Extrait JRS59- Rugby – Jorge Gonzalez : Ici, il y a encore beaucoup de choses à construire et c’est ce qui me plait 

Le tout frais manager général du REC Rugby est à l’image du joueur qu’il fut. Déterminé, droit dans ses bottes et désireux d’avancer, Jorge Gonzalez, dit « Gonzo » pour les initiés du REC Rugby, sait où il va et surtout, où il souhaite accompagner le REC Rugby. Car non, tout ne se joue pas seulement sur le terrain ! Entretien passionnant avec le plus breton des Argentins du REC !

Lorsque tu es en bord de terrain ou en tribunes, au Vélodrome, le terrain, au niveau qui est désormais celui du REC, le National, te manque-t-il ?

Non, pour moi c’est bel et bien fini. Si une chose me manque, c’est le vestiaire, les copains, cette adrénaline qu’il y a au moment de rentrer dedans, de se battre pour les coéquipiers, le maillot mais la compétition, l’entraînement et tout cela, ça ne me manque pas du tout. J’ai de toute façon bien trop de choses à penser les jours de matchs pour être nostalgique.

Tu es le Manager général du club. Quelles sont tes missions et tes prérogatives ?

Je dois être un relai entre le président Jean-Marc Trihan et chacun des pôles composant le club, et donner l’impulsion sur les grandes directions à suivre. Mes missions, en collaboration avec les dirigeants, sont de bâtir un projet de structuration, de diriger et coordonner les différents pôles du club ; sportif, administratif, commercial, travailler avec les bénévoles. Ma fiche de poste est ainsi multiple, je dois être présent sur l’administratif, la logistique et aussi le commerce où j’ai encore beaucoup de liens avec les partenaires.

«  Plus nous serons précis sur les détails du quotidien, plus nous performerons »

Dans l’ordre, quel est ton rôle sur le plan du sportif ?

Je travaille directement avec le staff et notamment Kévin Courties, le manager sportif. Jamais je ne me permets de donner un avis tactique sur les choix du staff. Si on me demande mon avis, je le donne et c’est tout. J’interviens en revanche en amont de la saison, pour la construction de l’effectif. Je peux conseiller un joueur, de par mes connaissances mais surtout, je participe aux réunions de travail et aux entretiens avec Jean-Marc et Kévin face aux joueurs. C’est important que nous soyons en concertation pour faire les meilleurs choix possibles, que ce soit sur le plan financier mais surtout, sur le plan humain.

L’arrivée de nombreux joueurs argentins cette saison est-elle de ton fait ?

Non, pas forcément. Pour Carlos Muzzio, que j’ai connu dans ma carrière, le fait que nous soyons amis à forcément permis d’engager un bon dialogue. Pour Pedro Soto par exemple, nous l’avons affronté l’an passé et il n’y a pas eu besoin de moi pour être convaincu. Le fait que je sois argentin peut aider à l’adaptation, mais ce n’est pas la raison de l’arrivée de ces joueurs. Nous raisonnons surtout sur les possibilités financières, sportives et le cadre que l’on offre à ces nouveaux joueurs dont on attend surtout une adhésion au projet collectif, sur et en dehors du terrain.

Sur le plan administratif et commercial, comment se décompose ton rôle ?

Je travaille avec Eliane Omnès sur  la partie comptabilité et Magali Legendre sur l’administrative. Nous devions être réactifs pour régler les problématiques du quotidien. Je veille à  tous les impératifs du quotidien pour que les joueurs puissent se sentir libérés au quotidien. Trouver l’appartement, résoudre des soucis pour les nouveaux, que ce soit internet ou autre. Plus nous serons précis sur ces détails-là, plus nous pourrons performer.  J’ai aussi en charge pour l’équipe Une, l’organisation des déplacements, nous avons externalisé la gestion des réservations hôtel et transport. Pour le commerce, dont je m’occupais jusque-là, Melvin Chollet est arrivé au club et travaille sur l’ajout de nouveaux partenaires tandis que Yannig Escoffier est là depuis beaucoup plus longtemps. Il travaille aussi sur la recherche et la fidélisation des partenaires mais aussi, l’organisation et l’événementiel des rendez-vous avec eux. Nous bossons en étroite collaboration et je mets encore la main à la pâte ! Il y a également Jean Lesacher qui est responsable communication et désormais salarié.

C’est d’ailleurs par le commerce qu’a démarrée ta reconversion !

Tout à fait. Quand j’ai rejoint le REC en provenance de La Baule, en 2017, je suis venu comme joueur avec l’objectif de faire monter l’équipe en Fédérale Une, avec le double projet de m’occuper du développement de la partie commerciale. C’est Denis Liébault, que j’ai connu à Saint-Nazaire lors de mes années à Vannes, qui m’avait convaincu qu’au vu de mes capacités à négocier mes contrats, je pourrais être un bon commercial ! J’ai appris ensuite sur le terrain et découvert un métier où j’aime le contact humain, la rencontre avec des hommes et des femmes à la tête de projets professionnels tous aussi passionnants les uns que les autres.

Le côté ancien joueur du club te donne-t-il un avantage pour convaincre les entreprises de devenir partenaires ?

Ça joue forcément, c’est certain. Ceux qui venaient déjà voir les matchs m’ont vu sur le terrain, me connaissaient et si nous parlons rugby, forcément, ça rend le dialogue très sympa, porté plus sur le sport que sur la négociation, du moins au début. Ensuite, il a fallu apprendre la négociation, c’est un métier exigent. J’ai aussi du perfectionner mon français, notamment à l’écrit. C’est enrichissant et j’en apprends tous les jours.

« Je tirais les rallonges pour les panneaux LED autour du terrain avant d’aller m’échauffer »

Dans le but d’approfondir tes connaissances, tu fais partie de la promotion de Manager Général de club sportif Pro au CDES de  Limoges. Qu’en ressors-tu ?

C’est un véritable privilège de faire partie de ces promotions où l’on peut croiser beaucoup d’anciens sportifs de très haut niveau. Je remercie d’ailleurs le président Trihan d’avoir écrit une sacrée lettre de recommandation pour m’y faire entrer. Être au contact d’anciens sportifs de différents horizons, c’est très enrichissant et cela permet de transposer chacun les problématiques que l’on peut rencontrer. Sur la pratique, il y a l’apprentissage d’une gestion sur tous ces aspects : budget, humain, structurel, logistique. Nos intervenants sont régulièrement d’anciens élèves étant devenus managers et le vécu est au centre de tous les enseignements, ce qui donne encore plus de crédit à ce que l’on peut retenir. Je côtoie dans ma promotion de nombreux sportif ayant réalisé d’immenses carrières tels qu’Olivier Magne, que j’admirais en tant que joueur. Je mets tout en œuvre pour valider mon diplôme.

D’ici là, le REC aura continué de grandir. Le développement du club passe-t-il irrémédiablement par le maintien en National ?

Pour construire un club et surtout, le pérenniser, le résultat sportif est bien entendu une composante importante mais ne doit pas être l’unique, ni la plus importante. Au-delà d’une montée ou d’une descente, un club doit fonctionner sans s’y perdre. L’idée, c’est que staffer chaque partie du club, avec un référent, des moyens humains, de valoriser nos bénévoles et de continuer de développer les infrastructures. Ça ne va forcément jamais assez vite, comme on le souhaiterait, mais les choses avancent, petit à petit. Le pole Ovalie est en cours, des locaux administratifs doivent être mis en place pour nous éviter d’être trop nombreux dans le même bureau à Crubillé. Notre staff est étoffé, le fonctionnement du club se professionnalise de semaine en semaine. Entre le REC de mon arrivée et celui d’aujourd’hui, il y a quand même eu beaucoup d’évolutions.

C’est-à-dire ?

A mon arrivée, je tirais les rallonges pour les panneaux LED autour du terrain avant d’aller m’échauffer. Désormais, nous avons un Stadium Manager, nos bénévoles et équipes. L’expérience supporter doit être réussie pour fidéliser mais aussi attirer un nouveau public. L’engouement autour de la montée a donné une accélération, mis la lumière sur tout le boulot effectué par l’ensemble du club mais la suite se construit au jour le jour. Que ce soit sur les buvettes, la restauration et l’espace partenaire, à la charge de Clément. C’est comme sur la préparation de chaque match, l’identification de chaque détail, il faut être exigent. C’est ainsi mon rôle d’être au fait et à l’écoute de tout cela.

« Bien sûr ma famille me manque »

L’anticipation est aussi de la partie, qu’il y ait maintien ou non. Cela se décide aussi aujourd’hui ?

Sur la partie gestion sportive. Pour le recrutement, comme je le disais, je participe aux réflexions, je rencontre les joueurs avec Kévin Courties et Jean-Marc Trihan mais je suis aussi dans les négociations pour les prolongations. Nous sommes aujourd’hui dans l’anticipation afin de constituer l’effectif pour les saisons à venir. Sans être fixés sur la division dans laquelle nous évoluerons, nous, et les joueurs également, devons choisir. C’est l’évolution de notre sport, nous le savons et nous y adaptons.

Te voici donc comblé dans cette nouvelle vie ?

C’est énormément de temps passé ici à Rennes, un investissement permanent mais cela en vaut la peine, je m’épanouis pleinement à la construction du projet REC. Nous n’en sommes encore qu’au début et c’est cela qui rend les choses passionnantes. Nous pouvons proposer, innover et cela permet une plus grande liberté que dans un club où tout serait déjà en place. Bien sûr ma femme et mes filles me manquent (la famille de Jorge vit à Guérande, où il s’était installé à son arrivée à La Baule, ndlr) et je veux mettre en avant ma femme pour son soutien tout au long de ma carrière. Je remercie aussi le bureau, qui me fait confiance et travaille dur. Que ce soit le président, Jean-Marc Trihan, mais aussi Catherine Canerot, Pierre-Yves Marion, Franck Calvet, Eric du Mottay ou Olivier Schaupp, ainsi que tous nos partenaires, bénévoles, salariés. Tout le monde est investi autour d’un projet commun et cela donne une énergie dingue. Si en plus, les victoires sur le terrain s’enchaînent, comme l’an passé, ce n’est que du bonheur !

Recueilli par Julien Bouguerra