Monsieur Multiplex de Canal + durant de nombreuses années, il est aujourd’hui le visage du Late Football Club, tous les soirs sur Canal +, sauf le jeudi…Cela tombe bien, ce fut le jour choisi la saison passée par le Stade Rennais pour briller et faire vibrer comme jamais cet irréductible supporter des « Rouge et Noir ». De Nicolas Fauvergue aux Gunners, Eric Besnard affiche les ambitions pour son club de cœur !
Le regard que porte le supporter qui est en vous et le journaliste que vous êtes est-il le même sur ce début de saison contrasté du Stade Rennais ?
Il diffère un peu, forcément. Quand je suis en « mode journaliste », je me dois d’être impartial, objectif mais pour autant, je garde mon cœur d’enfant. J’ai la chance d’exercer depuis tant d’années ce métier dont je ne me lasse jamais. Le Stade Rennais l’an passé nous a fait vivre des moments incroyables, a véhiculé de fortes émotions et l’attente est là cette année, ce qui est nouveau pour le Stade Rennais. Pour le moment, l’heure est à l’observation. L’interrogation, pour le moment, concerne à mes yeux plus le mercato que le coach, le président ou les rumeurs accompagnant leurs relations.
Vous évoquez un possible conflit entre Julien Stéphan et Olivier Létang ?
Je pense qu’il faut désamorcer ces bruits sur ce pseudo problème entre eux, que l’on peut lire ou entendre ici et là. Je ne suis pas dans les coulisses du club pour savoir ce qu’il en est mais je ne pense pas que ce soit le cas. Julien Stephan est à mes yeux un très bon entraîneur, jeune, sur et avec lequel le club peut bâtir un bel avenir. Il a déjà démontré de très grosses qualités et va continuer de progresser. Le président Olivier Létang, lui, est pour beaucoup dans l’évolution du club mais aussi la victoire en avril dernier contre Paris. Il a apporté son exigence, son expérience et sa vision pour le club. Ce n’est pas parce que le club a le septième budget de Ligue 1 qu’il se contentera d’une septième place. J’aime ce discours, il est ambitieux !
« Mon rêve ? La Ligue des Champions à Rennes ! »
Revenons au terrain et au mercato, donc. Vous doutez de sa qualité ?
Dans le football d’aujourd’hui, nous sommes souvent très, voire trop rapides, pour tirer des conclusions. J’aime dire que nous sommes les historiens de l’instant, nous, les journalistes. Il faut attendre, observer et analyser ce que font les recrues avant de tirer des conclusions mais pour le moment, c’est certain, ce mercato pose question. La moitié de l’équipe a été changée, avec des garçons très importants partis ailleurs, et les nouveaux n’ont pour le moment pas encore prouvé toutes leurs qualités. Un garçon comme Raphina m’interroge forcément. Pour autant, on assiste parallèlement à l’éclosion d’un joueur comme Camavinga, à l’apparition du jeune Gboho, buteur face à Toulouse. Cette victoire, comme l’attitude solidaire des joueurs en coupe d’Europe face à Cluj, demandent confirmation mais j’ai vu de bons signaux.
Quelles ambitions doit nourrir le Stade Rennais cette saison ?
Il ne faut pas avoir peur et jouer sa chance. Dans cette Ligue 1, il y a le PSG et les autres, pour qui, au final, tout est possible. Personne ne se détache. Le Stade Rennais, club dont on se moque gentiment, avec son étiquette de looser, c’est fini ! L’an passé, le club a gagné bien plus qu’un titre avec la coupe de France, il a gagné les cœurs et le respect de tous, avec la coupe d’Europe, la victoire face à Arsenal et une ambiance fabuleuse. J’y étais, quel souvenir ! Pour moi, le Stade Rennais a aujourd’hui le meilleur public de France, qui a vécu intensément des émotions qu’à titre personnel, je n’avais jamais connu de toute ma vie de supporter « Rouge et Noir ». Aujourd’hui, pour moi, tout est réuni pour le meilleur de l’histoire du Stade Rennais. Il est à venir, là, à portée. Du staff aux joueurs, avec le public, tous les ingrédients sont là !
On est loin de ce coup de tête de Nicolas Fauvergue du 26 mai 2007, privant le club de Ligue des Champions. Celle-ci est-elle un objectif réalisable, à terme ?
Pourquoi se l’interdire ? J’aime le discours du président qui est ambitieux, je le répète. Auxerre, Montpellier, Lille et d’autres ont connu la Ligue des Champions, pourquoi pas Rennes un jour ? Il faut continuer de construire mais en tous cas, c’est mon rêve absolu ! Vous parliez de Nicolas Fauvergue. Ce but et ce scénario, cela reste mon cauchemar, mon pire moment de supporter et un moment très compliqué sur le plateau. J’étais passé ce soir-là par toutes les émotions et j’avoue qu’après ce but-là, ce fut très compliqué !
Au sein de la rédaction de Canal+, on imagine beaucoup de supporters parisiens, marseillais, stéphanois mais peu de rennais. Aujourd’hui, bombez-vous le torse et chambrez-vous les collègues ?
Non, il faut rester modeste mais j’observe que le regard des collègues et plus généralement des journalistes et observateurs a changé sur le club. C’est aussi là que l’on mesure le travail du président Olivier Létang. Mon côté rennais, tout le monde le connaît. Après, il n’y a pas le même clivage quand on est « Rouge et Noir » et quand on supporte le PSG ou l’OM, où cela va parfois sur un terrain moins bon enfant. On m’a beaucoup chambré mais aujourd’hui, beaucoup moins. Je n’oublie jamais cependant d’aller taquiner mes collègues nantais. Eux me disent de regarder les palmarès, je leur réponds de s’intéresser au 21èmesiècle et de ne pas rester bloqué avant les années 2000. Pour autant, cela reste très bon enfant. La « Loose à la rennaise », c’est bel et bien terminé, j’en suis convaincu !
Propos recueillis par Julien Bouguerra