Laura Oblin : « Le groupe est encore en phase de construction »

Bretonne « pur beurre », l’arrière du stade rennais rugby revient avec nous sur cette saison si particulière à deux vitesses pour les joueuses. Départs, remaniements mais aussi ambitions et saison prochaine, Laura Oblin fait le point !

Les matchs de play-offs s’enchaînent, à huis-clos, mais il n’y a toujours pas victoire au compteur pour les filles du Stade Rennais Rugby. Comment expliques-tu cette situation ?
Nous avons toutes envie de victoires mais l’équipe n’est plus du tout celle du début de saison. Les internationales sont reparties et nous nous retrouvons avec un effectif très jeune. Nous avons un peu l’impression de commencer une deuxième saison avec, presque, des nouvelles joueuses. Le groupe est en phase de construction pour les années à venir.

Ta place a également changé au cours de cette saison dans la hiérarchie des arrières ?
C’est vrai. L’année dernière, je jouais essentiellement avec l’Elite et j’avais envie de continuer sur ma lancée mais avec l’arrivée des internationales en début de saison, j’ai eu plus de mal à faire ma place. Je m’entraînais avec l’Elite et je jouais le week-end avec la Fédérale mais les cartes ont été redistribuées et je retrouve peu à peu ma place dans l’effectif Elite. Grâce à cela, j’ai pu prendre confiance en moi. Mais au-delà de ça, je prends du plaisir sur les terrains. Je me sens bien à ce niveau Plus le niveau est élevé, plus on peut progresser.

Que t’as apporté le fait de pouvoir évoluer aux côtés de joueuses de renommée mondiale ?
Beaucoup de choses, à tous les niveaux et ce n’est pas fini, nous comptons sur elles quand elles reviendront ! Elles permettent de progresser sur plan tactique, technique mais aussi mental. Elles voient et sentent des choses sur le terrain beaucoup plus rapidement que nous. Forcément, c’est enrichissant pour chaque joueuse du club d’une manière ou d’une autre.

« LE RUGBY FÉMININ RENNAIS À SA PLACE AU PLUS HAUT NIVEAU »

Cette saison a été quelque peu hachée et beaucoup d’éléments sont à prendre en compte pour juger les résultats de l’équipe. Est-ce aussi ton avis ?
Nous avons commencé en septembre avec beaucoup de joueuses de qualité et avec une équipe de fou ! Hélas, avec le contexte sanitaire, les étrangères ont dû repartir et aujourd’hui nos résultats ne reflètent plus le niveau que nous avions pu avoir sur le début de saison. De jeunes joueuses de Fédérale ont pu monter en équipe Elite, et Vincent est très content de la jeunesse, des perspectives que cela ouvre mais les résultats ne peuvent pas être aussi bons qu’en septembre. Néanmoins, il y a beaucoup de points positifs, de signaux encourageants. Il faut laisser le temps à ce groupe de grandir.
Quelles sont tes ambitions dans le rugby ?
J’aimerais gagner le championnat de France et même y parvenir avec Rennes. Ce serait l’idéal pour pouvoir montrer à tous que le rugby féminin rennais à sa place au plus haut niveau national.

Tu as aussi eu la chance il y a quelques années d’être appelé en équipe de France à VII…
Oui, pour les Jeux Olympiques de la jeunesse en 2018, j’étais réserviste. J’ai pu participer aux stages de préparation mais c’est toujours un peu frustrant de ne pas aller plus loin. Je garde dans un coin de ma tête ce rêve de retrouver, un jour, l’équipe de France.

En dehors des terrains, tu es étudiante. Dans quel domaine ?
Je suis en Licence 2 de STAPS éducation et motricité avec l’objectif de devenir prof de sport. J’arrive à suivre le cursus normal avec le rugby. Il faut savoir s’organiser mais quand j’étais au lycée, je faisais partie du pôle donc j’ai déjà pu m’habituer à ce rythme. Je me suis toujours dit que l’organisation est à la base de toute réussite. J’aurais pu avoir un aménagement de mes études mais je n’ai pas voulu car cela m’aurait ajouté trois ans en plus, alors je suis sur tous les fronts.

Comment es-tu arrivée dans le monde du rugby ?
Tout est parti d’une initiation quand j’étais en CP, à Melesse. J’ai rejoint le club de la commune. Personne n’en faisait dans ma famille mais je me suis lancée. Il était donc logique pour moi de rejoindre le Stade Rennais puis après j’ai intégré le Pole. Je suis Bretonne donc j’essaye de rester à Rennes mais après mes études, je ne sais pas ce qui m’attend. Je verrais bien en temps voulu.

L’évolution du rugby féminin te plaitelle ? Que faut-il encore améliorer ?
Je trouve qu’il est beaucoup plus médiatisé qu’il y a quelques années en arrière mais il reste encore beaucoup de préjugés. Le rugby est vu comme un sport de « bourrins » mais il a beaucoup évolué. Ce n’est plus ce sport de brutes, il y a de belles actions, du jeu, de la vitesse. Je pense qu’aujourd’hui, nous sommes toujours dans le combat, le contact, oui, ça, c’est évident, mais il y a beaucoup d’évitements. Nous travaillons beaucoup sur les points de fixation et le porteur de balle peut parfois parcourir quelques mètres sans être touché. Nous avons la chance que le rugby féminin soit beaucoup plus mis en avant avec les bons résultats de nos sélections, avec notamment avec la diffusion des compétitions sur les chaînes publiques. C’est un vrai plus pour l’évolution de notre sport.