès. J’aimais beaucoup Arsène Wenger et la façon dont il faisait jouer l’équipe. Ce but restera dans l’histoire du club mais est aussi pour le moment le plus beau moment, à titre personnel, de ma carrière.
Cette année, la campagne européenne n’a pas vraiment eu la même saveur…
Nous avons des regrets, c’est sûr, notamment contre le Celtic ou Cluj lors de la phase aller, où nous avions mieux à faire. Après, n’oublions pas que le Stade Rennais est encore un club en apprentissage sur la scène continentale. L’expérience du club est récente et le parcours de cette année nous aura beaucoup appris, dans la difficulté. Il faudra s’en servir dès que nous y reviendrons.
Retrouver l’Europe est probablement un objectif parmi d’autre pour toi mais parle-t-on forcément de l’Europa Ligue ? Ne vois-tu pas encore plus haut ?
J’ai 26 ans, j’arrive à une sorte de maturité pour un footballeur, presqu’un vieux (rires) ! J’ai toujours fonctionné en me fixant des étapes. L’idée, c’est de toujours progresser, de me fixer des objectifs élevés et de bosser dur pour les atteindre. Si je n’y arrive pas, je n’aurais aucun regret si j’ai tout donné. Alors oui, la Ligue des Champions, j’y pense, c’est le rêve de tout joueur professionnel. La petite musique, les plus grands stades d’Europe… Si je la dispute un jour, sans doute sera-ce parce que je l’aurais mérité. Si je ne la joue pas, c’est qu’il y aura meilleur que moi. Même chose pour les Bleus. Je ne sais pas si j’atteindrais ces objectifs mais je sais que je donne tout chaque jour pour être meilleur.
Recueilli par Julien Bouguerra
Quizz décalé…sur la décennie
Le joueur le plus fort avec lequel tu as évolué ?Raphaël Varanne, à Lens.
Le club le plus marquant?Liverpool sur sa série actuelle. C’est juste incroyable !
Le coach le plus marquant ?Antoine Kombouaré, en bien et en moins bien… Il m’a forgé un certain caractère et m’a donné ma chance dans l’élite.
Match le plus kiffant ?Non, ce n’est pas la finale de la coupe de France. La finale, c’était tout sauf kiffant ! On est menés 2-0, on stresse tout au long des pénos… Oui c’est kiffant quand le tir de N’Kunku s’envole et ensuite… Le plus kiffant, ça restera Arsenal.
Match le plus frustrant ?Celui de la « non remontée », avec Lens. Nous gagnons 3-1 contre Niort mais nous ne montons pas (Amiens passe devant à la 95’ en gagnant à Reims, ndlr) … C’était très dur, je savais que c’était probablement mon dernier avec les « Sang et Or ». C’est mon club de cœur. Ce fut terrible, j’ai pleuré ce jour-là, c’était dur…
Ton pire moment de solitude ?Ah…dois-je vraiment le dire ? L’an passé, on va dire que j’ai bien loupé une teinture de cheveux, qui a viré au roux violet… C’est passé inaperçu avec une coupe ultra-courte dans la foulée mais j’aurais aimé que personne ne voit ça !