Valentin Bouleau n’est plus un « petit jeune » qui apprend…

De retour à Rennes cette saison en doublure de Miguel Tavares, Valentin Bouleau, 23 ans depuis septembre dernier, ronge son frein sur le banc ne pouvant qu’admirer la saison exceptionnelle de Miguel Tavares à son poste. S’il apprend toujours et se régale aux entraînements toute la semaine dans un super groupe, le manque de jeu pèse pour un garçon désormais prêt à devenir numéro 1 quand viendra l’opportunité de l’être.

Il existe deux façons de vivre ou supporter le fait d’être dans l’ombre d’un intouchable légitime dans le sport collectif : s’enrichir tactiquement, techniquement, sur le dépassement de soi et l’humilité ou bien faire la gueule, ruer dans les brancards et aller au clash, sans recul ni respect de l’institution ou d’un groupe. A l’évidence, Valentin Bouleau, 23 ans, est plutôt fait du premier bois, très loin d’avoir une mentalité à la Adrien Rabiot, pour ne citer qu’un exemple consternant venu de la planète foot. Lucide, conscient du niveau de son concurrent à son poste, le deuxième passeur de Rennes Volley 35 accepte bien malgré lui son manque de temps de jeu tout en vivant pleinement et avec le sourire la fabuleuse année de son équipe : « Les observateurs ne voient que les matchs le samedi mais il y a toute une vie et un groupe formidable la semaine. Cela permet de tenir le coup même si l’absence de compétition est, pour la première fois dans ma carrière, dure à vivre. Avant je pouvais me défouler avec la N1, la N2. Maintenant, je suis pro, je ne peux plus jouer avec eux le week-end pour me défouler, être en mode compétition. C’est dur même si j’étais prévenu et que je ne me plains pas. C’est compliqué aussi de me dire que ça y est, à 23 ans, je suis déjà un « vieux » ! »

« Au début, je ne voulais pas jouer au volley ! »

Pas si vieux que ça tout de même, Valentin Bouleau a vu son destin s’écrire avec le volley presque contre son gré ! Fils d’une maman joueuse à Poitiers puis Laval, il ne voulait au départ pas entendre parler de block, réception ou service : « Petit, je jouais au tennis et ne voulait justement pas jouer au volley, sans doute par contradiction avec les parents. J’ai pas mal suivi ma mère dans les différentes salles et à force, ce sport m’a imprégné, presque malgré moi… ». Autour des dix ans, Valentin se prend au jeu et démarre le volley. A 14ans, il faut choisir, avec un sport études de Rezé qui ouvre grand ses portes au jeune mayennais : « Il a fallu arrêter le tennis, ce fut un peu un crève-cœur mais d’un autre côté, j’avais pris gout au jeu et au fait d’être en équipe, avec les copains. Le tennis, c’est moins cool sur ce plan-là. J’y suis allé pour voir et ensuite, tout s’est enchaîné. » La suite le mène à Dinard, où il participe juste comme ça, avec son pote Sacha, aux sélections. Une semaine après, il reçoit une admission pour évoluer au poste de…passeur ! Il fait son année de terminale au pôle tout en évoluant en Nationale 3 avec Laval, où il découvre le niveau senior. « Au départ, en raison d’une croissance tardive, j’étais libéro puis ensuite, j’ai joué en réception poste 4. Je suis devenu passeur à Dinard où j’ai surtout appris à bien m’entraîner, à devenir exigent sur cette partie-là même si je n’envisageais pas d’en faire un métier. » Parallèlement à ses études en STAPS, Valentin Bouleau prend pourtant le chemin du professionnalisme en rejoignant le pôle national de Bordeaux, où ses qualités sont rapidement appréciées et relevées par les Spacers de Toulouse, qui le recrutent. Là-bas, il noue une amitié précieuse avec Dimitri Walgenwitz et grimpe les échelons, s’offrant ses premières apparitions en Ligue A. Une époque formidable : « Toulouse était un club formateur, qui s’appuyait beaucoup sur son centre. J’ai vécu deux années exceptionnelles, avec une ambiance et un groupe comme je n’en ai pas connu ailleurs. Sur le terrain, nous prenions beaucoup de plaisir, sans nous prendre la tête. »  En mai 2015, l’aventure s’arrête pourtant chez les « Jaune » et l’occasion de rejoindre la Bretagne et Rennes se présente. A l’époque, le club est en Ligue B et veut retrouver son lustre et l’élite. Valentin Bouleau entre dans le projet et fonce dans un club « où il allait régulièrement voir des matches plus jeune, depuis Laval ». 

Un avenir en question…

La première saison est idyllique, avec un Rennes Volley 35 qui écrase tout sur son passage. S’il ne joue pas beaucoup, barré par Kert Toobal, « auprès duquel il apprend énormément et s’enrichit au quotidien », il joue avec le centre de formation et le REC en N2 et se régale. En championnat, le RV35 rate la dernière marche lors de la finale pour l’accession. Touchée, l’équipe repart tout de même de plus belle la saison suivante et bien que moins dominatrice, parvient à aller chercher la montée lors de la finale des play-offs face à Cannes, à Coubertin. Un souvenir forcément énorme au moment d’ouvrir le tiroir à souvenirs : « C’était énorme, nous avons vécu un grand moment et le groupe était très plaisant à vivre, équilibré. J’avais peu joué mais suffisamment pour avoir eu la sensation d’avoir participé à l’aventure. » Dans le bon wagon au moment du retour en Ligue A, Valentin Bouleau choisit pourtant de nouveau de faire ses valises, direction le Paris Volley qui le sollicite. Flatté et excité à l’idée de jouer aux côtés de Nuno, un passeur qu’il admirait petit, il n’hésite pas. Du jeu en N1 avec la réserve, des apparitions régulières dans le groupe qui termine la saison régulière troisième, sur le terrain, le succès est total. Dans les coulisses en revanche, le club sombre au fil des semaines et l’avenir des joueurs, qui parviendront à jouer les demi-finales de play-offs, s’obscurcit lui aussi au fil des jours. Devant l’incertitude et la franchise d’un coach lui conseillant de ne pas hésiter à partir en cas de sollicitation, celui-ci répond positivement à la proposition de Nikola Matijasevic de le rapatrier dans la capitale bretonne.  Comme l’an passé, il a devant lui un titulaire incontestable, qui plus est capitaine. Mais le registre du « petit jeune qui apprend » et s’en satisfait pleinement n’est plus celui de l’ancien parisien, qui tout en respectant la hiérarchie et en ne revendiquant rien, assume ses ambitions : « J’arrive à un âge où j’aspire à jouer et l’adrénaline de la compétition me manque. Aujourd’hui, je ne contente plus d’admirer ou d’être content à côté du passeur titulaire, je veux tout donner et tout faire à l’entraînement pour le bousculer, le pousser à se dépasser à l’entraînement. Une saine concurrence qui fait grandir tout le monde et qui doit faire avancer le groupe. L’an prochain ? Une chose est sûre, j’ai envie de jouer, pourquoi pas comme titulaire là où on me fera confiance pour cela. Rester à Rennes, partir, il est trop tôt pour se prononcer. Nous vivons une superbe saison et j’y prends beaucoup de plaisir. J’ai aussi une licence de droit à valider cette année et je compte bien le faire. Pour le reste nous verrons en temps voulu. ». Désormais pro depuis un an, bientôt titulaire d’une licence en STAPS et souhaitons lui, bientôt, d’une licence en droit, Valentin Bouleau a suffisamment appris et veut désormais passer aux travaux pratiques. Avec un titre de champion en plus au palmarès dans quelques mois : « Il y a encore du boulot mais j’espère que nous finirons le plus haut possible. ».

Julien Bouguerra