JRS54- Hand – CRMHB : Stéphane Clémenceau « Nous avons vraiment pris possession de la Glaz Arena » 

Voilà déjà quelques années que le président du CRMHB n’avait pas pu savourer une fin de saison délesté de la pression du maintien et du stress l’accompagnant. L’heure est à savourer les dernières sorties de ses joueurs avec le souci de faire le travail jusqu’au bout avant de penser, déjà, à la saison prochaine.

A quelques jours de la fin du championnat, êtes-vous un président heureux ? 

Sincèrement, nous avons vécu une très belle saison mais celle-ci n’est pas encore terminée. Il reste encore deux victoires à aller chercher (entretien réalisé la veille de la réception d’Aix, ndlr) pour atteindre un total de points à la hauteur de ce qui a été produit durant une bonne partie du championnat. Nous voulons terminer sur une bonne note, c’est pourquoi nous sommes intervenus auprès du groupe, avec David Christmann, pour appuyer le message du staff.

La mauvaise passe en terme de résultat vous-a-t-elle agacé ?

Agacé, non mais nous voulions réagir et montrer aux garçons que nous sommes là, présents et désireux de les voir aller jusqu’au bout. Nous savons que personne ne triche, que ça bosse dur à l’entraînement et que tout le monde tire dans le même sens, malgré une fatigue bien légitime. Simplement, il fallait rappeler qu’un dernier coup de collier, un dernier effort valait le coup pour ponctuer en beauté le remarquable travail accompli jusque-là. Je suis convaincu que plus la parole du directeur sportif ou du coach est rare, plus elle peut apporter quelque chose. On a vu à Nantes que nos joueurs ont sorti une très belle rencontre, que nous aurions je pense remportée avec Hugo Kamtchop-Baril et Romain Briffe sur le terrain… 

Au-delà des derniers résultats à venir, cette saison est-elle d’ores et déjà la plus belle que vous ayez vécue ?

Nous avons vécu d’autres belles saisons, comme celles où nous terminons septièmes en 2014 et 2015. C’était différent mais aussi de belles émotions, avec de grands moments. Cette saison, ce qui me plait le plus, c’est que nous avons vraiment pris possession de la Glaz Arena, y avons été longtemps invaincus en proposant du très bon handball, en donnant du plaisir. Le public est aussi de moins en moins spectateur et devient supporter, une mue est en train d’opérer. L’objectif, l’envie, au-delà d’un classement ou d’un nombre de points, c’est de vivre l’ambiance vue contre Paris face à des Chambéry, Saint-Raphaël ou Chartres. Le groupe construit a donné pleine satisfaction, le staff, qui est tout jeune à ce niveau-là, également et tout cela est synonyme de beaucoup d’espoirs et d’optimisme pour la suite.

Les deux victoires d’entrée face à Nantes puis Montpellier ont-elles permis cette superbe première partie de saison ?

Clairement, oui. Réussir un exploit d’entrée avec ce derby, c’était déjà grand mais enchaîner contre Montpellier… Cela a donné beaucoup de force et de confiance à l’équipe, qui a su fructifier sur la durée cette entame. Attention, néanmoins, nous ne réussirons pas cela tous les ans et si je retiens ces belles victoires, je n’oublie pas non plus les défaites à Nancy, Chartres et Limoges ou les nuls contre Istres et Toulouse par exemple. Ces matchs-là ont fait mal sur le moment mais sont peut-être aussi un mal pour un bien qui montre le chemin qui reste à parcourir pour continuer de grandir. Il faut prendre le temps de progresser, d’avancer. A l’avenir, j’espère que nous saurons gagner les matchs qui sont à notre portée, que battre les équipes hors top 4 du championnat ne sera plus considéré comme un exploit.

Côté terrain, quelles sont vos satisfactions ?

Je suis très heureux de la saison de Théophile Caussé, qui réalise chez nous peut-être la meilleure saison de sa carrière. C’était un pari et il est réussi. J’apprécie aussi beaucoup, sur le même poste, la seconde partie de saison de Youenn Cardinal. Il était dans le dur en début de saison mais est revenu sur le devant de la scène avec beaucoup de caractère, tordant le cou à l’image que certains lui donnent. L’impact de Ludwig Appolinaire, où qu’il soit aligné, m’a aussi plu, aussi. Ensuite, nos joueurs cadres Romain Briffe, Robin Molinié, Hugo Kamtchop-Baril et Romaric Guillo ont fait le boulot, guidant le groupe. Pour Robin, nous savions ce que nous faisions avec ce joueur, très intelligent et doué, que nous suivions depuis longtemps. Pour moi, il a été longtemps sous-coté et nous sommes très heureux de l’avoir chez nous. Chez les jeunes, enfin, je suis bluffé par l’évolution de Mathéo Briffe. S’il est encore perfectible, comme en témoignent ses pertes de balles ou quelques loupés, ses buts, son impact et ses performances laissent entrevoir de très belles choses. Nous serons ravis de le voir grandir chez nous l’an prochain, où il devrait prendre de la place dans les rotations.

On vous sait sensible au poste de gardien. Votre avis sur la paire d’aujourd’hui et celle de demain ?

Jozé est un show-man, un gardien qui sort des arrêts très spectaculaires sur des moments décisifs, qui joue avec le public. C’est un énorme bosseur et Miguel a du coup vécu un peu dans son ombre sa première année cessonnaise. Peut-être ne s’est-il pas encore assez affirmé mais le talent est là. Je reste d’ailleurs convaincu de sa très grande qualité technique, notamment sur les tirs lointains. Leurs styles sont opposés mais complémentaires et je suis convaincu que la saison prochaine peut être celle de Miguel. Arnaud Tabarand, qui nous rejoint, est dans un registre encore différent, avec beaucoup d’expérience, de personnalité, et notre paire de l’an prochain va être très intéressante à voir évoluer. 

Un mot sur les départs de joueurs ?

Pour Jozé Baznik, nous n’avons pas pu lutter avec Nîmes, qui lui offrait des conditions qu’il ne pouvait refuser dans l’évolution de sa carrière. Il a beaucoup apporté par sa grinta, sa personnalité et nous lui souhaitons beaucoup de réussite. Hugo, c’est un cas différent. C’est un enfant du club, nous avons discuté avec lui depuis longtemps et les choses étaient claires : il souhaitait un nouveau challenge, connaître autre chose. Il le mérite et a fait ce choix sportif que nous respectons. Rudy Séri s’en va sans avoir réellement réussi à trouver la régularité, étant arrivé avec un travail de remise en forme dû à trop de musculation en Espagne. Ce fut ensuite difficile de trouver sa place malgré quelques belles performances. Pour les prêts de Louis Despréaux et Marco Mengon, l’idée est de leur donner l’occasion de gagner du temps de jeu car nous continuons à être convaincus de leur potentiel. Nous croyons en eux et jouer 50 minutes par match doit les faire grandir pour revenir plus forts.

Côté arrivées, il fallait déjà verrouiller certains joueurs…

C’est tout à fait cela ! Nous avons, dans cette optique, prolongé Youenn en cours de saison, puis Théophile Caussé et Robin Molinié. Aujourd’hui, les discussions et réflexions sont engagées avec Romaric Guillo et Romain Briffe. Le premier souhaite poursuivre ici et nous aussi. Pour Romain, c’est le corps qui parlera. Il est évident de notre côté que nous souhaitons continuer avec eux, offrant par la même occasion un socle stable, un effectif qui bouge peu au staff pour travailler sereinement sur deux à trois saisons. Nos recrues ont été ciblées avec des critères d’expérience, de connaissance du championnat pour trois des quatre joueurs qui nous rejoignent. Arnaud Tabarand, on ne le présente plus, Tiago Rocha est un pivot très intéressant offensivement, qui marque beaucoup de buts et qui possède une très grosse expérience. Rune Schroder, lui, nous a fait très forte impression en coupe d’Europe face à Aix mais nous l’observons au-delà de ce match depuis un an et demi et ce qu’il a fait ce jour-là, il le fait très régulièrement un championnat. C’est un arrière gauche qui tire et marque beaucoup, qui comprend le jeu et qui, s’il s’adapte bien à notre pays, peut être l’une des belles surprises du championnat. Côté droit, enfin, un joueur expérimenté évoluant dans le championnat va nous rejoindre au poste d’arrière droit. Avec lui, nous savons où nous allons, c’est un habitué qui va compléter Florian Delecroix sur un poste où Ludwig Apollinaire et Théo Caussé pourront aussi évoluer.

L’effectif fin prêt, le club l’est-il aussi hors terrain pour confirmer cette belle année ?

Nous avons connu une saison très satisfaisante hors parquet, c’est vrai. Nous avons atteint un total de près de 180 partenaires privés, ce qui est très encourageant surtout en période post-covid. Nous avons été labélisés Argent par la Ligue, au regard de tout ce que présente le club en termes d’hospitalité, d’accueil des VIP, du public, d’animation et de communication, de fonctionnement. Il nous manque juste quelques salariés sur des postes clés pour obtenir le label Or, ce qui montre le beau travail accompli par tous. L’objectif, l’an prochain, sera de continuer de grandir, de consolider tout cela.

Vous répétez depuis longtemps que président, c’est 10 % de plaisir et 90 % d’ennuis… Le ratio a enfin évolué dans le bon sens et vous voyez vous encore longtemps à la tête des Irréductibles ?

Oui, c’est vrai, il y a plus de plaisir quand les résultats suivent, évidemment. Il me reste deux ans sur mon mandat actuel et il est sûr qu’il faudra, quand on sera prêt pour cela, passer la main, apporter peut-être un souffle ou un regard nouveau. En 2019, c’est vrai, j’étais très fatigué, usé et vidé. J’ai pris du recul, je suis beaucoup moins présent au quotidien. Le recul est nécessaire sur cette fonction où il est important d’assurer le politique, le message vers l’extérieur du club, la représentation. L’enthousiasme est revenu autour de ce staff, de ces joueurs, de ce public qui offrent une dynamique à tout un club. Désormais, l’envie est de revivre des saisons comme celle-ci chaque année et de progresser, faire encore mieux. Et nous le pouvons ! L’expérience match à la Glaz Arena doit encore être améliorée, nous y travaillons déjà et cela laisse peu de temps pour réfléchir à son cas personnel.