Rugby- REC : Kévin Courties : « Dimanche, il n’y aura pas besoin de grands discours ! »

Crédit Photo Dominique Deblaise

Parfois tancé, critiqué ou même plus dans la « rugbysphère », Kévin Courties a offert une réponse éblouissante sur le terrain avec son staff et son groupe, en atteignant la finale de Fédérale Une et en validant l’accession en Nationale. Pour le JRS, il livre ses émotions mais aussi ambitions pour la suite.

Kévin, qu’avez-vous ressenti aux alentours de la 75ème minute, alors que le destin de cette demi-finale était scellé et votre remarquable saison ainsi couronnée d’une montée ?

Il y a eu beaucoup de choses qui passent par la tête. Il faut faire le tri, se poser, calmement, savourer, comprendre que c’est bon, qu’on y est. Je me suis assis, j’ai pensé déjà à tous ceux qui m’accompagnent dans mon métier, ma famille, mes proches qui acceptent mon absence à chaque match. J’ai ensuite été remercier les membres de mon staff, un par un. Nous savons tout ce que nous avons fait pour vivre ce moment. Je suis du genre à avoir du mal à desserrer les dents et à ne pas oublier. J’ai eu une petite pensée pour ceux qui n’y ont jamais cru… Je ne suis pas rancunier, je peux être pire mais là, clairement, la place était au partage avec mes gars, une bande de frères comme l’a dit Alexandre Guéroult. Ils ne sont pas toujours faciles à canaliser et à gérer mais ils nous ont donné tant. Nous avons apporté la signature finale au travail démarré il y a six ans.

C’est à dire ?

Ce projet qui arrive à son terme avec la montée, c’est celui porté et installé par Yann Moison, qui voulait inscrire Rennes sur la carte du rugby français. C’est désormais chose faite ! La tradition sud-ouest de notre sport aurait sans doute voulu voir Saint-Jean-de Luz ou Périgueux à notre place mais pour autant, nous sommes respectés et avons saisi notre chance, avec travail, responsabilisation des joueurs, qui se sont totalement approprié ces play-offs. Nous n’avons été hors de la qualif’ qu’en début de match contre Fleurance, quand ils ont été devant au score. Tout le reste du temps, nous étions qualifiés, cela en dit long sur la performance des gars !

Comment avez-vous vécu le déroulement de ce samedi historique ?

Les gars se sont conditionnés au fil de la semaine. Nous sommes rentrés par la petite porte dans ces qualifications mais nous savions que les difficultés rencontrées dans la saison allaient servir ce groupe, qui savait comment réagir face à la difficulté. Ce ne fut pas du tout la même gestion que pour la montée de F2 en F1. Le travail du staff a été réduit, les gars ont pris les choses en mains et nous les avons accompagnés. Ils ont pris leurs responsabilités, nous avons finalisé la stratégie. L’échauffement était proche de l’autonomie, on a fait quelques réglages à la pause et les grands discours étaient inutiles. Nous avons vu la seconde période livrée et cela en dit long sur ce groupe.

Les mots seront aussi inutiles pour dimanche, avec un bouclier historique à ramener en Bretagne…

Clairement…Que voulez-vous dire avant un moment comme celui-ci ? Les joueurs veulent aller au bout de l’aventure, et écrire la fin avec une victoire, évidemment. Il y a de la pression bien sûr, sinon ce n’est même pas la peine d’y aller. C’est une pression positive, un titre, ça reste et la finale sera probablement une plus grande émotion encore que la qualification et la montée. Nous voulons ce bouclier, histoire de partager encore une fois toutes ces joies avec les partenaires, nos proches, nos dirigeants mais aussi les jeunes de l’équipe de rugby, tout un club qui est avec nous. Cette montée, nous sommes allés la chercher en nous entraînant la moitié de l’année sur un terrain de foot, sans lignes tracées… Ce groupe a quelque chose de fort, très fort en lui et quelque chose à terminer en beauté.

Vous parlez de nouveau projet. En serez-vous quoi qu’il arrive l’an prochain ?

Il faudra bien sûr faire évoluer beaucoup de choses l’année prochaine pour bien figurer dans une division très forte. Je sais que tout le monde travaille déjà en ce sens. De mon côté, comment pourrais-je avoir envie de ne pas continuer ? J’espère garder tout mon staff, poursuivre cette formidable aventure humaine et sportive ensemble, faire grandir le club dans un cadre différent, où les habitudes seront forcément un peu bousculées hors du pré. Côté groupe, nous communiquerons bien assez tôt sur les mouvements mais l’objectif est de ne pas tout bouleverser. Ce n’est pas dans nos habitudes, les partants seront remplacés et il y aura peut-être un peu plus de profondeur mais l’envie est de poursuivre avec ces mecs-là !