Mars et ça repart pour le CRMHB ?

Toulouse, Nantes, Tremblay puis Chartres. Trois réceptions, trois adversaires directs, un derby et des points à prendre pour s’épargner une fin de saison chaotique et stressante : le décorum est planté à quelques semaines de Pâques, où les Irréductibles comptent récolter autre chose que des œufs dans le jardin. Ils espèrent qu’ils auront fait un pas décisif vers le maintien.

Retrouver le goût de la victoire. Impérativement. Cela fait plus de trois mois que les Cessonnais n’ont pas célébré dans l’allégresse une fin de match, bras dessus, bras dessous, avec une joie libératrice. La dernière fois, c’était début décembre face à Créteil, sans public, certes, mais avec une libération finale. Un triomphe tardif, ce succès ayant mis du temps à se dessiner. Depuis, entre reports et défaites, le CRMHB a eu le temps de s’enfoncer peu à peu dans le doute. Les têtes sont basses et il n’est absolument pas question de songer à bomber le torse, même si rien n’est perdu, loin de là. Au contraire.

Capables de belles performances, notamment face aux équipes de la première partie du tableau, les joueurs de Sébastien Leriche doivent maintenir le cap et surtout reprendre de l’air – et vite – car la zone rouge se rapproche à grandes enjambées. Le club était bien au chaud, installé à la 11e place, à la trêve, avec il est vrai un classement totalement illisible. La faute à tous les maudits reports. Et il n’a échappé à personne que les coéquipiers d’Igor Anic ont vu leur avance fondre comme neige en Bretagne.

Tremblay a remporté deux matches, Chartres a été capable de gagner à Aix, Istres avance sereinement, avec un très gros bloc, physique, tandis qu’Ivry a repris des couleurs. Objectivement, Cesson n’est pas l’équipe la plus en forme parmi celles identifiées comme devant lutter pour leur maintien. Dans le lot, Créteil n’est guère plus étincelant. Le CRMHB doit gagner – et vite, on le redit –, pas seulement pour gonfler son total de points mais aussi pour remonter la jauge de confiance, aujourd’hui au plus bas. Bien jouer peut réconforter, rivaliser peut rassurer, mais rien ne régénère, ne motive et ne satisfait autant que la victoire. Et ce groupe le mérite, clairement.

Des adversaires pas forcément au mieux

Si le pire adversaire de Cesson reste lui-même, entre démons du passé et défauts actuels, à commencer par une certaine fébrilité dans les moments clés, ceux qui vont se présenter à la Glaz Arena ne sont pas dans une dynamique éblouissante, à l’exception de l’ogre nantais. Le HBC, qui viendra sans états d’âme le 27 mars, pour repartir avec « ses » deux points, enchaîne LSL et Europe. Les forces vives sont de retour. Arracher un point ce jour-là serait une très grosse performance mais la fessée reçue à l’aller, avec une seconde période cataclysmique, incite à la plus grande prudence. Tout en appelant une révolte. Question d’orgueil !

Ce match ne comptera pas moins que les autres mais d’autres priorités apparaissent pour les Bleus et Roses. Toulouse et Chartres, attendus le 20 mars et le 9 avril, doivent repartir bredouilles. Les coéquipiers de Jef Lettens, ancien portier des Irréductibles, vivent une saison très compliquée. L’attelage Coupe d’Europe-Lidl Starligue-matches reportés a plombé toutes les ambitions du Fenix, qui ne semble pas, à ce jour, capable de renaître de ses cendres. Le départ de Ferran Solé a créé un gouffre que ne parviennent pas à combler les nouveaux venus.

Patrice Gardent, qui quittera la Haute-Garonne en fin d’exercice, n’a guère d’alternatives et son discours n’est plus suivi d’actes concrets sur le terrain. Quatre victoires, dix défaites : le bilan est inquiétant et dans ces conditions, Cesson n’aura aucun complexe à nourrir.

Le 4 avril, place à un déplacement à Tremblay. Attention, piège ! Requinqués par deux victoires obtenues en 2021, dont une face à Limoges (s’il vous plaît), les Jaunes et Noirs vont beaucoup mieux. Là aussi, on trouvera un ancien gardien cessonnais face aux Irréductibles en la personne de Rubens Pierre, monstrueux face aux Limougeauds. Pour passer une bonne soirée, le CRMHB doit faire mieux qu’à l’aller (26-26). Les Bretons avaient concédé le nul sur le gong.

Revanche dans l’air, donc. Et surtout, victoire impérative pour reprendre un peu d’avance sur les Tremblaysiens. Jadis largués, ceux-ci reviennent dans la course. Une victoire en banlieue parisienne serait une aubaine, à faire fructifier dès la semaine suivante face à Chartres, attendu le 9 avril à la Glaz. Vainqueurs en Eure-et-Loir à l’aller, les hommes de Sébastien Leriche ont les clés pour dominer une formation qui était attendue plus haut cette saison et qui fait preuve d’une grosse irrégularité. Malmenés en 2021 (1 victoire pour 3 défaites), les joueurs de Toni Gerona seront un concurrent pour le maintien. Une règle à appliquer pour ces matches-là, dits « abordables » ou cochés sur l’agenda : avoir le même appétit et le même esprit libéré que ceux affichés face à Aix, Saint-Raphaël, Montpellier ou Dunkerque. Les points viendront alors d’eux-mêmes.

Des jeunes à mobiliser, des fins de contrat à gérer

Avec l’arrêt officiel des compétitions pour le monde du handball amateur, c’est toute la section hors pros du CRMHB qui voit sa saison interrompue prématurément. Avec tout ce que cela comporte d’inconvénients. Les jeunes régulièrement appelés dans le groupe par Sébastien Leriche depuis le début de l’exercice 2020-21 vont devoir redoubler d’efforts aux entraînements car il n’y aura plus la Nationale 1 pour entretenir la machine. C’était le cas depuis novembre mais le fait que cette situation devienne définitive change forcément la donne. Elle impactera l’utilisation de garçons dont l’avenir devient incertain et dont la progression sera freinée par un temps de jeu nécessairement restreint.

Autre dossier à gérer pour le staff technique et les dirigeants : celui des fins de contrat. Le handball d’aujourd’hui se targue de se distinguer du football et se félicite de ne pas être entré dans le business des transferts payants (officiellement). Pour autant, les mouvements de joueurs d’un club à un autre apportent leur lot de complexité et de controverses. Rok Zaponsek a déjà annoncé qu’il évoluerait en Suisse la saison prochaine, alors que Mathieu Salou jouera lui à Nîmes. Pour ce qui est d’Igor Anic et d’Allan Villeminot, ni le club, ni les joueurs n’ont communiqué sur la suite… Cas concret : que faudra-t-il faire quand le CRMHB affrontera l’USAM Nîmes, par exemple ? Le jeune arrière droit devra-t-il performer autant que possible contre son futur employeur ou devra-t-il lever le pied, en fonction des enjeux pour son club actuel et pour le prochain (sans mettre en cause son professionnalisme et son intégrité) ? S’il permet à Cesson de gagner et écarte Nîmes de l’Europe, sera-t-il toujours autant le bienvenu dans le Gard ? Pas simple.

Au-delà de Cesson, c’est tout un système qui doit être repensé, avec plus de logique mais aussi plus d’éthique, afin d’éviter la suspicion et le malaise. Il y aura de multiples situations rocambolesques en fin de saison, ces cas s’étant multipliés partout en Lidl Starligue. Personne en Bretagne n’a oublié la performance énorme de Robin Cantegrel, qui jouait alors à Pontault-Combault, dans un match au couteau pour le maintien face à Cesson, il y a deux ans. Une prestation XXL de l’ancien Irréductible avait condamné son futur club à la descente… Aurait-il dû jouer ? Aurait-il dû penser à son avenir et à son futur employeur, quand le sort de son équipe de l’époque était scellé à 90 % ?

Pour mettre fin à ce débat, une nouvelle approche de ces périodes de mutations doit être proposée. Dire que cela n’influence pas l’ensemble des résultats d’une journée de championnat ou n’alimente pas l’interrogation et l’interprétation serait mentir. Cette donnée, à Cesson comme ailleurs, pèsera dans le verdict final.