Lenaïg Gonin : « Tous les ans, je me dis que ce sera la dernière, et puis… »

Elle fait partie des plus anciennes du Stade Rennais Rugby et jongle entre sa vie professionnelle et son sport de cœur, le rugby. Partons à la découverte de Lénaïg Gonin sur et hors du terrain ainsi que sur ses ambitions pour la fin de la saison à venir. (Entretien réalisé avant le début des play-offs).

La phase aller vient de se terminer et les premiers matchs des play-offs démarrent de suite. Comment analyses-tu à ce jour la saison et vois-tu les semaines à venir ?

Nous avons été dans une remise en question permanente avec l’attente de savoir si le championnat aller reprendre ou non. Avec un objectif commun : garder notre motivation. Nous avions un très bon groupe en début de saison avec l’arrivée des Canadiennes, qui ont dû repartir à cause du nouveau confinement. Les résultats étaient présents également. Puis il y a eu de nouveau un gros « Stop », qui a cassé la dynamique des matchs. Grâce aux petites visios que nous faisions entre nous, nous avons réussi à rester motivées notamment au moment où nous avons su que le championnat allait reprendre. Maintenant, nous entrons dans une phase de six matchs en huit semaines. On espère qu’il n’y aura pas de blessures. Nous ne sommes pas forcément attendues, sur cette partie-là, car nous allons jouer contre Montpellier, sept fois Champion de France. Il faudra montrer que nous sommes présentes et que le Covid ne nous a pas coupé l’envie mais bien au contraire. Nous serions encore plus fières d’arriver à faire de bons résultats dans cette période. Peut-être que le Coronavirus, nous aura miné le moral mais au moins, nous pourrons nous créer de beaux souvenirs pour le futur.

Comment ton histoire avec le rugby a-t-elle commencé ?

J’ai commencé au lycée pour suivre ma sœur. J’ai tout de suite bien accroché. J’ai débuté par le rugby à 7 parce que nous n’étions pas assez nombreuses. J’ai ensuite fait quelques sélections avec la Bretagne et c’est lors de ces rassemblements qu’un membre du Stade Rennais est venu vers moi. Je me suis laissée séduire par le plus haut niveau et le rugby à 15. Je continuais de jouer avec Brest, d’où je suis originaire, puis avec Rennes aussi. Etant vendeuse chez H&M, à ce moment-là, j’ai demandé ma mutation sur Rennes. Puis il y a un an, j’ai changé de voie pour travailler dans un cabinet d’experts-comptables. Aujourd’hui, mes horaires me permettent d’être plus disponible pour le rugby, je peux faire tous les entraînements de la semaine. C’est un vrai plus !

« Nos jeunes apportent un vent de fraîcheur ! »

Aujourd’hui, penses-tu que le fait que le rugby féminin ne soit pas considéré comme professionnel est un frein pour les jeunes joueuses ?

Clairement, je pense que oui. C’est un vrai casse-tête. Dans mon cas, lorsque j’exerçais mon ancien travail, je devais régulièrement demander à mes collègues d’échanger mes horaires pour partir en déplacement ou pour participer tout simplement aux entraînements. Pour une fille qui chercherait un emploi, il est difficile d’arriver à un entretien et de déballer toutes nos contraintes par rapport à notre sport. Il faudrait que l’on puisse s’entraîner beaucoup plus mais nous n’avons pas toutes les mêmes horaires. Le rugby féminin ne pourra pas se développer davantage si certaines choses ne sont pas changées. Je pense qu’aujourd’hui, certaines filles arrêtent car elles pèsent le pour et le contre. Nous n’avons pas les moyens financiers à ce jour de nous consacrer uniquement au rugby.

Tu en es où toi justement dans ta carrière de rugbywoman ?

Tous les ans, je me dis que ce sera la dernière année et je me relance à chaque fois. Néanmoins, je vois bien que ça commence à devenir compliqué, notamment au niveau de la récupération. Les lendemains de matchs sont plus durs et les contacts aussi. En fin de saison, souvent, je me dis « Allez, c’est bon », et finalement, l’été venu, ça me manque trop. Je râle toujours un peu au moment de démarrer la préparation physique que les coachs nous donnent mais je m’y mets quand même. Pour ce qui concerne cette année, il y a peut-être un effet Covid dans tout cela. Ces derniers mois et semaines,  c’était un peu long. J’ai aussi l’envie d’avoir des enfants, donc il faut bien penser à tous ces paramètres. Je repartirai peut-être pour un an de plus, mais en tout cas, lorsque j’arrêterai, je partirai sereine.

Sereine parce que la relève est bien assurée au Stade Rennais Rugby ? Exactement ! Nous avons une très belle équipe de cadettes. Elles jouent très bien au rugby et apportent un vent de fraîcheur au sein du club. On arrive à se croiser à la fin des entraînements, nous pouvons échanger quelques mots, mais aussi des encouragements. Elles vont très bien reprendre le flambeau, je n’en doute pas et je compte sur elles pour ça !