Handball, piano, amitiés : Thomas Ruellan est « The Artist » !

Depuis cinq saisons, il occupe le côté droit de la base arrière du CPB Handball où son abnégation et son sens du dévouement collectif font les beaux jours de la formation rennaise. Epanoui au sein d’une belle bande de potes, le colosse natif de Lorient est aussi teigneux sur le terrain que romantique et attaché à ses amis et ses proches en dehors.

Avoir du cœur, c’est une chose, le dire, une autre. Thomas Ruellan, 27 ans, n’est pas du genre à se cacher. Ni face à un piano, instrument qu’il pratique depuis l’enfance, ni pour exprimer son amour à sa famille, comme avec son grand-père maternel, pour qui les bonnes attentions sont nombreuses. À l’image de cette anecdote : « J’avais invité mes grands-parents à venir voir un match à Géniaux. Pour eux, ça fait de la route, depuis le Finistère. Du coup, j’avais préparé une petite surprise pour eux. En entrant sur le terrain, j’avais le numéro 40, l’année de naissance de mon grand-père. Il est féru de hand, analyse mes feuilles de matchs sans avoir vu les rencontres et les débriefe à ma grand-mère qui l’écoute pour lui faire plaisir, entre deux épisodes de Louis La Brocante ! Quand ila vu mon maillot, il était tout fier et ma grand-mère, elle, a écrasé une petite larme.». Aurions-nous affaire à un colosse fleur bleue chez les Verts ? Totalement : « Pour moi, la famille, c’est très important. Avant chaque match, j’appelle ma maman une petite minute à peine. On parle de tout et de rien et au moment de raccrocher, elle me dit toujours : « Bon match, éclate-les ! »  Les deux ou trois fois où je ne l’ai pas eu, nous avons perdu… ». Superstitieux avec ça ?

Hazebrouck, Angers puis Rennes

Arrivé au Cercle en 2012, Thomas Ruellan démarre le hand sur le tard. Comme souvent, il est avant tout victime de ses aînés : « Mon père et mon grand frère faisaient du hand. Moi, j’étais « bouboule » à 5 ans et mes parents m’ont mis au sport. Je ne devrais pas le dire, mais au fond, je ne suis pas un grand sportif mais il a bien fallu s’y mettre. ». D’abord sur les tatamis où Thomas est loin de s’épanouir en essayant le judo : « Je prenais des raclées contre les petites filles de mon âge car je n’aimais pas du tout me battre », puis dans les bassins de natation « où sincèrement, on s’ennuie assez vite à faire des longueurs ». Place donc au handball, sport avec lequel le jeune pianiste accroche au point de rejoindre le pôle de Cesson après avoir fait ses classes à Lanester : « Je garde beaucoup de souvenirs et de potes du Morbihan. Après, il y a eu le pôle. Je me souviens de notre Américain Mayo que l’on prenait avec un flan en dessert avant de monter dans le train avec Léo Le Boulaire et Guillaume Le Cann pour rentrer dans le Morbihan. Il fallait bien manger car en arrivent, il y avait entraînement avec Lanester le vendredi soir après une semaine à Cesson. ». Plutôt convaincant au poste d’arrière droit, Thomas Ruellan tape dans l’œil des formateurs du CRMHB qui décident de l’intégrer au centre de formation. Là-bas, cependant, la marche est trop haute pour rêver de plus : « Forcément, quand tu es là, tu rêves de devenir pro mais sincèrement je n’avais pas le niveau pour ça. J’ai dû faire des bancs en amicaux pour faire le nombre mais voilà. Pour autant, je me disais qu’il y avait quelque chose à faire en D2 ou N1, et pourquoi pas, vivre du hand. ». Avant de quitter la Bretagne, il vit une année en colocation avec « Grandmaric » Guillo, désormais à Nantes après 7 ans passés à Cesson : « Lui, c’est un vrai bon mec, qui aime les animaux de compagnie un peu bizarres. Je suis super heureux pour lui, quel parcours ! Il a toujours bossé. Et le saviez-vous, il assure à la flûte à bec ! ». Non conservé à Cesson, le Lorientais tente d’abord sa chance au CPB mais la place est alors occupée. Franck Prouff décline la candidature,  ce ne sera pas pour cette fois-ci. Hazebrouck se manifeste alors et propose même de l’argent : « Jouer au hand et être payé ? J’ai foncé, j’avais 19 ans et ça passait bien avec le coach, Thierry Micolon. Il m’a donné ma chance et j’en profite pour avoir une pensée pour lui, car il est malheureusement décédé récemment. ». Dans le Nord, en N1, la réussite n’est pour autant pas au rendez-vous et le mal du pays frappe très vite Thomas Ruellan. Retour en Bretagne, puis nouveau départ vers Angers, pour une saison censée se dérouler en D2. Là-bas, pourtant, il cire le banc : « Je n’ai presque pas joué, à regret, mais j’ai au moins beaucoup appris. Cela m’a fixé sur ma réelle envie, qui n’était pas de devenir pro, finalement… Il me manquait quelque chose au quotidien, j’avais besoin de faire autre chose de mes journées, de ne pas penser que hand… J’ai tout fait pour me rapprocher ensuite de Rennes et de ma famille. ». La porte du CPB, restée entre-ouverte, est de nouveau toquée. « Je me souviens parfaitement du moment où tout bascule. Je suis sur le parking du centre Alma, j’appelle Franck Prouff. L’échange est rapide et il me dit OK. J’étais libéré, même un peu ému et enfin dans la vie dont j’avais vraiment envie ! »

Fonceur, charmeur, boudeur

Un nouveau quotidien démarre pour celui qui, entre le centre de formation à Rennes et Angers, a pris le temps de valider un DUT Gestion entreprise et administration et une Licence 3 en Management du sport. À Rennes, l’arrière droit prend ses marques et s’insère dans une « sacrée bande de « gugus » que j’avais déjà croisé par le passé quand j’étais à Cesson, sans les connaître vraiment ! ». Au CPB, Thomas Ruellan se régale sur le terrain et vit un grand nombre d’émotions et de moments forts. Titulaire indiscutable au fil des années, il s’épanouit pleinement et réalise même sa meilleure saison l’an passé. Cette année, un beau parcours en coupe de France peine à écraser des regrets réels d’avoir de nouveau raté les play-offs : « Nous avions l’équipe pour jouer la phase finale mais c’est comme ça, nous avons laissé trop de points en route.  Cela n’a pas attaqué l’amitié du groupe mais tout ne fut pas facile. Nous avons tous nos caractères mais l’envie commune du plaisir de jouer. Sous pression, nous perdons de cela et les résultats s’en sont ressentis. ». Le caractère parlons-en. Sur le terrain, le Morbihannais aime aller au contact, foncer dans son adversaire et en rajouter un peu quand nécessaire : « C’est un peu mon jeu, c’est vrai mais toujours pour aider l’équipe. Je ne suis pas un grand joueur par contre je ne lâche rien. Et j’ai même tendance à être un peu boudeur quand ça ne tourne pas rond. ». Une confession confirmée par les copains, qui peuvent néanmoins compter sur un vrai soldat de la cause cercliste. Parallèlement au jeu, Thomas mène son double projet et a découvert le monde des assurances. D’abord chez Groupama puis désormais au sein des agences de Rennes et Mordelles d’AXA : « Le contact aux autres m’a tout de suite plu. Je propose des solutions individualisées aux particuliers et j’ai aussi découvert l’approche des pros récemment. Je dois cette chance d’avoir intégré ce milieu à Franck Roussel, qui m’avait présenté des gens dans ce milieu qui m’ont offert ma chance ». Un président qui occupe une place à part dans le cœur du numéro 40 cercliste : « Franck, c’est quelqu’un d’incroyablement généreux, et désintéressé. C’est si rare. Je sais tout ce que je lui dois, tout comme ce que je dois à ce club qui est vraiment devenu une deuxième famille. ».  

Après le boulot, le sport et les copains, reste l’amour ! Depuis deux ans, c’est aux côtés de sa Mathilde chérie que s’épanouit l’ancien angevin. En couple, lui-même se qualifie de « canard. Oui, je suis un vrai romantique, je l’avoue. Du style à offrir des fleurs sans raison ou à avoir sa photo en fond d’écran sur le portable. J’assume, c’est mon côté lover. Grâce à elle, j’ai un équilibre entre le hand, le travail et les soirées avec mes coéquipiers, qui terminent rarement de bonne heure. » S’il rentre trop en retard, comptez sur Thomas pour ne pas faire de bruit au moment de trouver un petit coin de canapé mais aussi de ramener un petit cadeau ou de jolies fleurs pour se faire pardonner. « Je suis comme ça… J’ai l’habitude, quand nous sommes en déplacement dans les gares, de jouer du piano, quand il y en a un. J’avoue que reprendre Amélie Poulain fait son petit effet ». Au-delà du hand, Thomas Ruellan est-il vraiment la star cachée du club, aux talents musicaux incroyables ? Non, à l’en croire, un autre est encore au-dessus : « Il y en a un qui se cache mais qui a un talent monstre, c’est Manu Marty. Il joue plutôt bien à la guitare et surtout, il a une voix d’enfer… J’espère qu’on aura bientôt l’occasion de s’offrir un petit duo ! ». L’invitation est lancée !

Julien Bouguerra