JRS58 – CPB : Emmanuel Marty, coach du CPB : « Nous sommes en construction »

Intronisé à la tête de l’équipe fanion cet été, Emmanuel Marty vit avec ses joueurs un début de saison compliqué, loin de ses attentes. Remise en cause, réflexion sur sa méthode et découverte d’un nouveau métier à temps plein, le coach cercliste n’évite aucun sujet et reste déterminé à réussir !

Le CPB est à la peine en début de saison alors que l’on attendait l’équipe plutôt en première partie de tableau. T’attendais-tu à ce démarrage compliqué ?
La prise de poste cet été s’est bien déroulée, les premiers résultats lors des amicaux étaient bons, nous avons tenu tête de belles équipes et l’ambiance générale était bonne. Ensuite, en championnat, nous avons enchaîné une série difficile. Plusieurs matches se sont joués à un petit but mais n’ont pas basculé du bon côté. D’autres ont été perdus plus nettement.

Quelles sont les premières explications à ces résultats ?
Les gars travaillent bien, et je n’oublie jamais qu’ils ont eu leur journée de boulot avant, c’est une de nos spécificités, qu’il faut toujours garder en tête. J’attendais mieux en termes de résultat mais je suis le premier fautif. Il est de mon devoir de donner des réponses aux problématiques, que ce soit la semaine à l’entraînement mais surtout en match, face à ce que propose l’adversaire. Les joueurs doivent trouver en moi des réponses, des solutions, y compris quand nous sortons de notre projet de jeu. Il y a des satisfactions, comme l’apport de mes gardiens, souvent décisifs, l’investissement des gars mais nous devons faire mieux. Nous en avons les moyens.

« Rester soi-même, c’est le plus difficile »

Tu es en plein apprentissage du métier d’entraîneur d’une équipe fanion senior masculine. Comment situes-tu ton évolution ?
Apprentissage, c’est le terme, nous sommes en plein dedans. J’entraîne depuis trois ans des seniors, et c’est évidemment ma première année à ce niveau. Impossible de me cacher derrière ça, on m’a fait confiance, proposé ce challenge et je me fais un devoir d’honorer la confiance du club, de mes présidents. Une fois ce constat fait, je vois bien que je n’ai pas encore trouvé le juste milieu à beaucoup d’égards. Sur la proximité et la distance avec les joueurs, sur ma patience pendant un match et le recul nécessaire pour être le plus lucide possible. Ce n’est pas qu’une question d’âge. A mes yeux, la relation entraîneur-entrainé n’est jamais simple, beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte et trouver la stabilité sur ce rapport humain-là demande du temps, des victoires et aussi des défaites. Je m’attendais à plus simple, peut-être, mais je n’ai jamais pensé que ce serait facile.

« Je m’attendais à plus simple, peut-être, mais je n’ai jamais pensé que ce serait facile. »

Où dois-tu progresser pour accélérer ton apprentissage ?
Je dois bosser sur moi, cela prend du temps, en tant qu’entraîneur ou qu’homme. Rester soi-même, c’est le plus difficile. Aujourd’hui, j’ai la chance d’exercer un métier passion mais le prix à payer, c’est que le travail ne te quitte jamais. Tu rentres chez toi, tu manges, tu te couches, les joueurs ne sont plus là mais toi, tu continues de cogiter, de réfléchir, de tout retourner dans tous les sens. Parfois, j’ai l’impression d’être à la troisième personne à l’entraînement. Une défaite, ça me bouffe, ça me ronge, et il n’y a que les victoires qui te permettent d’effacer un peu ce goût-là, et de retrouver plus de tranquillité. Quand on perd, j’en suis le premier affecté mais aussi encore plus déterminé à trouver la bonne formule.

« Nous sortirons grandis et maintenus de cette saison »

Côté terrain, cela passera-t-il par un handball peut-être un peu moins beau à voir ?
Je vais être très clair là-dessus, s’il faut être moches pour gagner des matchs, nous n’hésiterons pas un instant à l’être. Aujourd’hui, il faut gagner ! Je suis dans un club où j’ai la chance de ne pas avoir une pression négative sur la tête. Le projet est établi sur plusieurs années, avec de la continuité, un fil conducteur mais pour moi, descendre en N2 est interdit, ce serait un drame et c’est hors de question ! Nous avons identifié des axes précis de travail et allons accentuer les efforts sur certains points. L’effectif a été fortement renouvelé, il faut trouver les bons dosages. Parfois, à l’entraînement, je choisis un exercice en pensant faire plaisir aux joueurs et ceux-ci me disent ensuite qu’ils n’en ont pas saisi l’intérêt. Bien que les mecs aient le boulot à côté, ils sont demandeurs, compétiteurs et c’est à moi de trouver le bon dosage. Ce groupe a de la qualité et la victoire appelant la victoire, à nous d’enclencher une belle série.

Avoir joué avec certains de tes joueurs et n’avoir que 26 ans est-il finalement plus un handicap qu’une chance pour ce rôle de coach ?
Connaître les mecs, avoir joué avec, c’est un avantage, bien sûr mais pas que. Si chacun respecte le rôle des uns et des autres, ce n’est pas toujours simple non plus pour avoir les mots justes mais c’est l’évolution logique des choses. Il ne reste finalement pas tant de joueurs que cela avec qui j’ai joué mais parfois, je peux aussi me questionner sur ma légitimité à recadrer, ou « allumer » un gars qui aurait joué en pro ou centre de formation pro. Ce n’est pas simple de s’identifier comme coach, comme celui qui décide ou juge, et tranche. Comme je l’ai dit, je suis encore en phase d’apprentissage de tout cela, au-delà du jeu, et il faut faire tout cela en même temps. C’est difficile, oui, mais passionnant et motivant, encore plus. Mon plus grand souhait, c’est que mes gars, qui ne trichent pas et jouent, donnent tout, soient récompensés par des victoires, des sourires. Je suis pleinement convaincu que nous y parviendrons et que même si cette année ne sera pas facile, nous en sortirons grandis et maintenus !