Olivier Perez : « Nous visions la montée dans les deux ans à venir »

Ils ont échoué à un petit point, perdu ici ou là, dans la course aux play-offs. Pour autant, la saison de l’UR Basket 35 est tout sauf un échec, bien au contraire. En pleine croissance, l’équipe de Pascal Thibaud est montée d’une place au classement final et continue de consolider les bases d’un projet très ambitieux, avec un président, Olivier Perez, qui affiche ambition et vision pour son club, à court et long terme. 

Troisième du championnat, quart de finaliste de la coupe de France, une affluence au rendez-vous, votre équipe a régalé. Vous devez être un président heureux ?

Nous avons réussi une belle saison, conforme aux objectifs fixés. La deuxième partie du championnat, notamment, fut parfaitement réussie, avec une vraie qualité de jeu. Sur la phase retour, nous sommes premiers, nous avons offert du spectacle, mis plus de vingt points d’écart aux deux premiers et appuyé notre développement autour de l’équipe, en renforçant les structures. Un garçon comme Philippe Gautier a explosé, comme Lucas Fontaine l’avait fait l’an passé. L’objectif initial n’était pas de jouer les play-offs mais les joueurs, surtout, se prennent au jeu quand ils enchaînent les victoires et finissent tout près. À titre personnel, c’est une des plus belles années que j’ai vécu au club. En coupe de France, nous avons aussi offert un match de folie et passant tout près de la demie, c’est dommage mais l’essentiel est ailleurs.

Où est-il ?

Nous sommes dans une vision de club à terme. L’idée et le projet, qui ont été mis en place l’an passé, sont de structurer le club en y allant étape par étape et de l’installer dans un fonctionnement optimal, au-delà des hommes en place. Il fallait reconstruire l’équipe autour d’un noyau dur issu du club, qui a largement confirmé sa belle saison passée, à savoir Philippe Gautier, Lucas Fontaine et Joffrey Sclear. Ces garçons-là ont muri et sont au cœur du projet, qui est dans les temps et avance bien. Il y a ensuite Pascal et son staff, dont le travail est toujours aussi qualitatif et quantitatif et qui s’inscrit en phase avec l’idée directrice du bureau. Ensuite, les résultats doivent nous permettre d’être dans le premier tiers du classement. Hors parquet, le développement du club dans toutes ses sphères est primordial. Aujourd’hui, on voit parfois des clubs pros au plus haut niveau évoluer avec des conditions de clubs amateur. Je préfère l’inverse, avoir des structures et infrastructures dignes des pros et une équipe à un plus petit niveau. 

Par quelles actions cela passe-t-il ?

Nous avons ouvert une boutique, avec des produits dérivés. C’est une contribution directe à la fidélisation et l’identification au club en dehors du terrain. Sur la communication et le marketing, nous essayons aussi de développer l’image URB tandis que sur le plan des partenaires, nous réfléchissons et travaillons pour améliorer l’accueil, la prestation, le spectacle et l’après-match. Il y a aussi les rencontres URB Business, permettant les échanges au-delà de la salle. C’est tout cet ensemble, avec un fil conducteur commun à tous ces secteurs, qui permet le développement du club à terme. Il faudra aussi faire rayonner les avancées à tous les clubs alentours du basket brétillien. De l’équipe première à la formation dans son ensemble, c’est une vision qui doit permettre à tout le monde d’être gagnant. 

Sportivement, quel objectif fixez-vous à votre staff et vos joueurs ?

C’est assez linéaire. Si l’assise est là, les joueurs n’ont pas de préoccupations en dehors de celle de gagner leurs matchs. À deux ans, nous voulons monter en N1 et cette fois-ci, y rester, ne pas faire l’ascenseur. Nous aurons l’assise pour cela, sur tous les plans. Ensuite, il faudra rester ambitieux et aller découvrir le professionnalisme et la Pro B. Dans dix ans au maximum, Rennes doit avoir son club de basket dans l’élite, c’est un vrai bel objectif, mesuré, raisonnable, qui doit être un fil directeur aux actions à venir et au développement du club.

Pensez-vous Rennes capable d’accueillir une équipe de basket de haut niveau ?

Bien entendu. Si les résultats sont là, nous savons que nous serons suivis, autant par les institutionnels que les partenaires privés. Le basket est très populaire, les jeunes y jouent dans la rue, à l’école, un peu partout, comme pour le foot. La culture basket urbaine peut parfaitement s’insérer au paysage rennais et nous travaillons aussi en ce sens avec URB dans la cité pour apporter notre pierre à l’édifice dans les quartiers, les écoles, aller à la rencontre de notre public et rencontrer ceux qui ne sont pas des habitués des salles. Aujourd’hui, nous sommes l’une des plus grosses affluences de notre championnat, avec une moyenne à 1400 spectateurs. C’est un indicateur très encourageant pour la suite. 

« Un garçon qui arrive doit nous apporter sur et en dehors du parquet »

Avant de parler Pro A, à quoi ressemblera l’équipe l’an prochain ?

Pour le moment, il y a des discussions et réflexions menées avec l’ensemble des joueurs. Le staff demeurera inchangé et Bastien Demeuré, adjoint de Pascal Thibaud, aura en plus de son rôle d’adjoint la charge d’une équipe de jeunes. C’est une évolution logique car il a les qualités pour répondre à ce défi. Pour les joueurs, nous avons quelques certitudes : Philippe Gautier, Lucas Fontaine et Joffrey Sclear seront toujours là. Louis Trohel arrête sa carrière et se tourne vers le métier d’agent. Pour autant, il restera au club dans le cadre du développement des camps d’été pour les jeunes. Saïd Ben Driss, qui a pu reprendre la compétition et qui symbolise à merveille les valeurs du club, sera aussi là. L’idée, c’est de garder 60 à70% de notre effectif, du cœur de notre projet.

Quels sont les profils recherchés pour vous renforcer ?

Il faut toujours amener du sang neuf, régénérer un groupe. Aujourd’hui, il ne s’agit pas pour autant d’empiler les joueurs ou de courir après des mercenaires indifférents au projet et à la culture club. Nous souhaitons des garçons capables de s’inscrire dans le projet, comme le sont depuis deux ans Nikola Djurasovic, Bojan Pelkic, Antoine Pesquerel ou Yanis Tackerboust, et ce, que ce soit sur mais aussi en dehors du terrain, dans des projets et actions diversifiés et notamment URB dans la cité. Un garçon qui signe chez nous doit apporter sur et en dehors du terrain. C’est aussi ça, la vision du club, une sorte de garde-fou qui doit aider à nous préserver de mauvaises surprises.

Financièrement, l’URB termine-t-elle la saison dans le positif ?

Oui, c’est le cas, et peut-être même un peu mieux que cela. Le club a appris du passé, nous sommes aujourd’hui parfaitement en conformité avec les exigences de la Fédération. L’idée est de ne pas dépenser plus que ce que l’on a. J’en profite pour tordre, au passage, le cou à une idée reçu : lors des actions URB dans la Cité, nous contribuons à des actions civiques, sociales ou éducatives, mais en aucun cas, n’en tirons un avantage financier quelconque. Au contraire, ce serait plus une « dépense » pour nous. Il n’y a aucun profit sur ces actions mais des engagements qui nous tiennent à cœur.

Quel est votre regard sur les performances du sport rennais ces dernières semaines ?

Le Stade Rennais a apporté une électricité et a montré comment créer une euphorie autour de lui. Le potentiel-ferveur est là, c’est évident et le public ne demande qu’à s’enflammer ! De plus, les supporters rennais ont été salués et appréciés partout où ils sont allés, faisant la fête, se comportant sportivement sans le moindre débordement et dans le sport d’aujourd’hui, cela compte. Le volley a, lui aussi, réussit une saison pleine et tout cela ne peut que porter notre discipline. 

Le PA Rennes, auteur d’une énorme saison en N3, doit aussi vous ravir ?

Tout à fait, je me réjouis de leurs performances et n’en suit pas étonné car le travail qui y est réalisé est important. Nous connaissons bien Giampiero et le félicitions chaleureusement. Nous sommes ravis de la belle santé de l’équipe et du club. Cela s’inscrit dans la belle année du basket rennais. Ils font évidemment partie de la famille. 

Un dernier mot sur le label Sport Ethic. Où en est-on ?

Nous avançons et continuons de travailler, avec les Fédérations, les Ligues et certains clubs. Aujourd’hui, nous sommes présents dans le rugby, le volley, le basket, le foot, l’athlétisme et le cyclisme. Ce label est un outil qui doit permettre au sport de protéger son écosystème, à commencer par le joueur lui-même. L’idée d’une certaine éthique doit devenir une priorité, quel que soit le sport et le niveau où il est pratiqué.

Recueilli par Julien Bouguerra