Vahid Halilhodzic, Sylvinho, Ghislain Printant, Alain Casanova… Quatre entraîneurs ont déjà été remerciés en ce début de saison laissant peu de temps aux techniciens pour mettre en place des effectifs souvent remaniés et nécessitant du temps pour peaufiner tactiques et automatismes. A Rennes, dans une crise de résultat, la question d’un départ du coach est déjà d’actualité pour certains. Pour nous, non et nous vous expliquons pourquoi !
Adhésion.
En dehors de la fameuse sortie de route d’Hatem Ben Arfa au printemps dernier, rares ont été ceux qui ont trouvé un grief à faire à Julien Stéphan depuis sa nomination, il y a un peu moins d’un an. Au-delà des garçons qu’il a lui-même amené au monde pro par la formation ou l’équipe première (Joris Gnagnon, Eduardo Camavinga, Jérémy Gélin, James Lea-Siliki), les cadres expérimentés de l’équipe l’apprécient et croient en leur coach depuis le départ. Dans nos colonnes, M’Baye Niang comparait même son coach à Massimo Allegri, ni plus ni moins, avouant être fan de l’homme et du technicien. Clément Grenier lui, confiait à Ouest France avoir été épaté par la causerie d’avant finale. Dans un autre registre, plus récemment, Jérémy Morel pointait la responsabilité des joueurs dans la crise actuelle de résultats plus que celle du coach : « On n’en fait peut-être pas suffisamment pour faire basculer les choses. Aujourd’hui, on a des bases qui sont données par le coach. Tout est clair, on sait ce que l’on a à faire. Maintenant, nous sommes les acteurs, nous sommes sur le terrain. On doit faire preuve d’un état d’esprit irréprochable ». Celui-ci ne l’a pas vraiment été à chaque sortie rennaise mais le coach a pour lui d’avoir des joueurs convaincus par sa méthode, son discours et ses choix. Pour autant, personne n’est dupe et chacun sait que si la mauvaise série venait à se poursuivre, les déclarations d’amendes honorables des joueurs pourraient rapidement se muer en silences accusateurs. Au vu de certaines prestations, cela serait bien déplacé !
Un vrai potentiel.
Le fameux débat sur le pragmatisme, le dogmatisme et même plus récemment la filiation père-fils-Deschamps. Jusque-là, il y avait le Julien Stéphan que tout le monde aimait, appréciait, et montait, un peu trop sans doute, au pinacle. Avec l’automne et quelques mauvais résultats, le voici désormais critiqué, parfois caricaturé et tourné en dérision par certaines éminences médiatiques parisiennes, n’ayant sans doute jamais posé leurs valises plus de trois jours à la Piverdière pour juger du travail accompli. Non, Julien Stéphan n’est ni un génie, ni un révolutionnaire comme le football en connait un par décennie, au mieux. Non, il n’est pas non plus un incompétent, un entraîneur lambda ou un bétonneur comme entendu et vu ici et là. Du pragmatisme de Deschamps, oui, il y a quelque chose, forcément, les deux hommes ayant probablement déjà pu échanger sur le métier mais l’expérience, et surtout le palmarès, qu’on l’aime ou non, de notre Dédé National, incite à un minimum de respect. Qu’il soit une source d’inspiration n’a rien d’offensant et tout le monde n’a pas les idées et surtout les moyens d’un Pep Guardiola pour faire vibrer techniquement les foules. En quête d’amélioration et d’optimisation, capable de passer du 4-3-3, 3-5-2 au 5-3-2 selon les besoins, le coach rennais fait tout simplement avec ce qu’il a, en y ajoutant un incontestable talent de meneur d’hommes, une pédagogie et des idées, qui gagneront à être développées avec du temps et peut-être, à terme, d’autres moyens. Passé par la formation, il sait le cheminement nécessaire entre l’intégration d’un schéma de jeu par les joueurs et la mise en place de celui-ci. A 39 ans, une belle carrière s’ouvre à lui et le temps sera le plus précieux des alliés pour la réussir. De l’avis des plus avertis et légitimes interrogés à son sujet, le potentiel est là. Sans faire partie de ce collège de prestige, nous partageons cette opinion !
Effectif reconstitué.
L’été dernier, c’est la moitié de l’équipe qui a fait ses valises et quitté la Bretagne ! Tomas Koubek, Ramy Bensebaïni, Mexer, Benjamin André, Hatem Ben Arfa et Ismaïla Sarr, tous titulaires, voilà qui vous pose un sacré défi au moment de reconstruire un onze compétitif. Si la qualité des arrivants pose à ce jour question, nulle n’est notre intention de condamner qui que ce soit après un peu plus de trois mois de compétition. Pour le moment, le coach cherche encore la bonne formule, avec des postes très (trop) fournis et à l’inverse, d’autres semblant démunis. Si une colonne vertébrale semble établie avec des « indiscutables » aux yeux du coach que sont, quand ils ne sont pas blessés, Edouard Mendy, Hamari Traoré, Benjamin Da Silva, Clément Grenier et Mbaye Niang, les multiples combinaisons pour accompagner ces cinq-là n’ont, pour le moment, pas donné pleine satisfaction. Benjamin Bourigeaud, Eduardo Camavinga, Jérémy Morel et Joris Gnagnon semblent s’imposer ensuite dans le onze de départ mais l’animation offensive n’est pas encore rodée et affinée, Raphina et Flavien Tait cherchant toujours un premier but mais surtout, une place sur l’échiquier rennais. Construit sur le tard, avec trois arrivées dans les ultimes heures du mercato, l’effectif rennais et son coach ont encore besoin de temps, même si l’urgence de résultat contrarie tout cela !
Qui pour le remplacer ?
Lu sur internet : Olivier Létang a contacté Laurent Blanc… A l’heure du buzz et de l’info non vérifiée, uniquement destinée à faire sensation, surtout lorsqu’elle émane de « Twittos » cachés derrière des pseudos, les rumeurs les plus farfelues ont la part belle et se propagent souvent telles des trainées de poudre sans que pour autant, elles soient un minimum fondées. Aujourd’hui, la réalité est simple : les entraîneurs de niveau équivalent ou supérieur ne sont pas légion sur le marché. A ce jour, seuls Jocelyn Gourvennec, que beaucoup imaginent un jour au Stade Rennais, pourrait être une alternative, sans pour autant offrir plus de garanties que Julien Stéphan. Et à ce petit jeu-là, en dehors des candidatures des habituels et opportunistes pompiers de services tels René Girard, Patrice Garande, Elie Baup, Jean ou Luis Fernandez ou Frédéric Hantz (ouf, Kombouaré n’est plus sur le marché !), aucun profil ne mérite pour le moment que l’on y porte intérêt. Un duo Blanc-Gasset ? Trop cher et probablement peu intéressé. Thierry Henry ? Soyons sérieux, on vous dit ! Restent alors Fabien Mercadal, déjà viré du Cercle Bruges ou Reynald Pedros ? Ah, si on ne peut plus déconner…
Stabilité.
La maladie du football, incontestablement, est sa propension à ne pas savoir attendre, développer un projet, réfléchir sur la durée et donner ce temps si précieux aux hommes en place. Sport par essence, le foot nécessite que les hommes soient tous ensemble et au même moment dans la performance, la cohésion et parfois même, la fusion. Quand les voyants sont au rouge, le bouton sur lequel on appuie pour éjecter est le chemin le plus court vers une autre histoire mais le scénario n’est que rarement plus réjouissant par la suite. Les maux d’une équipe sont avant tout palpables et cultivés sur le terrain, où l’entraîneur n’a plus la main sur les événements. Sa préparation antérieure peut être la meilleure du monde, si personne n’y met du sien, la catastrophe est au bout. Chez ce Stade Rennais-là, personne ne semble avoir lâché le coach, bien au contraire. Le discours passe toujours, même si les choix ne sont pas toujours les bons. La capacité à traverser la crise de résultat par l’ensemble des composantes du club montrera aussi que le SRFC a franchi un palier, au gré des victoires car c’est aussi dans le dur et les défaites que l’on mesure l’union et la force d’un club. A bon entendeur…
Julien Bouguerra