La parenthèse enchantée européenne est à peine refermée que la communauté rennaise a déjà un autre rêve en tête, avec la finale de la coupe de France face au PSG le 27 avril prochain. Un final en apothéose pour le club rennais qui pour autant, ne dois surtout pas oublier son quotidien et la Ligue 1, avec une qualification européenne toujours à portée via la cinquième place. Avec peu de jokers en poche…
Il ne peut pas y avoir que des « grands soirs »… Dirigeants, staff, public et joueurs le savent, le plus dur commence avec le sprint final de Ligue 1, mené parallèlement à l’excitation d’une finale en Coupe de France. Difficile dilemme que de choisir, alors jouons sur les deux tableaux ! S’il s’agira d’un quitte ou double au Stade de France, le championnat, lui, récompensera la régularité et l’efficacité ! Au bout, la possibilité de revivre la saison prochaine des moments gravés à vie dans les cœurs rennais…
Arsenal, un goût de symphonie inachevée…
Comment oublier ce 7 mars dernier, du côté du Roazhon Park ? Trois buts délicieux résonnant chacun un peu plus fort dans la nuit rennaise. Arsenal pensait avoir douché les espoirs rennais d’entrée dans une ambiance surchauffée avec un but chanceux d’un type pas vraiment chic (lire par ailleurs), Axel Iwobi. Il en faudra bien plus pour refroidir les ardeurs bretonnes et la furia consécutive à l’expulsion de Sokratis, dépassé par Ismaïla Sarr. Benjamin Bourigeaud, d’un coup de canon, redonne l’espoir. Après la pause, Rennes se déchaîne : Mehdi Zeffane avec l’aide de Mustafi puis Ismaïla Sarr donnent à cette manche aller un goût de paradis aux Rennais. Certains regretteront ce fameux quatrième but qui aurait probablement tout changé… à raison. Pour le reste, tout fut simplement PAR-FAIT ! Un Roazhon Park plein à craquer, des chants du début à la fin sans discontinuer, une acclamation méritée pour Petr Cech et une partition parfaite sur le terrain des « Rouge et Noir » chacun à 100 %, voire plus de leurs possibilités. Malheureusement, au retour, deux buts d’entrée pour Arsenal casseront clairement l’ambiance dans un contexte sans cris ni passion, très feutré, où le Stade Rennais ne trouvera jamais la place pour écrire le volet retour de son exploit malgré 5000 supporters venus les accompagner bruyamment. Séduisants, Julien Stéphan et ses hommes sont désormais respectés de toute la « France de Football », voire au-delà. Les épopées existent pour écrire l’histoire des clubs mais aussi gagner le cœur du pays. Le pari amplement réussi, au moment où Paris, Lyon, Marseille ou Bordeaux se bordaient de ridicule sur la scène européenne.
Quatrième ou cinquième, l’impossible pari ?
Pour retrouver pareille folie, nous au moment d’un sprint final à lancer où, clairement, les hommes de Julien Stéphan partent de loin. Trop loin ? Nombreux sont ceux à le penser. Les temps de passage en championnat sont corrects mais laissent peu de marge d’erreur. Aujourd’hui, le Stade Rennais après 30 journées de championnat, certes avec un match en moins à disputer à Nîmes, ne compte que Xx points, contre 45 la saison passée. Problème néanmoins, Saint-Etienne et Marseille ont pris un peu d’avance. Pour autant, Rennes possède des atouts dans sa manche. D’abord une dynamique globale sous l’impulsion d’un coach inspiré, notamment à domicile où les Bretons n’ont été vaincus qu’une fois par Lyon en toute fin de partie. Avec Hatem Ben Arfa, revenu à son meilleur niveau, même si un petit déficit d’efficacité vient nuancer l’impression globale, le onze « rouge et noir » fonctionne bien. Stabilité défensive, travail et créativité de retour au milieu et efficacité en attaque, les ingrédients sont là, même si pas toujours présents en même temps… Le calendrier, lui, est plutôt favorable à des Brétilliens qui n’ont plus de « gros » au programme. Les venues d’ici la fin de saison de Nice, Monaco, Guingamp et Lille, dont le sort sera probablement acté lors de la dernière journée, n’ont rien d’insurmontables pour une équipe capable de se transcender et de renverser des situations mal engagées, notamment à domicile. A l’extérieur, peu d’enjeux en vue à Toulouse et Strasbourg, maintenus. À Dijon, en revanche, il faudra s’imposer, contre des Bourguignons jouant leur survie (20 avril prochain). Le vécu d’une saison riche émotionnellement sera un atout. Une année où Rennes passa du bas de tableau et d’un climat de crise sous Sabri Lamouchi à une douce et enivrante euphorie née d’un parcours européen remarquable et remarqué. Certains des acteurs majeurs de cette épopée, tels Hatem Ben Arfa ou Mbaye Niang notamment, sont en fin de contrat ou prêtés et peuvent encore abattre une carte importante en étant décisif lors des deux mois à venir, avec pour conséquences, de vraies opportunités en juin prochain, à Rennes ou ailleurs… En cela, la cinquième, voire la quatrième place, devient un objectif inévitable, collectivement comme individuellement.
Y’a-t-il encore de l’essence dans le moteur ?
De nombreux feux sont au vert, on le voit, mais attention, d’autres équipes peuvent rapidement faire passer le Stade Rennais au rouge et scotcher le club breton à une place d’honneur, entre sept et dix. Marseille, qui a déjà totalement raté sa saison (parcours en Ligue Europa honteux, Ligue des Champions hors de portée…), cherchera à sauver ce qui peut encore l’être avec une quatrième place perdue au profit de Saint-Etienne, qui a défaut d’être brillant, fait le travail face à tous ceux classés derrière lui. Et cela tombe bien pour les Verts, dont le calendrier est plutôt abordable jusqu’à la fin de saison, avec une dynamique positive. Désormais quatrièmes, l’ASSE possède assez d’expérience dans son effectif pour ne pas flancher. Il faudra se méfier de Reims, équipe inattendue de la saison battue uniquement à six reprises, une prouesse pour un promu. Difficile pour autant d’imaginer les Champenois aller au bout, même si l’histoire de la Ligue 1 a connu des « surprises » bien plus déroutantes. Au programme pour eux, Monaco, Saint-Etienne, Bordeaux et le PSG en conclusion. Nice et Montpellier, eux aussi dans le lot des concurrents de Rennes, paraissent bien moins armés et auront des calendriers complexes à gérer (Rennes, PSG, Saint-Etienne et Monaco pour Nice, PSG, Saint-Etienne et Marseille pour Montpellier), avec notamment des confrontations directes face aux « Rouge et Noir ».
Mais au-delà de l’adversaire, c’est avant tout d’eux-mêmes que devront se méfier les Rennais. On s’en souvient, l’an passé, les « Rouge et Noir » s’étaient notamment inclinés à domicile contre Metz, lanterne rouge, contre toute attente, passant proche de louper l’Europe pour cet accro. S’ils maintiennent le niveau très intéressant d’intensité physique et d’exigence technique mis depuis de longues semaines, les Rennais ne seront pas loin du but même s’il faudra compter sur des faux-pas d’adversaires programmés pour être européens (OM, ASSE). Equipe ayant disputé le plus de rencontres depuis le début de saison (48 à ce jour, 55 au total), le Stade Rennais doit mettre un dernier coup d’accélérateur pour renouveler son bail européen. Un défi à la portée d’un groupe qui n’a sans doute pas encore fini de nous étonner et de nous faire vibrer !
Julien Bouguerra