S’il savoure sans modération la belle saison de son club de cœur, promu en Fédérale Une, Arnaud Le Berre le sait : le plus dur commence pour le REC Rugby, désormais solide formation d’un échelon pourtant découvert cette saison. En attendant de confirmer la saison prochaine en F1, le numéro 13 rennais reste focus sur l’objectif ultime cette saison : une place en play-offs.
Face à Nantes, pour le dernier match de la saison en terres ligériennes, l’enjeu sera là. Est-ce un bonheur de terminer la saison de la sorte ?
Franchement, jouer le derby là-bas pour décrocher la sixième place, synonyme de play-offs pour notre première année en Fédérale Une, c’est vraiment une belle récompense ! Ils ont gagné à l’aller, nous avons à cœur de les bousculer. Ils sont d’ores et déjà qualifiés pour les phases finales, à nous de faire un gros match là-bas pour bien terminer. Quel que soit le résultat, la saison aura été réussie
Vous n’avez pourtant rien contre l’idée d’ajouter six matchs au programme !
C’est certain. Cette formule de phases finales permet d’affronter d’autres équipes, classées entre 3 et 6, parmi les différentes poules de Fédérale Une. Nous allons pouvoir continuer à apprendre, à nous mesurer à de belles équipes. L’objectif sera de se faire plaisir et de continuer à apprendre.
En préparation, Nantes, justement, s’était très largement imposé face à vous. Cette victoire a-t-elle été le déclencheur de la saison que l’on sait ?
À titre personnel, je n’y étais pas mais je sais qu’il y a eu de vraies discussions et une prise de conscience après ce match. Même si ce n’était qu’un amical, cela restait un derby et le résultat nous a fait prendre conscience que tout ce qui avait pu être fait l’année précédente ne faisait plus gage de sécurité pour nous. On repartait de zéro et nous avons redoublé de travail, d’écoute, d’investissement personnel. Je me souviens que dès leur arrivée et nos premiers matchs, les nouveaux nous avaient affirmé que nous avions les moyens d’aller chercher les play-offs.
Quand la saison a-t-elle réellement démarré pour vous, au sein du groupe, au-delà de cet amical et de la prise de conscience qui l’a accompagné ?
Sincèrement, à la mi-temps de notre premier match à Dax, nous nous sommes parlé, sans filtre. Nous n’étions pas nous-mêmes, sans doute trop admiratifs de nos adversaires, un club historique du rugby français et quelque peu timorés. La seconde période fut tout autre et nous les avons bousculés, au point de prendre notre premier point en F1. Le déclic est là et ensuite, tout s’est plutôt bien enchaîné.
À titre personnel, comment juges-tu tes débuts à cet étage ?
J’essaie de répondre aux attentes des coachs, je travaille de la même manière, sans me prendre la tête. C’est surtout sur le plan tactique et technique que la donne change. L’an passé, nous étions tout de même au-dessus et dès que nous franchissions et cassions une ligne, nous allions à l’essai et à contrario, quand nous étions franchis, nous parvenions à sauver le coup. Cette année, chaque percée ou presque nous coûte un essai tandis que nous ne marquons pas à chaque fois ! Il faut travailler sur cet axe, gagner de l’expérience et de l’efficacité sur ces phases-là.
Ton premier essai, tu t’en souviens ?
Oui, il me semble que c’était face à Niort, au match aller. Mais je n’accorde pas trop d’importance aux stats personnelles. Si ça fait gagner l’équipe, c’est très bien mais à mes yeux, ça s’arrête là.
Tu ne fais pas partie de ces joueurs qui comptabilisent tout, qui s’appuient sur leurs performances via les chiffres pour se rassurer ou justifier une requête ?
Sincèrement, non, pas du tout. Ce qui m’intéresse, c’est l’équipe, la victoire ou les points de bonus, pas le nombre d’essais inscrits par untel ou untel. Nous parlons d’un sport co où nous avons tous besoin les uns des autres. L’individualisme n’a pas trop sa place dans le rugby. Du moins, pas pour moi.
L’an prochain, vous ne serez plus le promu surprise mais une équipe solide et attendue. La donne va changer !
Oui, c’est vrai, il y aura d’autres attentes autour de nous et des adversaires qui nous connaîtrons mieux. Le plus dur, dans le sport, c’est de confirmer et c’est le défi qui nous attend l’an prochain où nous souhaitons faire aussi bien. Pour ceci, il va falloir redoubler de travail, se remettre en question et continuer de vouloir progresser, toujours plus.
Tu seras bien rennais l’an prochain pour la suite de l’aventure ?
Oui, c’est ce qui est envisagé. Je me partage entre les entraînements et le REC et mon activité avec la Ligue de Bretagne de Rugby. J’encadre les clubs cherchant à se structurer et à avancer comme Redon ou Chateaubourg par exemple, mais j’interviens aussi auprès d’autres clubs plus confirmés sur le département comme Le Rheu ou Bruz. L’idée est d’accompagner les éducateurs, notamment. Je suis aussi en charge des U15 Bretagne et des U14. Je ne suis pas pro au REC Rugby mais vit pas mal rugby tout de même !
Le mot de la fin ?
KROGOT !
Recueilli par Julien Bouguerra