Vincent Simonneaux : «  Le Stade Rennais n’a rien volé !  »

Il est un incontournable de la communauté « Rouge et Noir ». Aux commandes de Pleine Lucarne, chaque lundi sur TV Rennes, il fait et défait l’actualité du SRFC avec ses confrères journalistes rennais devant un public toujours fidèle, qui lui manque en ces semaines au goût si particulier. Entretien sans camera mais non sans passion, entre actualité sanitaire et podium !

Avant toute chose, comment vis-tu la crise sanitaire depuis bientôt un mois et demi ?

Il est hors de question de me plaindre de quoi que ce soit, je suis un vrai privilégié. J’ai la chance de vivre dans une maison, d’avoir un jardin et de pouvoir prendre l’air au bord de l’eau, pas bien loin. Mes enfants vont bien. Je suis surtout très heureux d’être en bonne santé pour le moment, en faisant bien attention aux gestes barrières, à tout ce qu’il faut faire. Je fais partie des personnes exposées, n’étant pas parmi les plus jeunes et ayant quelques kilos en trop. J’ai le bonheur que personne ne soit touché autour de moi, même si dans mon deuxième cercle, certains ont été touché et cela est impressionnant… Je croise les doigts pour que ce fichu virus disparaisse, le plus vite possible…

Habitué au public du Roazhon Park, sur le plateau de Pleine Lucarne ou ailleurs, tu dois être en grand manque de sport, de Stade Rennais ?

Bien sûr ! L’ambiance du stade me manque, les discussions avec les copains, les collègues, l’adrénaline de la compétition. Le parfum n’y est pas et on se rend compte à quel point on est accro quand tout s’arrête. Même des matchs à huis clos, là, je prends ! Niveau professionnel, le plateau me manque même si je vais au bureau tout de même régulièrement et que nous avons réalisé plusieurs numéros de Pleine Lucarne très sympas avec les confrères, grâce aux outils type zoom et autres mais bien sûr, ça n’a pas la même saveur…

Car pas de public…

Evidemment… On s’habitue à certaines têtes, on aime discuter avant, après, être d’accord, pas d’accord. J’aime aussi le petit resto d’après émission avec les collègues, avec cette ambiance que tu connais bien… Des fidèles de Pleine Lucarne nous ont envoyé des messages et sincèrement, ça fait vraiment chaud au cœur. Je profite de cette interview pour leur envoyer toute ma sympathie et du courage en cette période, en espérant qu’ils vont tous bien, j’ai hâte de les retrouver ! Au début, je ressentais presqu’une indécence à parler de choses aussi légère que le foot au moment où le paysage français, dans son ensemble, était très sombre puis petit à petit, ces témoignages m’ont montré que cela faisait du bien aux gens de parler et surtout, de penser un peu à autre chose. Avoir contribué à cela nous a fait du bien à tous, nous a permis de donner un sens positif à nos émissions, nos idées.

Les blagues d’Edouard Reis-Carona, toujours à tes côtés lors des matchs, doivent te manquer… Car avouons-le, c’est aussi pour cela qu’on vient en tribune de presse !

Non, même pas, Edouard n’a pas le temps de manquer puisqu’on se taquine pas mal sur Twitter. Le virus n’aura pas raison d’une amitié de vingt ans comme ça !

La place du journaliste, surtout en locale, est peu mise en avant dans les « premières lignes » au cours d’une crise où il est plus souvent cible d’injures, de défiance ou de mépris. Qu’en penses-tu ?

Il faut dissocier les médias nationaux et locaux, nous ne sommes pas du tout dans la même dynamique ni la même exposition ou rapport au public. Au début, j’avoue que j’épluchais toutes les infos, j’étais sur le fil infos coronavirus de Ouest France ou sur les chaînes infos tous les jours… Au bout d’un moment, je n’en dormais presque plus… Petit à petit, j’ai commencé à espacer mes prises d’information et ça allait mieux. Pour revenir au journalisme en lui-même : les directions ont pris de grosses précautions avant d’envoyer les gens sur le terrain. Pour ma part, je passe un peu de temps dans les bureaux mais je fais assez peu de terrain. Pour deux raisons. D’abord, sont envoyés en priorité,surtout au national, des journalistes plus « jeunes », en pleine forme de l’âge, moins exposés au virus, vous l’aurez remarqué. Ensuite, il faut désormais être au minimum deux pour faire une interview filmée : un qui tient la camera et le second le micro, mais avec une perche, pour respecter les distances imposées. Difficile de faire ça tout seul… Le métier ne sera peut-être plus tout à fait identique dans les mois à venir mais notre devoir reste d’informer sur ce qui se passe près de nous, de donner la parole à ceux qui vivent aussi tout cela. Si nous pouvons envoyer, en plus, des ondes plus positives, ne nous en privons pas…

Du coup, cette défiance par rapport au métier te parait-elle justifiée ?

Je ne la ressens pas ici, en tous cas, pas en local. Au contraire, je dirais que les gens sont reconnaissants du gros travail effectué pour informer, pour guider au mieux chacun dans son quotidien bouleversé. Ouest France a vu ses ventes grimper, les gens sont demandeurs ici et comprennent la difficulté de réussir à informer comme il se doit en ces temps compliqués. De ton côté, dans le sport, tu informes, proposes des interviewes et mags très sympas. Nous sommes tous tournés vers un public qui a besoin de respirer, de penser aussi à autre chose. Le sport fait partie du quotidien de beaucoup de gens, amène du positif, et même s’il n’y a plus de matchs, il y a des choses à dire.

Exactement, notamment du côté du Stade Rennais…

C’est ça qui est dingue, et je me faisais la remarque par rapport aux « Pleine Lucarne » que nous avons fait bien qu’il n’y ait pas de matchs à décortiquer. L’arrivée du nouveau président, le futur directeur sportif, les rumeurs sur Camavinga, Niang, l’arrêt ou pas de la saison… En fait, même sans match, l’actualité continue même si j’ai hâte de sentir de nouveau l’ambiance et l’odeur du Roazhon Park.

Selon toi, le Stade Rennais peut-il conserver Camavinga et Traoré l’été prochain ?

Sincèrement, je pense qu’Eduardo Camavinga a encore du temps devant lui. Il va aller tout en haut, personne n’en doute, il a toutes les qualités pour. Et en plus, il est intelligent, pas impatient. Il sera vendu cher, peut-être même très cher et le Stade Rennais n’a pas besoin aujourd’hui de l’argent du Real Madrid. Alors oui, j’espère qu’il restera comme j’espère qu’Hamari Traoré restera également. Nous n’avons pas vu d’arrière-droit aussi bon depuis 20 ans ici, il a quatre poumons et a progressé à vue d’œil avec Julien Stéphan. Après, on peut comprendre qu’il ait envie d’autre chose après trois ans ici, à 28 ans mais j’espère sincèrement qu’il prolongera encore un peu le plaisir !

La Ligue des Champions après la coupe de France… As-tu eu la même réaction qu’au stade de France il y a un depuis ton jardin ?

Non, non, pas du tout cette fois-ci. Ma satisfaction est mesurée car il y a encore beaucoup d’inconnues avant de savourer la fameuse petite musique. Tour préliminaire, qualification directe ou pas, quand, comment, avec du public ou non… Ce que je sais par contre, et dont je me réjouis, c’est que Rennes est européen une troisième année consécutive et ça, ça veut dire quelque chose. Au pire, ce serait l’Europa Ligue et c’est déjà une très bonne nouvelle ! Cette qualification, les « Rouge et Noir » ne l’ont pas volée et je ne veux pas qu’on qualifie la troisième place rennaise de « podium Covid ». J’aurais aimé que tous les matchs soient joués jusqu’au bout mais c’est ainsi et les trois quarts du championnat avaient été joués. Julien Stéphan et ses joueurs ont fait un très gros boulot, montré du mental à l’image du derby arraché en deux minutes dans les arrêts de jeu, véritable symbole pour les supporters de la saison.Stéphan est un coach incroyable !! Il serait aussi injuste de ne pas associer Olivier Létang à ce succès. Cette « qualif’ » est aussi la sienne et il a eu le mérite d’y croire dès le début, de fixer des objectifs ambitieux à tout le monde. Rennes passe un palier, gagne en régularité et ça, vraiment, je m’en réjouis.

Risques-tu de préférer l’hymne de la Ligue des Champions à celui de la Bretagne ?

J’adore mon hymne breton quand même, restons sérieux mais j’avoue que celui de la Ligue des Champions, au Roazhon Park, quand même, ça risque d’avoir sacrément de la gueule. Après, tu sais, avant que N’Kunku n’envoie son péno dans le ciel, j’étais convaincu que la chance nous tournerait le dos alors les poules de C1, tant que nous n’y sommes pas officiellement, je reste mesuré mais encore bravo au club pour ce classement. Place désormais à la saison prochaine, avec du temps finalement, pour la préparer au mieux. On a évidemment tous hâte d’y être et de s’y retrouver.