Foot- SRFC Extrait JRS 55 : Six questions pour une grande saison

Quelle place pour les jeunes ?

Bruno Genesio l’affirme, tous les postes seront doublés. Entre le recrutement et les jeunes prometteurs, il faudra cependant trouver la bonne combinaison pour allier performance et temps de jeu intéressant. Si Andy Diouf et Loum Tchaouna tendent vers un prêt en Ligue 2, rien n’est acté pour autant, pour eux comme pour les autres formés au club. Dans les potentiels titulaires en devenir, Lesley Ugochukwu et Mathis Abline sont les mieux armés pour frapper à la porte du onze « Rouge et Noir ». Le premier a participé à 22 matchs pour 4 titularisations. Deuxième plus jeune joueur professionnel du SRFC derrière Eduardo Camavinga, le milieu défensif de 18 ans possède un gros potentiel et doit sans doute franchir un cap cette saison pour obtenir plus régulièrement la confiance de son coach. Le départ de Jonas Martin œuvre en ce sens. De son côté, Mathis Abline a fructifié son prêt hivernal au Havre. A l’instar de Lorenz Assignon à Bastia il y a deux ans, le jeune attaquant a eu une place importante dans le dispositif de Paul Le Guen. Titulaire à 14 reprises pour 16 matchs joués, il a scoré 6 fois pour 3 passes décisives. Une arme offensive supplémentaire dont Bruno Genesio ne doit pas se priver. Mathys Tel ? Attaquant puissant et auteur d’un Euro U17 de haute volée, le meilleur buteur de la sélection donne envie d’en voir plus ! Agé de 17 ans, le néo champion d’Europe n’a pour le moment que 89 minutes de jeu sous le maillot Rouge et Noir en équipe première mais déjà, le potentiel pour jouer beaucoup plus. Ses coéquipiers internationaux Désiré Doué (0 minute) et Jeanuel Belocian (12 minutes) sont encore novices ou presque en L1 mais devraient eux aussi entrer dans les rotations l’an prochain. A moins qu’un recrutement plus important que prévu ne vienne contrarier l’essor d’une jeunesse ne demandant qu’à éclore.

Quelles ambitions en l’Europa League ?

Bruno Genesio n’a pas manqué d’annoncer la couleur, en point presse d’après-saison : « L’Europa League est la compétition qui nous correspond le mieux pour l’instant et qui va nous permettre encore de grandir et de nous améliorer. Que ce soit dans l’équipe où le développement du club. » Faire mieux que de figurer sera un objectif concret, avec un plafond de verre pour le moment situé en 8es de finale (Arsenal, Leicester). Si une élimination dès les phases de groupe ne serait pas la bienvenue, le club peut-il voir plus loin ? Probablement chapeau 2, le tirage au sort l’épargnera d’une poule très compliquée et les hommes de Genesio ne doivent rien s’interdire pour continuer de faire vibrer leurs supporters aux quatre coins du vieux continent. Plusieurs vieilles connaissances seront de la partie, comme le Betis Séville, Arsenal ou la Lazio, déjà venus au Roazhon Park depuis 2018. Ajoutez-y l’AS Roma, la Real Sociedad, l’Union Berlin, le SC Fribourg, Braga, Feyenoord et Manchester United et voilà une compétition séduisante et excitante à jouer ! Pour confirmer ses progrès vus notamment face à Leicester la saison passée, Rennes doit passer la vitesse supérieure et, pourquoi pas, prendre le « quart ». Qui sait jusqu’où cela pourra mener, surtout au regard de la finale de cette saison Eintracht Francfort – Glasgow Rangers (1-1 ; 5-4 tab)…

Comment intégrer Jérémy Doku et Kamaldeen Sulemana au onze de départ ?

C’est l’énigme tactique de la saison prochaine. Comment les détonateurs Sulemana et Doku pourront-ils être intégrés à un schéma plutôt rodé qui semble difficile à bouger ? La défense à quatre ayant plutôt fait ses preuves, c’est au milieu qu’il faudra compenser avec un profil box to box tout en puissance afin d’équilibrer la présence des deux feu-follets en même temps, avec pourquoi pas, Lovro Majer en soutien axial de Gaëtan Laborde ou Martin Terrier. Petit hic, les deux joueurs, sur leurs prestations, n’ont pas montré d’énormes capacités défensives et les seuls Benjamin Bourigeaud, s’il reste, et Baptiste Santamaria ne pourront pas tout compenser au milieu. D’autre part, comment sortir aujourd’hui Lovro Majer, autour duquel l’animation est construite, Benjamin Bourigeaud s’il reste, Martin Terrier et même Gaëtan Laborde, probablement requinqué par la trêve, du onze de départ ? S’ils retrouvent 100 % de leurs moyens, les deux joueurs ont largement le niveau pour être titulaires mais devront déjà prouver qu’ils méritent plus de l’être que les héros d’une saison écoulée très aboutie offensivement. Un pari loin d’être gagné.

Faut-il rouvrir les entraînements au public ?

A l’évidence, pour nous, c’est un grand oui, ne serait-ce qu’une fois par semaine si vraiment, la passion et l’amour de la communauté « Rouge et Noir » pour ses héros était si « encombrants » que cela. Si la raison sanitaire semble avoir vécu, même si la prudence reste de mise avec une crise qui n’a cessé de surprendre et de rebondir depuis deux ans et demi, les supporters ont ce besoin, cette envie d’accompagner leurs joueurs, comment c’était encore le cas il y a quelques années… Côté club, on défend le souhait de vouloir travailler, tranquillement, sans regard sur ce qui pourrait se préparer ou se dire en interne. Les réseaux sociaux sont une menace, peut-être, mais menace de quoi ? Le groupe vit bien et même s’il vient parfois à être sous presion, n’est-ce pas là le propre de tout groupe d’individus, quel que soit le milieu ? Si le cas du Stade Rennais n’est pas unique en France, loin s’en faut, cela n’en fait pas une bonne raison pour poursuivre dans une direction éloignant supporters et joueurs… Le lien, le partage et l’ancrage sont les maîtres mots du club, désireux d’afficher fièrement sa culture, son terroir. Cela commence peut-être par un partage plus régulier qui n’a jamais empêché, dans le passé, le club de bien travailler sous les yeux de ses plus fidèles supporters.

Lovro Majer et Martin Terrier vont-ils confirmer ?

Désormais adapté à sa nouvelle région sur le terrain comme à la ville, le milieu de terrain croate est la révélation de la saison côté « Rouge et Noir » et a séduit tout le monde. S’il sera évidemment très attendu sur chaque terrain, son style étant désormais identifié, sa qualité technique restera une problématique des plus difficiles à résoudre pour ses adversaires, souvent réduits à la faute pour l’empêcher d’influer sur le jeu. Si le Stade Rennais parvient à le conserver et ensuite, à l’accompagner encore un peu plus dans sa progression, nous tiendrons-là un joueur XXL qui risque d’affoler les plus grands clubs en juin 2023. A moins que ce ne soit déjà le cas…
Martin Terrier, lui, a déjà connu la Ligue des Champions avec l’OL du temps où les Gones tutoyaient les sommets, il y a désormais un bon bout de temps. Intelligent, le meilleur buteur rennais de la saison sait qu’il doit confirmer cette année pleine pour ambitionner peut-être l’étranger et les Bleus. Ce ne sera pas le plus simple mais la qualité du joueur, son bien-être dans la capitale bretonne et sa relation technique sur le terrain avec Laborde-Majer et Tait ainsi qu’avec Bruno Genesio sont autant de signaux au vert pour une belle confirmation !

Qui pour concurrencer Rennes pour le Top 5 ?

Si le Paris SG est l’ultra-favori à sa succession pour le titre, derrière lui, la lutte s’annonce ouverte et passionnante ! Sur la ligne de départ, les élus de la saison écoulée, évidemment, l’OM et Monaco et le Stade Rennais. Sans grande surprise, ces trois-là seront de la partie pour lutter de nouveau pour accéder à la Ligue des Champions. Nice, où l’avenir sportif demeure nébuleux, et Strasbourg, que l’on imagine difficilement faire aussi bien, avec la possibilité de perdre plusieurs cadres, pourraient bien laisser leur place à deux revanchards passés à côté de leur saison, Lyon et Lille. Avec ces cinq-là, Nice, Strasbourg, Lens et l’habituel invité surprise, les challengers seront sans doute là même si, dans une saison si particulière que celle-ci, avec quatre descentes, aucun match ne sera simple.

Mélanie Durot et Julien Bouguerra