Yann Moison : « Je ne croyais pas que ce serait possible… »

Le coach rennais savait son équipe capable d’affronter le nouveau monde qu’est la Fédérale Une. Les résultats lui donnent raison et le bilan à mi-parcours est bon sur le terrain, et au-delà des espérances en dehors. Passionné du rugby breton, il savoure sans se détourner des objectifs dont le principal : confirmer lors de la phase retour et assurer dès que possible le maintien pour la première année dans l’histoire du club à un niveau aussi élevé.

Sportivement, vous occupez la septième place à la trêve, avec une marge appréciable sur le bas de tableau. Etes-vous satisfait de cette première partie de saison ?

Sur le plan comptable, notre première partie de saison est une vraie satisfaction, bien sûr. Nous savons que six équipes devant nous luttent pour la qualification en phase finale et sont à leur place. Nous n’avons pas su les vaincre quand nous les avons reçu, nous sommes donc à notre place. Derrière, il y a la lutte pour le maintien sur laquelle il faut toujours garder un œil, cela peut vite revenir même si comptablement, nous sommes dans les clous. 

La situation vous donne-t-elle envie de regarder plus haut ?

Sincèrement, l’enthousiasme est toujours de mise quand vous êtes plus prêt du haut que du bas de tableau mais il ne faut pas aller trop vite. Comme je viens de le dire, nous n’avons pas réussi à dominer les équipes classées devant nous et cela prouve qu’il nous reste encore des progrès à accomplir. Les joueurs, le public et nous, le staff, avons envie de victoires, nous sommes des compétiteurs mais assumons déjà un bon maintien, dans la sérénité. Si sur les derniers matches, nous avons quelque chose à jouer, nous ne nous en priverons pas. Ce serait la cerise sur le gâteau, surtout pour les joueurs, d’aller chercher de nouvelles phases finales.

« En Fédérale Une, tout va dix fois plus vite ! »

Quels sont les failles et les points négatifs de cette phase aller ? 

Je pense instantanément au match contre Niort, où nous avions déjoué, oublié les fondamentaux comme celui de faire les efforts pour le copain d’à côté. Plus globalement, dans l’animation offensive, nous devons progresser, nous montrer moins impatients par moment et faire preuve de plus de justesse, dans le jeu en ligne par exemple. L’an passé, quand nous passions la ligne, nous allions à l’essai et à l’inverse, quand nous étions transpercés, nous arrivions à rattraper et à défendre. En F1, c’est une toute autre histoire. Contre Dax, au retour, ils ont passé la ligne trois fois pour trois essais ! Chaque erreur d’appréciation et de justesse se paie cash à ce niveau. Et c’est aussi ce qui en fait le charme. Tout va dix fois plus vite, tant dans la vitesse que la précision. 

A quoi attribuez-vous ces manques ?

Il y a une addition de petites choses mais essentiellement au manque d’automatismes, tout simplement. Le groupe a été chamboulé, avec l’arrivée de nombreux joueurs et un effectif passé de 32 à 42 joueurs, ce n’est pas rien. Beaucoup de postes fonctionnent par paires et nécessitent des ajustements, des automatismes, qui viennent avec le temps et la répétition des matchs. Pour performer, nous devons être tous à 100 % en même temps, ce qui n’est pas toujours simple. Le projet de jeu est sur le long terme, il faut bien une année je pense, sans exagération, pour avoir un groupe se connaissant parfaitement sur le terrain, sur des ses automatismes. Nous sommes toujours en construction. 

A l’inverse, quelles sont vos belles satisfactions ?

Sans hésitation l’état d’esprit, il est excellent. J’ai un groupe de combattants, qui ont l’envie de progresser, de travailler la semaine et qui donnent tout en match, ne trichent pas. Même acculé sur la ligne, on ne cède que rarement, à l’image du match face à Nantes où les gars ont tenu à 13 contre 15 pendant de longues minutes. Cela est révélateur d’un état d’esprit indispensable pour performer en F1. La jeunesse est aussi un motif de satisfaction. Aujourd’hui, nous avons 13 joueurs de moins de 23 ans, bien encadrés par les plus anciens et les recrues. L’amalgame de tout ce petit monde est bon, je n’ai aucune déception et désagrément sur les attitudes, les hommes qui composent ce groupe.

« Nous sommes au contact du haut niveau, croisons des clubs historiques ! »

Hors terrain, le REC semble grandir à vue d’œil, semaines après semaines. Une petite révolution, en quelque sorte ?

Vous savez, je connais le club depuis plus de 20 ans, j’y avais déjà entraîné en 1996. Ce que Jean-Marc Trihan réalise depuis trois ans, je ne croyais pas que ce serait possible !  Les partenaires sont de plus en plus nombreux, nous avons désormais un espace pour les recevoir et la tribune est aux trois quarts pleine à chaque match, voire complète pour les grosses affiches ! Vraiment, c’est impressionnant, le rugby prend sa place à Rennes et le club se structure secteur par secteur. Jean-Marc est comme ça : il adhère au projet, observe puis place chacun au bon endroit. Tant que nous fonctionnerons ainsi, le staff et lui, ainsi que le bureau, cela donne envie de continuer de grandir.

Justement, comment voyez-vous votre avenir et celui du club pour 2019 et après ?

Dans un premier temps, sportivement, nous souhaitons obtenir un maintien confortable, qui serait la juste récompense du travail et des efforts consentis. Sur le plan personnel, je n’avais jamais connu ce niveau, après 20 ans de F2 et F3. Je me régale, le niveau est fabuleux avec des mêlées serrées comme on peut en avoir aux niveaux du dessus, un jeu rapide, de la compétitivité partout. Nous sommes au contact du haut niveau, on croise des joueurs qui ont évolué plus haut mais aussi, des clubs historiques ! Ce n’est pas rien et c’est vraiment épanouissant pour tout le monde. J’ai l’envie de poursuivre encore cette belle aventure aux côtés de Kévin, Yoan, notre préparateur physique et Sandrine, mais aussi tous les autres membres du staff et du club. 

Recueilli par Julien Bouguerra