Dans notre numéro de ce mois-ci, le coach rennais revient sur ses inspirations, son parcours et ses ambitions. Retrouvez le début d’un long entretien, à retrouver sur notre édition papier et téléchargeable en ligne (ici).
Qu’il soit assis face à nous en conférence de presse ou au bout du fil en plein confinement, Julien Stéphan n’en demeure pas moins un interlocuteur passionnant. Nous avons ainsi eu le privilège d’un long échange sur sa vision du jeu, le métier d’entraîneur et sur son histoire d’amour avec la Bretagne. Avec lui, le Stade Rennais ne sait peut-être pas encore jusqu’où il peut aller mais sait déjà̀ qu’il peut aller très loin.
Tu fais partie des entraîneurs dits de la nouvelle vague. Comment te définirais-tu ?
Ce n’est pas évident de parler de soi ainsi, mais je parlerais de moi comme de quelqu’un qui est passionné, travailleur et le plus honnête possible intellectuellement avec mes collaborateurs, avec mes joueurs ou auprès de l’environnement direct de mon métier. D’ autres seront peut-être plus habiletés que moi à répondre à cette question, où à mettre en avant mes qualités ou défauts.
Tu es né à Rennes et entraîne aujourd’hui l’équipe de ta « ville ». Cela doit avoir une saveur bien particulière ?
C’est certain, oui, d’autant que j’ai un fort attachement à la Bretagne. Mes grands-parents, mes parents sont bretons, j’aime cette culture, l’ambiance de la région et de Rennes également, bien entendu. Je me suis toujours identifié à cette terre mais pour autant, jamais je ne me serai imaginer entraîner le Stade Rennais. C’est une grande fierté́ et cela décuple ma motivation. J’ai une grande volonté́ de réussir ici.
Étais-tu, plus jeune, supporter du Stade Rennais ?
Je vais répondre sincèrement, je n’ai jamais été supporter ni de Rennes, ni d’un autre club. J’ai toujours aimé regarder du foot, beaucoup de foot. La Ligue 1, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, j’ai toujours été passionné par notre sport. De l’affect, oui, il y en a toujours un peu, selon les périodes mais pas d’appartenance à un club.
Tu dis ne jamais avoir imaginé́ être l’entraîneur des « Rouge et Noir ». Cela te paraissait inaccessible ?
J’imaginais deux parcours avant de prendre une équipe première. D’ abord devenir adjoint d’un entraîneur en ligue 1,apprendre à ses côtés, continuer à progresser et m’intégrer peu à peu dans ce monde totalement différent de celui de la formation, dont je suis issu. C’est pour cela que j’étais intéressé́ pour rejoindre Monaco en tant qu’adjoint. Cette proposition arrivait à un moment où j’avais l’envie d’un changement, de nouveauté. Ça ne s’est pas fait avec la suite que l’on sait. Ensuite, l’autre voie imaginée était d’aller entraîner un jour une équipe de National ou de Ligue 2 pour y faire mes armes. Le destin a fait que les choses se sont passées autrement.
A Lorient, où tu travaillais à la formation, puis à Rennes, tu as côtoyé́ Christian Gourcuff, lui aussi passionné de jeu, de projet sur le long terme et breton. Qu’as-tu appris de lui ?
Christian est un homme très intelligent, humain, qui écoute et comprends les choses, on ressent tout cela très vite avec lui. Il a de très grandes connaissances sur le jeu, le football et les hommes. C’est sa passion, il maitrise et j’ai énormément appris à ses côtés. J’ai eu la chance de l’observer au bord du terrain, dans ses discours, dans les bureaux également, où nous pouvions longuement échanger. Ce fut un plaisir et un enrichissement permanent. Aujourd’hui, de par nos emplois du temps respectifs, nous ne sommes plus en contact régulier mais c’est toujours un plaisir de se recroiser.
» J’AVOUE ADORER LA PERSONNALITÉ DE JÜRGEN KLOPP «
Quelles sont tes inspirations en tant que coach ?
Je pense que chaque entraîneur porte un style de management, de personnalité́ et que tous ont quelque chose à offrir et apprendre les uns des autres. Après, s’il faut en nommer certains, j’avoue adorer la personnalité́ de Jürgen Klopp. Ce qu’il se dégage de sa gestion humaine, de ses systèmes de jeu me plait beaucoup, tant dans la générosité́, l’intelligence de ce qui est mis en place. J’apprécie beaucoup aussi la force et le calme combinés de Carlo Ancelotti, qui dégage quelque chose de très fort. Je suis enfin impressionné par Julian Nagelsmann, à Leipzig, qui réalise des choses incroyables pour son âge. Certains le taxe parfois d’arrogance mais performer aussi jeune sur un poste aussi exposé, nécessite forcément une forte personnalité́ et beaucoup d’assurance, pouvant parfois être prise pour de la prétention.
Pas de Guardiola ou Mourinho dans tes inspirations ?
Il y en a beaucoup, et bien entendu, ces deux-là font partie des meilleurs. Guardiola, c’est un génie, tout simplement exceptionnel. Il a une vision et une conception tactique du jeu tout bonnement incroyable, a gagné́ de multiples titres avec Manchester City même s’il n’a pas eu la Ligue des Champions. Il l’a gagnée avec Barcelone et a tant apporté au football. Ça joue toujours superbement bien, tout est parfaitement mis en place, c’est évidemment une référence. José Mourinho lui, n’a sans doute pas le meilleur effectif d’Angleterre aujourd’hui mais reste aussi un très grand entraîneur, une personnalité́ à part.
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