Foot – SRFC : En automne, ça détonne !*

Quatrième victoire de rang pour Bruno Genesio et ses hommes

Après avoir balbutié son football et fait vaciller ses objectifs en début de championnat, le Stade Rennais a trouvé son rythme depuis sa victoire face au PSG, offrant spectacle, buts, solidité offensive mais aussi un refus de la défaite. Les ajustements de Bruno Genesio ont fait mouche et cette fois-ci, la saison est bel et bien lancée !

Tout va si vite dans le football, toujours prompt à s’emballer quand les victoires s’enchaînent et à vouloir couper les têtes dès que ça ne tourne plus rond. ceux qui rêvaient déjà de voir la tête de Bruno Genesio tomber après un début de saison compliqué, en sont pour leurs frais depuis un mois : six victoires et deux matches nuls, telle est la série en cours réalisée par le Stade Rennais à l’heure où débute le mois de novembre avec deux réceptions successives contre mura puis l’Olympique Lyonnais. deux matchs dont les enjeux vont indiquer la tendance : se qualifier quasi définitivement pour le tour suivant en Europa League conférence et s’installer durablement dans le top 5 en cas de victoires face aux Gones puis contre Montpellier, Lorient et Lille. Les supporters lyonnais, très durs pour certains d’entre eux à l’époque avec Bruno Genesio, vont retrouver en Bretagne un coach qui a le vent en poupe et dont la méthode semble adaptée à sa nouvelle terre. Peu adepte des éclats de voix ou des envolées égocentrées à la moindre victoire, le coach rennais reste aussi discret qu’investi et efficace dans son labeur, que les vents soient favorables ou contraires. Ne vous y fiez pas, l’homme fort du Stade Rennais sait se faire entendre et faire passer ses messages, y compris par la presse, quand il en ressent le besoin. Néanmoins, rendons à césar ce qui lui appartient. Après la victoire contre Paris, la défaite de l’ogre parisien fut bien plus à la une que le troisième succès du technicien face au PSG ère qatari. Qu’en aurait-il été si Sampaoli le « génie » marseillais avait réussi cela ? Les coups tactiques, dans cette partie, furent pourtant tous gagnants ! Tout d’abord, la titularisation de Jonas Martin pour taquiner et faire sortir de son match Presnel Kimpembé. Ensuite le choix de créer des déséquilibres pour ne pas faire que subir puis ensuite, à 2-0, une parfaite gestion des espaces et du match, avec une sérénité illustrant un plan ayant fonctionné parfaitement.

A Metz, comme à Bordeaux, Rennes s’offrit un récital offensif cette fois-ci concrétisé au tableau d’affichage avec trois buts illustrant à merveille les forces d’octobre : la talonnade géniale de Gaëtan Laborde sur le premier but, en mode renard esthétique, le chef d’œuvre, petit pont-extérieur du droit surpuissant de Kamaldeen Sulemana puis l’œuvre collective conclue par Martin Terrier pour le numéro 3. Le vrai compositeur d’une si belle symphonie est bien celui que certains de ses détracteurs moquent en l’appelant « Pep », un surnom qui le laisse désormais « indifférent, après l’avoir parfois agacé puis amusé », en clin d’œil au jeu prôné par maître Guardiola. L’adversité aidant, ce match donna au Stade Rennais des ailes mais là encore, personne pour fanfaronner. Une attitude lucide et confirmée dans des matchs bien moins aboutis en Slovénie contre mura ou face à Strasbourg. Bien moins inspiré, le Stade Rennais s’imposa néanmoins. chose qu’il ne parvint pas à faire à Troyes où après avoir ouvert le score et amplement dominé l’entame, il retomba dans un à peu-près sanctionné avant la pause. en fin de match, l’état d’esprit permit néanmoins d’arracher le nul (2-2, 12e j., 31 octobre). Ce refus de la défaite et un investissement dans le jeu des entrants supérieur à celui du début de saison est palpable. Là aussi, Rennes a progressé. Au-delà des chiffres depuis son intronisation il y a huit mois, Bruno Genesio fait à l’évidence un très bon boulot trop souvent injustement passé sous silence et minimisé derrière les performances individuelles de ses joueurs. Non, il n’y a pas toujours besoin de faire des roulades ou les cent pas devant sa zone technique pour être un bon coach, ni d’être assis sur une glacière et surjouer son côté décalé pour réussir des coups tactiques.

Le début des problèmes de « riches » ?


Le plus dur reste néanmoins de confirmer et c’est bien là le défi qui attend le Stade Rennais et son coach en novembre. La défense va mieux, avec des progrès très nets pour Alfred Gomis dans les buts et une défense efficace autour de Nayef Aguerd, buteur, de nouveau inspiré défensivement et toujours aussi fort offensivement sur coups de pied arrêtés. L’émergence de Warmed Omari, qui a provisoirement envoyé Loïc Badé et ses 18 M€ de transfert sur le banc, est intéressante et demande confirmation, notamment avec la prochaine CAN qui devrait priver le SRFC de son international marocain. Ce choix démontre là aussi le caractère d’un entraîneur n’ayant pas peur de faire des choix forts, à l’image également de celui, depuis un mois, de Jonas Martin en titulaire à la place de Baptiste Santamaria, lui aussi acheté cet été à Fribourg pour 14 M€, au milieu de terrain aux côtés de Flavien Tait. Une concurrence saine et visant à faire progresser chacun, sans exclure personne ni offrir de passe-droit. Le retour et les premières passes soyeuses de Lovro Majer donnent une nouvelle arme sur le plan offensif, demandant confirmation. Si Benjamin Bourigeaud reste le taulier précieux, phare de la formation bretonne, les fulgurances et le talent insolent de Kamaldeen Sulemana, encore en quête de régularité, affolent toutes les défenses de L1 et sont une menace permanente pour quiconque croise sa route. Son acolyte Jérémy Doku, très bientôt de retour, risque d’avoir une faim de ballon, le tout pour alimenter un duo ultra efficace et complémentaire, avec Gaëtan Laborde et Martin Terrier, déjà 9 buts à eux deux toutes compétitions confondues. Les quatre joueurs pourront-ils être alignés en même temps ? L’équilibre collectif serait-il alors trop affaibli, au détriment d’un spectacle potentiellement à ne pas rater ?


Avec Lyon, Montpellier puis Vitesse à la maison, le Roazhon Park va vibrer trois fois d’affilée avec l’envie de ne vivre que de victoires et d’émotions. Viendra ensuite un derby à Lorient jamais simple, puis la réception de Lille, champion sur un fil. Avec ces cinq rencontres, le plus compliqué restera de contenter tout le monde en temps de jeu tout en gardant solidité, efficacité et plaisir. Le début des problèmes de riches ? Un peu, car Rennes, au complet, dispose sur la partie milieu de terrain-attaque d’un effectif très fourni où les minutes de jeu valent cher et les choix seront difficiles ! Reste à ne pas se tromper tout en continuant d’offrir points et spectacle. Tous tournés vers le même objectif, l’Europe, les joueurs savent que la saison est encore longue et que chacun aura voix au chapitre. Dernier absent de taille, que l’on espère retrouver avant la fin de l’année, le RCK, muet et invisible depuis l’affaire de la bâche et pour le moment en sommeil. si les résultats, malgré son absence, ont suivi, son apport indéniable et son cœur à l’ouvrage nous manquent à tous, des suiveurs du club aux joueurs. Là aussi, la fin de l’année, devrait offrir des réponses sur son avenir au sein d’une saison enfin lancée pour de bon, dans laquelle son apport sera essentiel et rapportera encore de précieux points !

*article paru avant la victoire face l’OL